Déesse du temps

Prologue

   « J’entre dans une énorme salle, pleine de monde. Les regards se tournent tous vers moi. Ils essayent de me cerner. Je le sens. Ils croient que je suis responsable. Mais je jure que je n’ai absolument rien avoir avec elle. J’avance lentement vers le centre de la salle, laissant derrière moi un océan de visages haineux. Je fais signe à l’orchestre de se taire. Alors je prends la parole. Ma voix s’élève, puissante et confiante. Puis les démons se déchaînent, m’enlevant l’usage de la parole. Je tombe à genoux. J’essaye alors de me relever, sans résultat. Je ferme donc les yeux et sombre dans les abysses... »

   Je me réveille, des larmes dégoulinant  sur mes joues et le front moite de sueur. Dans un soupir, je regarde l’heure et m’essuie rapidement les yeux. 6h30. C’est donc l’heure de me lever. Pour une fois, ce rêve ne m’a pas réveillé au beau milieu de la nuit. Je le fais souvent ces temps-ci. Il surgit comme ça. J’ai très mal à la tête d’ailleurs.

   J’ai une forte envie de me rendormir. Je grogne en plongeant ma tête dans mon oreiller à l’effigie de stitch. C’est mon personnage préféré Disney. Quel rapport ? Aucun. Bon allez. De toute façon, je n’ai pas le choix. Je dois aller travailler. Un sourire naît sur mes lèvres. Aujourd’hui, je vais visiter Versailles avec mes élèves. L’excitation gagne mon corps à cette seule pensée. Je me perds dans les décors d’antan, dans les somptueuses robes des dames, des jeunes hommes galants…

   Mon chat grimpe sur mon lit et me regarde rêver. Mais un chat reste un chat, et quand il a faim, il le fait bien comprendre !

   «  Miaou !
- Oh. Je ne t’avais pas vu. Tu as faim ?
- Miaaoouuu !
- Ok ok j’ai compris, j’arrive »

   Je pousse ma couette et balance mes jambes hors de mon lit. Je grimace en posant mes pieds par terre. Le parquet de ma chambre est tellement glacial que je suis surprise de ne pas avoir d’engelure ( oui j’exagère un peu ). Ma motivation commence à fléchir. Je passe une robe de chambre avec mes initiales et m’en vais donner à manger au glouton. Ce chat a intérêt à les manger ces croquettes ! Elle me coûte la peau des fesses, si ce n’est pas plus ! Trop gâté, ce chat. Par ailleurs, mon café et mon croissant m’attendent aussi !

   Quelques minutes plus tard, je prends une douche bien rafraîchissante et m’habille. Ce n’est pas une mince affaire moi je vous le dis. Je sélectionne une longue robe blanche et une paire de sandale à petits talons. J’hésite entre un maquillage été ou automne. Hum, trop compliqué. Je décide finalement de ne rien mettre sur mon visage pour le laisser naturel. Ensuite, j’accroche mon pendentif en forme de rose autour de mon cou des dorures parsèment les contours des pétales. Ce bijou m’a été offert pour mon 24ème anniversaire et n’a jamais quitté mon cou depuis. Trêve de bavardage. Je lève les yeux vers mon horloge. 7h30. Oh il faut que je me dépêche. Je donne une dernière caresse à mon chat, attrape mes clés de voiture et ferme la maison. Allez, go pour aller au collège ! Pendant ma demi-heure de trajet, je ne pense qu’à Versailles. Je vous promets que je ne suis pas folle. Je suis juste professeur d’Histoire.

