[1] Hortensia.

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L'entièreté du Royaume attendait cet évènement avec impatience, là-bas -dans une des chambres du Palais, là où personne n'avait été autorisé à entrer si ce n'est la sage-femme et le roi - la jeune reine mit au monde la relève du règne, celui qui portera la couronne et l'honneur de la famille sur ses épaules. L'enfant est né. Cet évènement ne sera pas sans conséquences ; après cette nuit éprouvante le Royaume recevait enfin l'héritier du trône mais la jeune reine, elle, s'était éteinte. 
Le roi partagé entre la peine et la joie prit dans ses bras son unique enfant, celui dont la vie fût payée au prix d'une autre, celui dont la naissance aura mêlé souffrance et bonheur, celui qui garantira la lignée familiale.  Après avoir longuement observé son enfant, le roi le remis aux bras de la sage-femme qui, sachant déjà ce qu'elle avait été ordonné de faire, s'en alla avec le nourrisson. 


Cette année l'été est étouffant, fort heureusement les récoltes n'ont pas été victimes de sécheresse et malgré la chaleur, les champs n'ont pas été impactés. Le peuple est persuadé que c'est grâce à la naissance de l'héritier, que ce dernier apportait miracles et sérénité au sein du Royaume. En effet, avant sa naissance, le Royaume a été victime d'une multitude de catastrophes naturelles en fonction des saisons, la mort était le quotidien infernal des citoyens et des rebellions commençaient à voir le jour. Toutes ces menaces ont pris fin dès la venue de cet enfant miracle. Cela fait déjà seize années qu'il est né mais les miracles ne cessent de se multiplier. Malgré tout ce temps passé, le Royaume est encore marqué par cette naissance qui a signifié le renouveau et la chance pour lui. Il a reprit confiance en son Royaume et le roi s'est même remarié. D'ailleurs, la nouvelle reine est enceinte, mais cela n'a pas encore été rendu officiel, le conseiller du roi pense que cela pourrait inquiéter les habitants et créer la discorde entre les citoyens. Très superstitieux, il se pourrait que ce nouvel enfant soit vu comme une menace à cette sérénité connue depuis longtemps maintenant.

- "Arum, vos vêtements sont prêts, veuillez vous changer. Quant à toi Rui, prépare-toi également. Le jeune prince et toi allez être en retard !". C'était Hulya, la sage-femme qui seize années auparavant, se tenait auprès de la reine mettant au monde le jeune Arum. Celle-ci fût ordonné d'éduquer le jeune prince dans une petite maison discrète en périphérie du palais, ce privilège permit à son fils Rui de bénéficier d'une bonne éducation puisqu'il suivait les mêmes enseignements qu'Arum. Le destin de Rui était tout tracé, il devra rester fidèle à Arum jusqu'à son dernier souffle. Personne ne comprenait pourquoi Arum ne vivait pas au sein du palais mais personne n'osait contester un ordre du roi. C'est pour cela que tous les matins, Arum et Rui se rendent au Palais où différents professeurs particuliers les attendent. Chaque jour, les deux jeunes hommes ont un emploi du temps très chargé, une éducation à l'image des responsabilités qui leur seront imposées. 

-"Arum dépêches-toi !" criait Rui en tambourinant à la porte de la chambre d'Arum. 
Hulya n'aimait pas que Rui tutoie Arum mais que pouvait-elle y faire, ils avaient grandis ensemble et il avait pris cette habitude, cependant elle insistait pour qu'il ne fasse pas cette erreur à l'intérieur du Palais. 
Bien qu'ayant prit soin de son fils et du prince de la même façon, Hulya gardait tout de même une distance et un respect distincts pour le prince et ce, depuis tout petit. Elle ne faisait pas avec lui ce qu'elle considérait  inapproprié comme le toucher inutilement ou le réprimander de façon trop sévère. Elle maintenait avec Arum une barrière, non pas rigide, mais de respect qu'elle n'osait pas franchir. Cela, Arum le savait, il l'a surtout compris à ses cinq ans, quand intrigué par les rires incessants de Rui, il voulu rejoindre le jeu de chatouilles qu'Hulya avait arrêté nettement en raison de sa tentative. Hulya aimait énormément Arum mais son statut de simple servante la paralysait et elle savait ce qu'elle risquait si elle dépassait les limites. Et cela même si elle ne vivait pas dans le Palais même. Elle faisait de son mieux pour prendre soin de ces deux garçons et ce qui la rassurait c'est qu'ils s'entendaient bien. En vérité, c'était plutôt Rui qui initiait le contact avec Arum, il ne voulait rien faire sans lui et le cherchait lorsqu'il n'était pas dans son champs de vision. Il était un peu celui qui arrivait à passer la carapace d'Arum, celui qui avait la possibilité d'entrer en contact et de percer la bulle qu'Arum instaurait autour de lui par son silence et sa solitude. Arum n'avait pas l'air malheureux, au contraire, il lui arrivait de sourire et de s'amuser mais ce n'était qu'en présence de Rui. Il parlait rarement, et ce n'était que par nécessité. Pourtant, Rui disait qu'il leur arrivait d'avoir de longues discussions. Rui offrait un monde différent à Arum et il voyait Arum différemment des autres. Ils avaient un lien exclusif. 







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