À quelques minutes de mon entretien, je sentis le stress monter en moi. Coincée dans les bouchons, je fixai l'heure qui me semblait passer à une vitesse folle. La jeune femme qui me conduisait a mon entretien semblait quant à elle trop sereine à mon goût. J'avais fait appel à elle, hier dans la soirée sur un site de covoiturage. Étant bien notée et plus ou moins du même âge que moi, la choisir elle plutôt qu'une autre me semblait être une bonne idée. On avait commencé à faire connaissance, ou plutôt échanger les banalités de la vie, par-dessus la musique que diffusait la radio. Alors que le silence était présent depuis plusieurs minutes maintenant, je l'entendis soupirais bruyamment.
- Ça commence à me faire chier ces bouchons de merde ! Que fait le premier conducteur de la file ? Il me reste à peine six-cent mètres avant de rejoindre la bretelle qui me décoincera de tout ce merdier ! S'exprima-t-elle plus pour elle que pour moi.
Surprise d'avoir pensée cela tout haut, elle se confondit en excuses. Lui accordant un sourire sincère, elle me le rendit naturellement à travers le rétroviseur.
- Savez-vous s'il reste encore beaucoup de kilomètres avant d'arriver ? J'ai mon entretien à dix heures trente. Demandais-je timidement.
- Quoi ? Mais c'est dans moins de cinq minutes, on ne sera jamais à l'heure ! Me répondit-elle paniquée.
C'est donc complètement angoissée que la jeune femme prit une décision radicale. Son clignotant actionner, elle se déporta sur la bande d'arrêt d'urgence et dépassa tous les automobilistes jusqu'à la sortie. Cependant, grâce à cette technique interdite, me voici à l'heure devant le lieu de rendez-vous.
- À quelle heure souhaitez-vous que je vienne vous chercher ? Me demanda-t-elle avant que je quitte la voiture.
- Heu... Je ne sais pas... Vous avez sûrement mieux à faire et puis un entretien ne dure pas si longtemps que ça.
- Qu'importe, mon bureau est à deux rues d'ici, tenez, elle griffonna son numéro sur un petit morceau de papier, appeler moi quand votre entretien sera fini et bonne chance ! Me lança-t-elle avec un regard charmeur.
Le bâtiment devant lequel je me trouvais était immense, face à lui j'avais l'impression d'être une petite fourmis arrivant dans une très grande fourmilière. Des personnes entrait et sortait par la porte tambour tous élégamment vêtus. À côté, j'avais l'impression que mon choix de vêtement faisait pitié. Je m'étais habiller d'un jean foncé, d'une légère chemise blanche avec les manches retroussées laissant apparaître mon tatouage sur le poignet gauche. Mes cheveux étaient attachés en chignon vite fais, quant à mes pieds, ils étaient habillés de baskets blanches. Je regardai l'heure sur mon portable et m'aperçut qu'il était l'heure que je rentre dans le bâtiment. Je pris donc mon courage à deux mains et entrepris d'entrer dans cette grande bâtisse. Une fois les portes franchies, je me retrouvai dans un grand hall, face à moi le bureau d'accueil, à sa droite un interminable escalier en marbre blanc et la porte des toilettes. Sur la gauche, plusieurs portes avec des inscriptions sur chacune, sûrement le secrétariat et autres bureaux du même style. Tout cela me fit avoir la tête qui tourne, je regrettais de ne pas avoir pris le temps de déjeuner ce matin, risquant donc de faire un malaise si mon stress ne diminuait pas. Après m'être présentée à l'accueil, je dus patienter quelques minutes. Le va et viens des gens ne cessait pas, tous semblait presser. Après une heure à entendre des « Elle ne devrait pas tarder », « Encore quelques minutes s'il vous plaît », une dame vint m'annoncer que mon entretien ne pouvait pas avoir lieu aujourd'hui, que la personne devant me le faire passer était malade. C'est donc frustrée et en colère que je sortis du bâtiment, hésitant à appeler Gabrielle, la jeune femme du covoiturage.