Le ciel était une gigantesque tache noire, comme un vide, un trou dans la réalité. Aucune étoile ne venait décorer cette noirceur, aucun disque au gris glaçant ne s'élevait au-dessus du paysage. Un paysage formé de hauts bâtiments, dont seuls les points orangés des habitations se dessinaient dans la nuit ténébreuse. La vague lueur de m'astre lunaire laissait deviner l'épaisse nappe nuageuse qui obstruait étoiles et lune. Le vent violent la faisait glisser sur les cieux, battant avec elle le rideau de pluie, qui venait brutalement frapper les fenêtres de mon appartement.
Je me trouvais silencieusement assise sur une chaise, les yeux rivés sur le paysage nocturne à l'extérieur. Le son régulier de la pluie s'abattant sur la vitre était reposant, rythmé par les envies de la nature. Les rafales s'entendaient par moments derrière la violente averse. Mes pupilles se perdaient dans l'immensité ténébreuse, comme hypnotisées.
Et soudain, ce calme fut brisé par un flash. Un éclair blanc venait de zébrer le ciel, projetant sa lumière éblouissante sur la ville. Il me provoqua un frisson glacé, qui parcourut mon dos de haut en bas, hérissant mes poils et stoppant ma respiration. Mon souffle resta bloquer, mes yeux ne quittant pas l'endroit précis où l'éclair était apparu. Le grondement menaçant du tonnerre suivit la lumière blanche après quelques secondes. Quelques longues secondes durant lesquelles le calme profita de ses derniers instants de présence.
Cette fugace lumière et ce bruit sourd vinrent brutalement faire remonter du plus profond de mon inconscient des souvenirs lointains dont j'avais oublié l'existence.
Je me revoyais, petite enfant innocente et peureuse, quitter ma chambre sombre dès qu'un orage se dessinait au loin. Un éclair, un coup de tonnerre, et je courrais me réfugier dans la chambre de mes parents, y cherchant du réconfort. Les flashs soudains me faisaient sursauter, et les grondements sourds m'intimidaient.
Aujourd'hui, de nombreuses années plus tard, ce phénomène me fascinait plus qu'il ne m'effrayait. Le temps passant, j'avais fini par trouver quelque chose de reposant dans les orages, presque rassurant.
Je passai ainsi le reste de ma nuit face à l'orage éclairant les cieux, écoutant comme une musique le grondement du tonnerre s'éloignant doucement lorsque le matin commença à pointer à l'horizon.
