Fallen

Chapitre 2: 17/09/14

Fallen

Chapitre 2 : Observations et obsessions

Pretend it's ok - Little Mix

Elle m'énerve. Elle m'exaspère. Elle me tape sur le système. Elle me repousse. Elle m'obsède.

Elle se conduit comme si il ne s'était rien passé, du moins en apparence.
J'ai tout fait pour essayer de l'approcher, à chaque fois de manière silencieuse, et plus ou moins subtile elle m'a repoussé. Elle s'imagine sans doute qu' au bout d'un moment je vais me lasser. Ou la snober. Peut être même pense-t-elle que à cause de sa froideur et de sa distance je vais passer à autre chose. Elle se trompe. Ses refus, son obstination, sa froideur, ne font qu'une chose, m'obséder.
Peut être que si le lendemain elle était venue me parler tout aurait été différent. Peut être. Mais elle ne l'a pas fait.
Malgré mon passé et ma condition, je ressens des choses. Je ne suis pas un être éloigné de tout, vivant dans la béatitude. C'est pour cela que comme pour chacun des êtres peuplant cette planète, je veux ce que je ne peux pas avoir. Je veux Emily Davies. Je veux lui parler. Je veux l'aider.

Ça fait 9 jours maintenant. Neufs jours pendant lesquels je suis venu en cours uniquement pour lui parler ou au moins voir si elle allait bien. Je crois que ça ne m'était jamais arrivé. Alors, certes je n'assiste que à 3 cours par jour mais quand même. Je dois aller à 6 cours au total sur une semaine d'habitude. Je commence à comprendre pourquoi les jeunes de la fac son crevés tout le temps. Et dire que certains assistent à tout les cours tout les jours. Si il n'y a pas de quelconque drogues derrière, sincèrement je les vénères. Trois heures de cours par jour sans oublier 4 heures de travail à la librairie tout les soirs c'est déjà trop pour moi. Le seul point positif, c'est que maintenant quand je rentre chez moi le soir, je suis tellement fatigué que je ne me demande même plus si je fais nuit blanche devant la télé ou une soirée en boîte. Je prends la première chose comestible et je saute dans mon lit.

La raison qui me pousse à continuer ce rythme "éffréné", c'est Davies, Par ce que je m'inquiète pour elle.
Si moi je suis à demi-mort de fatigue, elle, l'est complètement.
Comment je le sais en ne lui ayant pas parlé depuis 9 jours?
Avant l' "incident", j'avais beau ne lui avoir jamais parlé, de vue je la connaissais. Ma place est tout en haut de l'amphithéâtre, tout au milieu (en début d'année j'ai exprès compté les places de la rangée pour être sur que je sois bel et bien au milieu. Ceci est sérieux.). Davies elle, est au premier rang, dans mon prolongement, donc tout au milieu. Je suis sur qu'elle aussi elle a compté les places. Je lui demanderais.
Pour en revenir à Davies, habituellement je décroche du cours au bout de 45 minutes. Les 45 minutes suivantes je joue à Candy Crush, je lis, ou j'observe. Les quelques fois où mon regard s'est posé sur elle, je l'ai vu, rigoler avec des amies, ou ranger ses affaires dans un désordre ordonné ou encore concentrer comme si le prof était en train de lui révéler le sens de la vie.
Elle était ce que j'aurais aimé être.
Maintenant, cette personne n'a plus rien à voir avec "ma" Emily.

De jours en jours, j'ai l'impression qu'elle est en train de mourir un peu plus .
Elle n'y arrive plus, à tout caché.
Elle ne participe plus, ne travaille plus, elle prend des notes quand elle ne pleure pas en silence.
Je l'ai longuement observé ces derniers jours. Elle fait toujours les mêmes gestes. Elle cherche une place, loin vers le fond alors qu'avant elle était au premier rang. Elle sort une trousse et des feuilles. Et elle griffonne de temps en temps quelque chose sur le papier. Puis elle part.
Déjà, le simple fait de la voir agir comme ça me fait mal, mais le plus douloureux c'est quand je la regarde, elle. Avant, Emily Davies était le genre de filles qui avait toujours une tenue propre et impeccable, féminine mais sans aucune vulgarité, les cheveux proprement attachés en queue de cheval, le teint frais, et le visage souriant, elle renvoyait à tout les gens qu'elle croisait, une image modèle.
La Emily actuelle, laisse pendre ses cheveux en désordre, porte des sweats et des baskets, et semble en dépression, le teint blanc, et les yeux tristes.
Ses yeux, personne ne peut imaginer à quel point je déteste les croiser. Des yeux verts, remplis de larmes, qui vous regardent fixement, le tout souligné de cernes creusées et violettes. Je déteste ce regard.