Mon souffle est rapide, mon cœur bat dans mes oreilles. Je m'efforce de rester parfaitement calme et naturelle. La foule est ma cachette tant que je reste discrète, mais deviendra l'ennemi qui peut m'arrêter si je fais un pas de côté.
Il ne faut absolument pas que je me fasse remarquer.
J'avance silencieusement, presque invisible parmi les mouvements des passants qui marchent et font leurs courses sans se soucier de moi. Machinalement, je replace mes gants en cuir sur mes doigts.
Mes yeux glissent d'une personne à l'autre. J'analyse avec attention chaque individu et retiens tout ce qui me sera utile pour commencer.
Bientôt, je passerai à l'action.
En un seul instant, je ferme les yeux, recevant toutes les informations de mon environnement.
Les discussions, les odeurs, les bruits de pas et de pièces, les gens qui me frôlent : tout.
D'une allure parfaitement naturelle, j'avance comme n'importe quelle personne lambda, calme et innocente, et démarre mes "courses" moi aussi.
Dans mon champ de vision, je vois un monsieur qui fait tomber une pièce de son porte monnaie mais il ne l'a pas vue. Je l'attrape en plein vol sans ciller et la glisse dans ma poche avant de continuer ma route comme si de rien n'était.
Un enfant attrape la main de ses parents, focalisant leurs attentions sur lui. J'en profite pour leur dérober un porte monnaie et un bracelet soigneusement posé dans un sac à main.
Je réitère l'opération avec un jeune homme distrait, puis vole de petits appareils électroniques quelconques à un groupe de personnes fortunées, ainsi que de nombreuses affaires sur les étalages, ces derniers étant vantés haut et fort par les marchants face aux pigeons qui seront sûrement leurs potentiels clients.
Je calcule et estime la valeur des choses que j'attrape, les additionnant au fur et à mesure à mon butin total.
À chaque objet qui finit dans ma main, j'aperçois ce que je pourrais obtenir avec : des repas, peut-être pour quelques jours... de l'eau potable, aussi... même un nouveau manteau, ou une nouvelle paire de mitaines, car les miennes commencent à être sacrément usées.
Le stress en moi est à son comble, mais je suis trop concentrée pour me laisser aller.
La récolte aujourd'hui est bonne et je n'ai pas envie de me faire attraper. Surtout que le marché ne se déroule qu'une fois par semaine.
Je vole jusqu'à ne plus avoir de place dans les poches de ma veste et de mon pantalon. J'arrive à peine à cacher ma joie, qui déborde sur mon visage sous la forme d'un sourire difficilement contenu.
J'attrape discrètement quelques mets fumants, puis les dévore une fois éloignée des marchands qui les vendent. Je soupire de satisfaction car les repas comme ceux-là sont rares pour moi.
Un petit riche se pavane fièrement devant les autres, non loin de moi. Cette fois, c'est d'énervement que je soupire.
Ça me saoule que des gens comme lui se permettent de se vanter de leurs richesses devant tout le monde, regardant à peine les pauvres qui doivent ramper pour éviter de se faire écraser par leur égoïsme.
Je m'arrête enfin de marcher et le contemple dans l'illusion de son petit monde parfait où les autres ne sont là que pour l'admirer.
Un vide se fait dans mon esprit. Le reste disparaît. Il n'y a que lui... et moi. Son arrogance et ma jalousie.
Les gens semblent disparaître, remplacés par du noir infini. Et l'homme se dandine encore sans me remarquer.
J'ai l'air petite, à côté. J'ai l'air sale, un peu comme les chiens errants.
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Effacer nos brûlures
RandomRubis est née des flammes qui ont brûlé son ancienne vie. Chaque jour est une bataille pour survivre seule, dans l'illégalité et les ruelles sombres, mais aussi contre ses pensées qui la plongent chaque instant un peu plus bas. Héloïse est heureuse...