*2

946 73 78
                                    

Le couple sortait du magasin lorsque Arya se retournait pour vérifier qu'ils n'étaient pas parti.
Avec sa capuche perchée sur la tête comme un prisonnier échappé de prison, elle continua sa mission et ne quittait pas le couple des yeux.

Toujours main dans la main, les tourtereaux semblaient heureux. La jeune fille avait dans sa main droite un sachet marron, avec le logo de la savonnerie imprimé.

Cette vue titillait Arya. Elle ne pouvait s'empêcher d'être jalouse.

Il est heureux, c'est tout ce qui importe.

Mais l'idée qu'il était heureux avec une autre faisait mal. Une sensation étrange s'emparait du ventre d'Arya, mais elle ne su identifier l'origine. La faim dominait depuis plusieurs heures déjà.

Elle remarqua à quel point les deux étaient bien habillés. Trop occupée à garder sa couverture, elle ne s'était pas attachée aux détails qui couvraient le couple.

L'homme portait un long manteau marron, qui au loin semblait être du cashemire, et à ses pieds des baskets colorées dominaient la tenue.
La fille, elle, portait une longue jupe qui arrivait au dessus de ses chevilles, révélant des chaussettes bleues assorties à son cardigan. Sur sa tête dominait un béret noir, ajoutant un délire parisien.

Arya se sentie affreusement inférieure à eux en les observant.
Habillée d'un vieux sweat trop grand pour elle à son grand père, d'un pantalon large, et de ses doc Martens en fin de vie, elle ne faisait pas fière allure.
Elle se rappelait avoir économisé longtemps afin d'avoir la paire de ses rêves.

En les regardants, elle se doutait bien que si ils souhaitaient quelque chose, ils l'obtenaient sans soucis.

Namjoon a toujours été comme ça après tout, né dans une bonne famille, père dans le business, il n'a jamais eu de soucis financier. Quand elle était plus jeune, elle était fascinée par sa demeure, trois fois plus grande que la sienne. Toujours plus étonnée par le nombre de salle.

Namjoon, lui, avait toujours détesté sa vie. La richesse ne lui plaisait pas et le rendait malheureux.
C'est sans doute ce qui les avait rapproché, chacun intéressé par la vie de l'autre. Arya et lui ne se ressemblaient en aucun cas, et pourtant leur amitié fut intense.

Arya était une nouvelle fois perdue dans ses pensées, mais elle gardait un œil sur le couple.

Pourquoi est-ce que je fais ça ?

Elle savait que ce qu'elle faisait n'avait aucun sens, aucun but, et pourtant cela faisait bien 10 minutes qu'elle suivant les deux amoureux.
Elle était simplement curieuse, curieuse de savoir ce que le couple se languissait de faire. Ce qu'il allait faire.

Soudainement, le couple tourna dans une ruelle à droite de l'avenue.
Une longue distance séparant le couple et l'espionne, Arya accéléra le pas pour ne pas les perdre de vue.

Mais cette fois-ci, les vieilles dalles de la cité eurent raison d'Arya, puisqu'elle se fracassa contre le sol en trébuchant sur l'une d'elles.
Tout son corps était couché face au sol, et une forte douleur dans les genoux l'empêchait de se relever rapidement.

"Vous allez bien mademoiselle ?" Demanda un jeune homme dans la quarantaine en costume bleu marine. Il tendait son bras pour l'aider à se relever. Arya remarqua la rollex a son poignet. Chose qui l'énerva encore plus que sa chute. Elle ne comprenait vraiment pas le principe de la montre plus chère qu'une voiture.

En relevant la tête, elle vu la foule qui s'était formée autour d'elle, pleine de regards désolé et moqueur.

"Heu...oui, je crois" dit Arya en se relevant, sans prendre le bras du monsieur, pour constater l'étendu des dégâts.
Son jean était déchiré aux deux genoux, et du sang s'échappait de ceux-ci.

Après son sandwich, c'était à son jean qu'elle devait faire ses adieux.

"Merde" jura-t'elle dans sa barbe.

Elle essuya brutalement ses cuisses et ses tibias pleins de poussières, et ramassa son sac quelques mètres plus loin, qui avait été projeté pendant sa chute.

Elle s'empressa de reprendre sa chasse à l'homme et traversa la petite foule qui la regardait comme si elle était l'objet d'un grand spectacle.

Face à la ruelle, elle remarqua à son plus grand désarroi que le couple avait disparu. Plus aucune trace de Namjoon, plus aucune trace de sa copine qui l'accompagnait.

Elle ne put s'empêcher d'avoir un sentiment de déception, comme si elle venait d'échouer une mission pour le gouvernement.

Malgré l'échec de sa petite folie, elle décida de prendre la petite ruelle à pieds. Au point où elle en était, complètement perdue dans un quartier inconnu et surpeuplé, la ruelle était certainement la meilleure solution.

C'était une jolie allée, ancienne mais bien restaurée. Faites de pierres claires, même si la luminosité baissait minutes après minutes, elle demeurait éclairée. Il y avait très peu de commerce, mais une enseigne attira particulièrement l'attention d'Arya.

Elle brillait d'une lumière bleue et mettait en valeur le nom du commerce, le festin nu.

Arya s'approcha un peu plus près pour savoir de quoi il s'agissait émettant comme hypothèse qu'il s'agissait un restaurant.
Une baie vitrée avec le logo du commerce laissait apparaître le contenu de la boutique.
Elle s'avança pour mieux observer l'intérieur, faisant quelques pas vers les vitres.
À sa grande surprise, le commerce était en fait un bistro, et un bistro particulièrement grand.
Une lumière bleutée, agréable pour les yeux régnait dans la salle, de nombreuses personnes se retrouvaient autour de tables hautes. Au fond, elle aperçu un grand bar avec plusieurs barman au travail, révélant une panoplie de bouteilles à l'arrière contre le mur.
Le bar semblait beaucoup animé, mais aucun son ne sortait de la vitrine.

Arya était prête à repartir, après avoir vu ce qui attirait sa curiosité, mais en tournant la tête pour faire demi tour, elle l'aperçu.

Il était là dans le bar, attablé au côté de sa compagne, en train de boire un cocktails pour deux. Ils se regardaient droit dans les yeux avec un sourire aux lèvres.

Cette vue attrista particulièrement Arya toujours bloquée devant le bar.

Le tableau se dessinait bien. Elle était là dehors, seule, les genoux en sang, dans des habits dépités, affamée. Ils était à l'intérieur, fou amoureux l'un de l'autre, bien habillé, buvant un cocktail pour deux a 15€.

Ils avaient ce qu'elle n'avait pas, et ce qu'elle n'aurai jamais. Et elle le savait bien.

Pourtant, elle entra dans le bar.

OsmoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant