SoleÐad.

Jack.

« -JACK DEPECHE TOI, TON PERE VA SE FACHER, IL T'ATTEND DEPUIS UNE DEMIE HEURE AU GARAGE!

- OUI MAMAN J'ARRIVE! »

Panne d'oreiller dès l'premier jour, ça, c'est vraiment pas d'chatte, ouais, c'est l'cas d'le dire. Papa va encore m'gueuler dessus et m'faire faire une interminable série d'pompes pour bâtir le GRAND homme qu'un jour je serai. Résultat? J'pourrais même pas toucher ces foutues bagnoles pour lesquelles il m'demande toujours d'être à l'heure. Notre relation père-fils est vraiment pas top.. merde, j'ai la gaule. Putain de bordel de merde, ça va prendre plus de temps qu'prévu. Bref, mon vieux m'voit comme le fils qui va reprendre l'entreprise familliale et patati et patata, donc autant vous dire qu'à ses yeux, ce sera ça ou rien. J'peux laisser tomber mes rêves de gloire..

« - JACK GROUILLE!

- PUTAIN MAMAN J'AI LA GAULE, J'Y PEUX RIEN MOI MERDE!

- Oh... BON BAH CALME CA VITE SINON TU VAS T'TAPER TOUT C'QUE TU DETESTES HEIN

- Ouais, ouais. »

Là, j'dois vous laisser, j'dois calmer ce p'tit problème masculin laul. On s'retrouve après, j'vais devoir y aller.

Bon bah voilà, y'est 20h, j'rentre enfin. J'en peux plus, j'ai eu l'droit à environ 80 tractions et 200 pompes. Mon père me tue. Et l'pire dans tout ça, c'est qu'on s'est encore embrouillé. Il a recommencé avec son histoire d'héritage de l'entreprise et j'ai montré mon désaccord, m'voyez. Il a pas voulu m'écouter, sois-disant qu'la danse c'est pour les p'tites minettes. Ah et aimer les gars, c'est réservé aux filles p't'être? Ah oui, parce que pour couronner le tout, j'suis pd, ça vous choque? J'comprends, ça choque tout l'monde et ça choquerait encore plus mon père, luiiii qui m'imagine comme le très viril bonhomme des bons vieux matchs de rugby. Ouais bah nan, j'suis rien d'tout ça moi. Mais bon, y'a qu'mon père qui l'sait pas. Au lycée, les gens font qu'parler d'moi d'puis que j'me suis confessé à Jim, l'capitaine d'basket. Quelle erreur! Ca s'est fini en seau d'eau sur la tronche et insultes en tout genre. Puis, vous savez, les rumeurs défilent rapidement par ici. Bon allez, y'est tard, j'm'en vais m'coucher, j'tiens pas à m'faire frapper toute la soirée.

Voilà, midi, l'heure du carnage. Pendant qu'tous les gamins mangeront tranquillement en parlant d'leurs amours ou d'leurs p'tits boulots, moi, j'vais d'voir manger avec ces cons qui vont encore bien m'humilier. Oh puis, qu'ils s'fassent plaisir. J'en ai rien à battre de toute manière. 

Ca y'est, j'rentre enfin à la maison. Ma journée est finie, enfin presque. Pendant l'aprèm, j'ai décidé d'm'inscrire à un concours à Londres, histoire qu'on évalue mes capacités et que j'puisse pousser l'bouchon un peu plus haut. Inscription qui risque de tomber à l'eau grâce aux supers idéaux d'mon papa. Gab est venue m'accompagner, histoire d'argumenter. Papa l'a toujours bien kiffé, puis, j'partirai avec elle à Londres alors, j'veux pas râter ça. 

« Hey Jo', ça roule?

- Gabrielle, ma chérie, ça fait longtemps!

- Ouaip, écoutez.. moi et votre fils, on a quelque chose à vous d'mander. Dîtes pas non tout d'suite, ayez l'respect d'prendre en compte notre ressenti au moins une fois.

- Comment pourrais-je refuser venant de toi aha? J'vous écoute.

- Bon bah voilà papa, t'es très bien placé pour connaître l'importance qu'a la danse dans ma vie et.. fin, j'ai décidé d'participer à un concours avec Gab.

- QUOI?!

- T'as très bien compris pap's, j'me casse à Londres l'été prochain. Jusque là, j'vais devoir bosser à fond mais.. j'ai b'soin d'ton accord. S'il te plaît.. accepte.

- Jack, combien de fois j'devrais te dire qu'la danse restera une passion dans ta vie et qu'mon p'tit, tu vas devenir l'plus grands des mécaniciens et fonder une belle p'tite famille avec ta femme qui t'attendra chaque soir.

- Ah ouais au fait aussi... JE SUIS GAY PAPA, J'EN AI RIEN A FOUTRE, J'AURAI PAS D'FEMME.

- On plaisante pas avec ça fiston. Ne m'provoque pas en essayant d'gâcher mes plans comme ça.

- C'est pourtant vrai Mr. Riff, Jack.. aime les mecs. Faut pas lui en vouloir, les chattes, c'est pas son truc m'voyez. Faut l'comprendre. Puis la danse, c'est son rêve, laissez-le être c'qu'il veut être, non?

- Assez. Tu d'viens débile aussi toi.

- Mais..

- Pap's, si j'perds le concours, alors j'me résignerai à devenir pro et.. j'vivrai la vie parfaite qu't'as décidé pour moi. Promis. Mais laisse-moi essayer, laisse-moi te montrer qu'j'en suis capable.

- Et tu refouleras ton orientation dégueulasse?

- Mais.. papa..

- Y'A PAS D'MAIS! J't'ai pas éduqué comme ça moi, j'ai pas voulu qu'tu deviennes c'genre de tarlouze. Ton père veut des p'tits enfants. C'pas d'ma faute alors c'est tout ou rien. Et c'est l'cas d'le dire cette fois.

- D'accord. Ta tarlouze de fils va t'montrer qu'pour danser, y'en faut des gros bras. Allez viens Gab, on s'tire, on a un concours qui définira l'reste d'mon avenir. »