Chapitre 1 - L'envers du texto

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› Elle | cara-federsan

Son téléphone vibre sur la table basse et j'essaye de résister à la tentation de regarder depuis déjà plusieurs minutes. Faire l'indiscrète n'est pas mon genre, seulement, c'est à croire qu'il m'appelle, qu'il me supplie de visionner son contenu. Qui peut bien lui écrire dès le matin ? Un nouveau son qui annonce l'arrivée d'un message retentit. Luc prend sa douche, je ne risque rien à jeter un coup d'œil, alors je me redresse du fond du canapé et attrape l'appareil pour le déverrouiller.

Ce que je vois me stupéfie. Les photos d'une magnifique jeune femme apparaissent, chacune la présentant de plus en plus dénudée. Elle est absolument divine, ses courbes sont parfaites, je ne repère rien à redire sur son corps : une déesse. J'avise mon reflet dans le miroir du salon, à côté, je suis franchement dégueulasse. Le cellulaire vibre de nouveau et, cette fois-ci, le cliché est accompagné d'un message.

[J'espère que tu vas trouver une bonne excuse pour lâcher ta grosse ce soir, j'ai envie que tu viennes me casser les pattes arrière et me défoncer comme tu en as l'habitude. Love you babe]

Mon cœur reçoit un coup de poignard et ma respiration se bloque. Je jette son smartphone plus loin sur le canapé, horrifiée. Les larmes me brûlent les yeux, je tente tant bien que mal de reprendre mon souffle, mais il reste saccadé. Ma vision se brouille et mon corps se contracte, je suffoque. Luc me trompe. Un an que je suis avec cet homme, quelques semaines qu'il a emménagé chez moi et il me trahit déjà.

Je n'y croyais pas quand il m'a proposé que nous nous engagions ensemble. Nous nous connaissions par le travail, il venait régulièrement dans la librairie où j'exerce en tant que responsable des achats et c'était à moi qu'il avait à faire. Je me souviens de sa première invitation au restaurant, de sa façon de me courtiser, de notre premier baiser. Nous avons mis du temps avant de faire l'amour pour la première fois et il était toujours très délicat, peut-être trop. Il ne m'a jamais « défoncée », je n'ai d'ailleurs jamais vraiment pris mon pied avec lui, cependant, j'ai eu trop peu d'expérience par le passé pour savoir si c'est normal ou pas.

— Ça ne va pas ? Tu as l'air bizarre.

Son ton nonchalant me sort de ma torpeur, le voilà. Je me lève et lui fais face, les poings serrés.

— C'est comme ça que tu m'appelles devant les autres, la grosse ?

Je me retiens de crier, la fin de ma phrase meurt au bord de mes lèvres tremblantes. Un ouragan s'empare de moi.

— De quoi parles-tu ?

— De ça !

J'attrape son téléphone et le lui tends. Il arque un sourcil, regarde son écran et me scrute.

— Tu fouilles dans mon tél. ? Ça t'arrive souvent ?

— Je te demande pardon ? Je découvre que tu me trompes et toi, tu t'inquiètes davantage de savoir que j'ai pu fouiner dans ton mobile ou de combien de fois ça s'est produit ? Tu vas me faire une scène parce que j'ai vu le message de ta pétasse ? Sors de chez moi !

Je me jette sur lui et le pousse tant bien que mal. J'ouvre la porte d'entrée et tente de le tirer vers l'extérieur. Désormais, je hurle.

— Explique-moi ! Pourquoi ?

— Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu as découvert que je te trompe et ça t'étonne ? Tu es tellement nulle au pieu que je n'avais pas le choix !

Je me fige, choquée. Il vient d'enfoncer un peu plus profond le coup de couteau et je saigne intérieurement.

— Comment peux-tu dire ça ? Tu me touches à peine...

Ma voix se brise, mon corps tremble de rage, je suis à deux doigts de tomber.

— En même temps, tu t'es vue ? Tu ne fais pas d'effort, tu es tout sauf fine, tu te caches sous de grands tee-shirts, tu n'es tellement pas féminine ! C'est à croire que tu fais tout pour qu'on ne te baise pas.

— Casse-toi !

Je crie mon désespoir et tente de le frapper, seulement, il esquive et me repousse. Mes jambes ne me soutiennent plus et je m'effondre à terre dans un torrent de larmes. Je n'arrive plus à respirer.

Je relève la tête pour le regarder partir sans se retourner et c'est là que je le vois. Nous avons un témoin sur le trottoir en face de la maison, un grand brun aux cheveux mi-longs qui me fixe, mains dans les poches.

— Ça va ? Le spectacle te plaît ?

J'arrive à peine à articuler, mais la peine qui transparaît dans ma voix suffit à le faire fuir sans qu'il ne daigne prononcer un mot.

Iηѕιɗє мєOù les histoires vivent. Découvrez maintenant