La Belle Oshun

Prologue

Lorsque nous sommes demandés ce qu' est le Vaudou haïtien, combien de fois avons nous pû fournir une réponse bien construite et informative à ceux ou celles qui se posent la question ? Admettons qu' à plusieurs reprises, nous avons pensé à raconter des histoires terrifiantes à nos interlocuteurs au lieu de leur fournir des faits historiques qui remontent aux origines de la pratique vaudou. En effet, le Vaudou ou Vodou est une version « créolisée » des pratiques religieuses qui remontent aux groupes ethniques comme Yoruba et Kongo réduits à l' esclavage et amenés à Saint- Domingue qui est de nos jours Haïti. Dans la langue Fon du Royaume de Dahomey, l' actuel Bénin, le mot « vaudou » signifie « esprit » ou « divinité ».

Selon la religion traditionnelle afro- haïtienne, tout est esprit. Les humains sont des esprits qui habitent le monde visible tandis que le monde invisible ou Ginen (une Afrique cosmique) est peuplé des esprits (lwa), des anges (zanj), des mystères (mistè), des invisibles et des esprits des ancêtres, et Dieu est le créateur des mondes visible et invisible. Le Vaudou est une pratique qui consiste de rites et prières à Dieu et aux esprits en échange de la protection, la santé, etc. Au cours des rites vaudous, les croyants entrent dans une transe au cours de laquelle ils disent être possédés par les esprits (lwa). Ces derniers leurs permettent de donner des conseils et d' effectuer des traitements médicaux. La posséssion spirituelle comme dans le Vaudou et toutes autres religions joue un rôle important. Cette pratique orale retrouvée au sein des familles héritières des esprits familiaux comporte des sociétés ou congrégations qui suivent une hiérarchie comme toutes autres religions au monde. Bien qu' il existe des sociétés secrètes appelées Bizango ou Sanpwèl, cette hiérarchie est constituée de prêtres (oungan) et prêtesses (mambo), des enfants des esprits (ounsi) et des batteurs (ountògi). Les congrégations transmettent leurs connaissances à travers des rituels d' initiation appelés Kanzo, durant lesquels le corps de l' initié devient le site de la transformation spirituelle. De plus, en Haïti, la pratique vaudou varie selon les régions. Ces différentes branches comprennent le Ibo, le Nago, le Petwo, le Rada, le Daome, etc.

En Haïti, beaucoup de jeunes ont dû subir ce que j' appelerais un phénomène d' acculturation, maintenu et encouragé surtout par les institutions églises et écoles catholiques, et malheureusement la famille. L' acculturation est en effet une conséquence de la bonne éducation dont les parents rêvent, et cette accculturation commence par l' interdiction de s' exprimer en Créole, que ce soit en salle de classe, en récréation ou même à la maison, et c' est un tant soit peu drôle que les leçons de Créole n' ont pas encore été effacées du programme scholaire. Beaucoup d' entre nous sont familiers à ce système qui fait croire que s' exprimer en Créole est vilain et que le faire en Français ou en toutes autres langues étrangères est beaucoup plus raffiné et donne l' illusion d être intelligent. L' acculturation ne s' arrête pourtant pas à la langue créole, elle s' étend au niveau culturel où les enfants sont enseignés que le Vodou, la musique et la danse folklorique sont sataniques et vont à l' encontre de la foi Chrétienne. Lorsqu' il s' agissait d organiser un spectacle autour de notre culture, qui d' entre nous n' a jamais eu à faire face à ma bonne soeur ou mon père qui s' y opposaient fermement si musique et danse folklorique y étaient inclus ? Combien de fois avons- nous entendu des histoires effrayantes, à se faire dessus, à propos des « lwa » ? Ces esprits sont souvent décrits comme des êtres maléfiques qui se nourrissent de la peur des mortels et causent leur malheur. Cependant, les « loa » ou « lwa » sont des esprits créés par « Bondye » ou Dieu dont la mission est de protéger, assister et servir les mortels, on pourrait aussi les associer aux anges dont la mission est pareille. Un simple exemple de loa serait Papa Legba, qui sert d' intermédiaire entre le monde des mortels et celui des esprits. Qu' il y a t- il de si maléfique à propos d' un intermédiaire ?

A travers cet ouvrage, nous ferons d une pierre deux coups. Non seulement nous explorerons plusieurs aspects du Folklore et Vodou haïtiens, nous vivrons aussi les aventures autant romantiques et dramatiques de la belle Oshun et de Victor Romero. Oshun aussi connue sous le nom de Erzulie en Haïti est une divinité qui remonte aux clans Yorùbà de l' Afrique centrale occidentale, qui est de nos jours le Nigéria. Oshun ou Erzulie est pour les peuples Yorùbà, déesse des eaux douces, beaucoup aimée parce qu' elle leurs apporte fertilité, prospérité et protection. La divinité Oshun a voyagé de l' Afrique aux Amériques où elle a été attribuée d autres noms comme Oxun, par la religion du Candomblé au Brésil ou Erzulie par le Vodou haïtien. Cette divinité des eaux douces a il était une fois, été l' épouse de l Orisha (dieu) des tempêtes, Shango. Elle est souvent décrite comme une sirène, et le chiffre cinq, la couleur jaune et le bronze lui sont attribués. Oshun indique la beauté, la bonne humeur, la douceur et la sexualité.

Bonne lecture