Clé 1 : Bond Together - Minsung

Chapitre 2

Il était dans sa chambre, assit sur son lit. Le dos contre le mur, il regardait le mur face à lui sans expression. Il savait que s'il le regardait assez longtemps, il aurait l'impression de voir des taches apparaître sur le mur blanc.

Sa chambre était comme lui : vide. Tout était blanc, du sol au plafond en passant par son lit et le peu de mobilier qu'on lui avait fourni pour son long séjour. Tout était vide. Vide vie, vide rire, vide de ses amis qui avaient disparus après qu'on l'ait forcé à prendre ses médicaments.

Il les détestait, ces médicaments qui faisaient tout disparaître. Il savait bien qu'en les prenant ses amis ne disparaitraient pas pour toujours. Après tout, il les avait pris pendant des mois, à l'époque où il écoutait encore ses parents et que sa mère l'avait menacé de ne plus jamais revenir le voir s'il n'essayait pas de se soigner. Il avait arrêté lorsqu'il avait compris que même en prenant ses médicaments il ne les reverrait que lors de sa sortie.

Lorsqu'il prenait ses médicaments, il arrêtait de ressentir quoique ce soit. Il n'était plus capable de penser ou de comprendre les choses qu'on lui présentait. Il devenait une coquille vide. Et il détestait ça.

Il détestait ne plus pouvoir entendre le rire de Felix, ne plus pouvoir discuter avec Minho, ne plus pour voir regarder Chan faire la morale à chaque fois que Changbin faisait quelque chose ou même ne plus entendre les discussions entre Hyunjin, Seungmin et Jeongin. Et même s'il savait que cette situation ne durerait pas, il la détestait tout autant.

Il trouvait ça stupide. On cherchait à le soigner depuis des années en vain. On cherchait à le soigner de quelque chose qui ne le dérangeait pas, de quelque chose qui lui faisait du bien, qui le libérait. Depuis des années, depuis plus de dix ans, on s'obstinait inutilement à lui donner de nouveaux traitements, de nouvelles thérapies, de nouveaux médecins, tous plus inutiles les uns que les autres.

Il avait bien essayé de faire semblant, de leur faire croire que leurs tentatives stupides fonctionnaient sur lui. Il y était arrivé, ils avaient appelé ses parents, l'avaient laissé partir... et l'avaient de nouveau accueilli, un mois plus tard, après que ses parents se soient rendus compte qu'il avait mentit, en l'entendant rire à une blague de Minho.

Son meilleur ami s'en était grandement voulu pour cela, il était resté silencieux pendant presque deux semaines, s'asseyant le plus loin possible de lui en espérant qu'on les laisserait sortir de nouveau. Mais Jisung s'était décidé. Il préférait de loin rester dans cet endroit, aussi pourri soit-il, en pouvant parler librement à ses amis que de rentrer chez lui et faire semblant de ne plus les voir.

Il avait pris cette décision à ses treize ans et s'en était toujours tenu. De toute façon, qui voudrait rentrer dans un endroit où on ne pouvait pas être soit même ? Un endroit où personne n'essayait de comprendre son point de vue.

Plus de dix ans et personne n'avait baissé les bras, personne à part lui.

En fait, Jisung pouvait penser avec ses médicaments, mais il détestait ça. Lorsque ses amis étaient autour de lui il oubliait. Il oubliait que jamais il ne pourrait sortir, il oubliait que s'il sortait un jour il n'aurait surement personne pour l'accueillir, il oubliait qu'il devait les faire disparaître, se priver de leur présence devenue vitale, pour plaire à des gens qui se fichaient de son bien être tant qu'il entrait dans leur petit moule parfait.

Vraiment, Jisung détestait ses médicaments.

Il ne savait pas comment le temps passait, ni quelle dose on lui avait donné. Une infirmière était simplement venue avec une seringue et l'avait directement injecté dans son bras. Alors il attendit juste et, après un temps qu'il ne saurait définir, il pu enfin entendre sa voix.