1.

912 87 14
                                    

Suguru était parti hier.

Ou avant hier, il ne savait plus.

Satoru avait l'impression d'avoir été plongé dans un brouillard. Épaisseur. Profondeur. Le temps ne défilait plus de la même manière. Tout était accéléré et en même temps d'une lenteur insupportable. Une sorte de torpeur s'était emparée de lui.

Satoru n'avait rien avalé depuis qu'il était parti. Il. Gojo n'arrivait plus à prononcer son nom. De toute façon même le plus succulent des festins ne lui donnait plus envie. Sa gorge était trop nouée pour parler et le jeune homme s'était contenté de se taire. Ce qui n'arrivait jamais avec Gōjō Satoru.

Il n'avait pas croisé Shoko et même si ça avait été le cas, il n'aurai pas eut la force de lui adresser la parole. Satoru ne voulait voir personne. La seule et unique personne qui devait rester avec lui s'en était allée, Satoru avait le cœur brisé et une rage froide était à deux doigts de le submerger.

Depuis deux jours, il ne paraissait être qu'en colère. C'était comme si le sentiment l'avait envahi pour créer son propre fléau. La frontière entre ses convictions et celles des autres étaient en train d'imploser. Avant, Satoru était sûr de la route qu'il avait décidé de suivre.

Maintenant, cette route il avait juste envie de la faire exploser. De tout faire exploser. De toute façon il s'en fichait. Plus rien ne comptait. Pourquoi faire ? Pourquoi se préoccuper de ses congénères beaucoup, beaucoup, beaucoup plus inférieurs que lui ? Ils étaient tous, tous, inférieurs.

Suguru Geto était inférieur. D'ailleurs pourquoi ne lui avait-il accordé ne serait-ce qu'un regard ?

Personne ne mérite d'être à ses côtés.

Satoru se renferme sur lui même, sur son arrogance. Parce qu'il n'arrive pas à voir que c'est sa faute. Sa faute pour l'avoir laissé partir. Sa faute de n'avoir pas remarqué la dépression de Suguru.

Sa faute.

Maintenant, Satoru n'a plus l'imptession d'exister. Mais il en a besoin. Il a besoin de se sentir aimé, admiré, idolatré. C'est comme si il devenait aveugle. Aveuglé par son cœur brisé.

Si il le voulait vraiment, il pourrait retrouver Geto et le tuer.

Mais Satoru en est tout simplement incapable. Alors ce matin, Gojo décida de se lever. Il décida de quitter sa chambre qui avait servie d'isoloir, de lieu de deuil.

Suguru ne lui avait pas donné ce qu'il méritait. Parce que, oui ! Satoru méritait tellement, tellement plus !

Ce matin, un sourire aux lèvres, Satoru était retourné en cours sous les regards médusés de ses camarades. Ce matin, il avait lui-même débarrassé la table et la chaise qu'utilisait Suguru. Un simple sort avait suffit à détruire les meubles en simples brindilles.

Ce matin, Satoru avait décidé que rien à part lui-même et ses propres convictions ne comptait. À quoi bon être triste ?

Il vivra avec la douleur, parce que dans ce monde, il est un dieu.

ʙʟᴀᴄᴋ (Jujutsu Kaisen) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant