CHAPITRE 5

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Disponible le 31 juillet aux Editions Addictives


Léonard


Déjà une heure que j'ai feint une soudaine envie de me mettre à jour concernant les affaires du royaume. Si mon père était sceptique, au départ, à cause de mon état très instable et de mes migraines à répétition, il a tout de même partagé ce qu'il jugeait nécessaire en me donnant des dossiers relatant les décisions importantes prises ces derniers mois. Mon objectif n'était pourtant pas de me plonger dans ce travail rébarbatif de lecture et de prise de connaissances, mais d'attendre le bon moment pour me retrouver seul dans son bureau.


J'expire de soulagement quand il quitte la pièce, pour se rendre à un rendez-vous, et m'étire. J'ai enfin le champ libre et compte bien l'utiliser à bon escient. S'il y a un endroit où je peux trouver une information intéressante ou un indice sur ma vie d'avant, c'est ici, dans les documents du roi.


Un article, une photo, une lettre, n'importe quoi, du moment que ça fait remonter des souvenirs.


Je me lève prudemment pour ne pas provoquer un vertige, et frotte mes tempes douloureuses. Ce que mon père craignait est bien arrivé, j'ai mal à la tête de m'être concentré sur ces bouts de papier. Je jette un coup d'œil dans la salle adjacente pour vérifier que je suis toujours seul et m'avance jusqu'aux premiers tiroirs. Tout est rangé par lieu et secteur, et je mets un temps monstre à mettre la main sur un dossier pertinent. Je l'ouvre, le feuillette, puis le repose fébrilement avant d'en prendre un nouveau. Quand je me rends compte que je ne tirerai rien de ce tiroir, je m'attelle à en fouiller un autre. Je me suis tout juste accroupi que je sursaute en me redressant, une main contre le torse et l'autre sur le meuble pour me stabiliser, lorsqu'une ombre se matérialise dans mon champ de vision.


Il n'y a pas plus suspect, comme réaction, et je me maudis intérieurement. Deux iris noirs me fixent, de l'autre côté de la pièce.


– Vous semblez surpris, Votre Altesse.

 J'ignore la remarque de Nine, tout comme la chaleur que provoque sa voix sourde dans mon estomac. Je déduis de sa présence qu'il vient de remplacer Rock et qu'il vérifie que je n'ai pas échappé à la surveillance de son collègue. Forcément pile au moment où je voulais fouiller, il faut que ce soit son tour de garde ! Je lui glisse un regard sévère et ouvre les portes d'une armoire à ma hauteur. Après tout, je suis dans le bureau de mon père, il n'est pas censé savoir que je fourre mon nez sans qu'il l'ait approuvé.


– Personne ne vous a autorisé à entrer, déclaré-je, irrité.

 Ma tête bourdonne et je peine à rester de marbre. Sa présence vient subitement d'alourdir l'air.

– Et quelque chose me dit que vos recherches ne le sont pas plus.


D'un mouvement de menton hautain, j'inspecte les dossiers devant moi, méprisant ouvertement – mais sans aucun succès, je dois bien me l'avouer – sa présence. J'aperçois son corps droit dans le coin de la pièce et ressens son attention rivée sur ma nuque. Je ne sais pas si c'est de le savoir derrière moi ou simplement de ne plus être seul ici, mais je ne réussis plus à me concentrer sur ma quête.


Agacé, je ferme la porte en bois du meuble et fais face à l'agent. Il faut qu'il s'en aille !

– Que faites-vous ici ?

ROYAL BODYGUARD [Aux Éditions Addictives]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant