Chapitre 1

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Loïc avait été un petit garçon que l'on trouvait assez étrange. Il ne souriait jamais, ne disait jamais « bonjour », ne disait jamais « merci ». En fait Loïc ne parlait jamais à personne. Ainsi, il avait fini par développer un super pouvoir, celui de faire prendre leurs jambes à leur cou les rares personnes qui l'approchaient.

Loïc avait ainsi autant d'amis qu'il avait de considération pour les gens : aucun.

À vrai dire, quand on l'observait, on voyait bien qu'il n'avait rien des autres enfants de son âge. Il n'aimait pas jouer à la balle, encore moins faire du vélo ou de la balançoire. C'était seul dans sa chambre, entouré de sa collection de figurines animalières et de ses livres animés que Loïc retrouvait un havre de paix. C'était là son univers, son petit monde rien qu'à lui, où aucun adulte n'aurait pu venir l'enquiquiner en lui reprochant pour la énième fois de ne pas fournir assez d'effort pour aller vers les autres.

Ses maîtresses, bienveillantes qu'elles fussent, espéraient de tout cœur qu'il s'adapte, qu'il s'ouvre, qu'il se sociabilise enfin. Mais ce qu'elles ignoraient, ces maîtresses, c'est qu'elles avaient affaire à un enfant qui avait perdu toute capacité de se connecter à un humain le jour funeste où il avait dû faire face à la perte d'un père et à l'abandon d'une mère.

Depuis ce jour, Loïc avait dû apprendre à se débrouiller tout seul. Alors qu'il avait à peine huit ans, il avait dû apprendre à ne compter que sur lui et lui seul. Quand il s'est retrouvé dans cette auberge avec des enfants au passé semblable au sien, il a alors compri qu'il ne pouvait plus se fier à personne ; puisque, si même ceux-là censés le protéger et l'aimer dès sa naissance s'étaient détourné de leur tâche, le délaissant ainsi, sur qui d'autre pouvait-il retrouver appui ?

Personne d'autre, si ce n'est lui-même.

Dix ans s'étaient écoulés et le petit Loïc avait bien grandi. Il avait fini par quitter cette auberge et se construire sans l'aide de personne, la vie qu'il désirait. Il avait pris un nouveau départ. Tout allait pour le mieux. Oui... Jusqu'à ce que cette tendance à se replier sur lui, cette incapacité à se connecter aux autres humains, ne le rattrape. Ce handicap. Oui, il ressurgissait. Encore plus grand.



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LOÏC Où les histoires vivent. Découvrez maintenant