   En arrivant au collège, je suis prise dans une nuée d’élèves. Ils ne font pas attention. A tout moment, dans une phase d’inattention, j’en renverse un. Sacrés élèves ! Je me plains mais j’étais pareille à l’époque. Je souris à tous ces souvenirs. A l’époque, j’étais insouciante de la vie d’adulte. C’était si simple avant. Papa et maman payaient tout. Aucun souci à se faire pour nous. Ah ! Une voie s’est dégagée. Je peux enfin accéder au parking des professeurs. La première voiture à apparaître dans mon champs de vision est celle de Martin. C’est l’un des profs de maths et occasionnellement mon ex. Vous savez, ce genre de mec beau comme un dieu, deux, trois tatouages ? Et bien c’est lui. Ce genre de mec vraiment pas fidèle. Bon je ne dis pas ça parce qu’il m’a trompé avec Fanny, une prof de français. Ou peut-être que si. Enfin bref, il n’a pas eu de chance avec elle. Ils ont rompu quelques mois après. Depuis, ce cher Martin essaye de me reconquérir. Il a vraiment cru que je l’aimais toujours ? Je secoue la tête et entre dans la salle des profs, mes talons claquant sur le sol. Quelle est la première personne que je vois ? Bingo ! Martin me regarde avec adoration. J’essaye tant bien que mal de retenir une moue dégoutée.

   << Bonjour ma belle Hestia !
-Bonjour. Pour info, je ne suis pas ta belle.
- Oh allez. Tu es la plus belle femme de la Terre.
Je me tourne vers Fanny, qui contemple la scène.
-Il t'as dit la même chose je suppose ?
- Oui. Tu devrais vraiment changer de registre Martin. >>

   Il nous observe, l’air humilié. Il le mérite tellement. La sonnerie retentit alors, donnant à Martin un échappatoire. Mon regard croise celui de Fanny et nous éclatons de rire.

   Bon, il est temps d’aller chercher mes élèves. Je les conduis dans leurs salles et fait l’appel. Tout le monde est là. Je les fait monter dans le bus et c’est parti pour environ 3 heures de route jusqu'au château. Pendant le trajet, je leur donne les consignes de sécurité et de respect. Vous voyez, toutes ces règles que personne ne va respecter. Une fois arrivée, je recompte tout le monde et pars chercher un guide. Une femme me donne les papiers à compléter. Ensuite, elle appelle le guide en question. La visite peut commencer. 
La matinée passa à une vitesse surprenante. Tout s'est très bien passé. Nous avons visité les chambres, la galerie des Glaces, décrit des tableaux, etc. Cette visite nous a tous donné faim !

   Cependant, j’aimerai retourner dans la chambre du Roi Soleil. Je demande l’autorisation au guide, qui accepte et m’y conduis. J’ai ce désir d’en savoir plus sur ce roi, de mieux le connaître. Une fois devant la chambre, je remercie le guide et entre dans ce qui était l’une des pièves les plus importantes du châteaux. Le guide retourna à ses occupations. Soudain, une rose attira mon attention. Elle était en or, incrustée de centaines de petits diamants. Elle est étrangement assez ressemblante à mon pendentif. C’est très troublant. Une petite plaque descriptive se trouve juste en dessous. 
<< La Rose est le symbole de l’amour pour Louis XIV. Celle-ci en particulier, était très importante pour lui. Une légende raconte qu’une femme aurait bouleversé sa vie >> C’est si romantique.
Je pense aussitôt à Madame de Montespan. Elle a été l’une des femmes les plus importantes de sa vie. Il a fréquenté tellement de femme que c’est difficile de savoir. Alors, je suis délicatement les contours des pétales de la rose. Ma vie amoureuse n’est pas et ne sera jamais aussi tumultueuse que la sienne. Je m’apprête à quitter la chambre quand une forte lueur m’en empêche. Je tombe à terre, j’ai l’impression d’être aspirée. Que se passe-t-il ? J’ouvre les yeux mais je ne remarque aucun changement. Sauf la porte qui s’ouvre brusquement, et qui laisse apparaître le plus bel homme du monde. En habits d’époque.

   << Que faites-vous dans ma chambre ?
-Votre chambre ? Elle n’est à personne. C’est une blague que vous me faites ?
-Ais-je l’air de plaisanter ? >>

   En effet, il a l’air furieux. Puis des images de cet homme m’envahirent l’esprit. Je recule, horrifiée. Devant moi, se tient le Roi Soleil.