l'Altmer de la Jument Pavoisée

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4E 211, 5 Mi-l'an.

Blancherive, Auberge de la jument pavoisée.

En entrant dans l'auberge, je suis assailli par les odeurs et les regards. J'avance avec fracas, mes armes sonnant contre mon armure. Le barde rate une note lorsque mon parfum l'atteint. La sueur et le sang séché me donnent un fumet épouvantable. Au moins, je ne sens plus le chien mouillé. Mais franchement, pour ce que j'offre aux habitants de cette foutue Blancherive, ils peuvent bien supporter la satanée puanteur de leur Thane.

Sans un mot, je me dirige vers une table libre. Il n'y a pas foule ce soir. Seulement une dizaine de personnes, dont deux qui doivent être des commerçants, vu que leurs trognes ne m'évoquent rien du tout. Après dix années à vivre ici, dans ma petite maison surnommée « Douce-Brise », j'ai appris à reconnaitre tout le monde. Je sais d'un regard si les Grisetoison et les Guerriers-Né se sont battus aujourd'hui, si la chasse des Compagnons a été fructueuse et si Nazeem est à nouveau cocu.

Ce soir, je n'ai eu le temps de rien, malheureusement. Normalement, je bouffe chez moi, et je discute avec Lydia tranquillement. Je me lave, panse mes plaies, nettoie mes armures et oint mes lames. Ensuite, je dors en espérant ne pas être réveillé par un messager avant même le lever du soleil. Mais ce soir, tout s'est mal passé. Le retour de la mission a pris une plombe à cause de cette blessure stupide de ce garde stupide, ensuite Lydia me dit que le repas est « un peu trop cuit » à cause d'une erreur de sa part tout aussi stupide, et enfin, par dépit, je vais manger ici où mon air de guerrier renfrogné me fait passer auprès de beaucoup pour un tueur décérébré.

J'ai tué beaucoup, c'est vrai. Mais jamais... rarement par plaisir. J'ai souvent tenté de convaincre les bandits, les Parjures et les ravageurs de se rendre, mais ces abrutis n'écoutent rien. Seule la magie et la Voix fonctionnent. Il est amusant de constater que j'ai souvent eu des échanges captivant avec des dragons, bien plus qu'avec des seigneurs, qui me considèrent au mieux comme un potentiel allié, au pire comme un atout trop dangereux.

Et pourtant, j'en ai fait des choses pour Bordeciel et ses habitants ! Enfin, peu importe. Tout cela sera oublié d'ici quelques générations, et les futurs historiens de l'académie critiqueront la véracité des faits réels qui me sont arrivés.

Mon assiette arrive. Et une bière que je n'ai pas commandée. Ysolda me fait un sourire en me l'offrant. « De la part de Blancherive ! » me souffle-t-elle. Depuis que Hulda est partie et que Ysolda a repris l'affaire, l'auberge est resplendissante. Elle était déjà belle avant, mais sa nouvelle propriétaire a un sens des affaires incroyable. Les Khajiits lui ont beaucoup appris grâce au service que je lui ai rendu, et même si elle m'a largement rendu la pareille depuis, elle continue à me donner des pintes gratuites. Rien qu'avec les bouteilles, ça représente plus de masse que moi, avec armures, armes, et une âme de dragon dans le bide.

Je n'ai même pas ôté mon casque, quel rustre je fais ! Je l'enlève alors que mes cheveux trempés de sueur s'accrochent à sa paroi. Je dois avoir des marques de poussières horribles, mais peu importe. Je respire mieux. Ce casque était magnifique lorsque je l'ai fabriqué. Un casque assorti à mon armure purement nordique, en acier et en vif-argent, sculpté pour ressembler à un ours. Il ne protège pas le nez, mais au moins on me reconnait mieux. Et ma réputation est un bouclier plus puissant que le meilleur des remparts. La preuve, je crois qu'on vient me demander si je suis bien le Dovahkiin de Bordeciel.

« Pardonnez-moi de vous déranger pendant votre repas monsieur, mais... êtes-vous bien celui que l'on nomme Dovahkiin ? »

Je ne réponds rien, j'ai la bouche pleine. Je lève le nez de mon bol de ragoût, j'observe un instant la personne qui me perturbe. Une jeune femme Altmer, environ 30 ans, comme moi. Enfin, ces gens vieillissent différemment, alors ça se trouve, c'est une vieille bique. Elle a des cicatrices sur les mains, seules portions de peau qui émergent de ses vêtements classiques. Une voyageuse qui en a vu, je pense. Je déglutis et je lui réponds.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 04, 2021 ⏰

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Zaangaafag : la dernière aventure du DovahkiinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant