#8 You can call me AJ

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[Note de l'auteure] Et voilà un petit Modern AU pour Raffles et Bunny. Attention, il y a des mentions d'homophobie dans un contexte sportif.

🖭

Sans la générosité d'un ami, je n'aurais pu me permettre un billet pour le match de cricket cet après-midi. Jim avait toujours été un bon camarade, et je regrettait de l'avoir un peu perdu de vue. Je savais qu'il était devenu pharmacien, alors que je n'avais jamais achevé mes études supérieures, et qu'il avait été sérieux au moment ou j'avais été fêtard. Que se serait-il passé si nous ne nous étions pas quitté après l'école? eh bien, je n'aurais pas suivit ce chemin-là, je suppose. Je me serais contenté de l'amitié de Jim et je n'aurais pas cherché plus loin - et, certainement, je n'aurais pas fait toutes ces choses pour des "amis" de l'université, qui m'ont entrainé dans des tournois de poker et dans des nuits entière à jouer au casino en ligne, pour finalement me tourner le dos une fois que je n'ai plus pu payer mes frais de scolarité.

Et voilà que quelques années plus tard, Jim m'envoie un message privé, et me demande des nouvelles. Je lui ment un peu, et lui raconte comment se passe mon petit boulot (j'ai été viré la semaine passée, mais ça, je ne le lui dit pas). De fil en aiguille, apprenant que je n'ai même plus vraiment de hobby (ça coûte cher! et, eh bien, j'essaie toujours de me refaire au casino), il me propose une place pour le match qu'il a reçu de son patron... il ne comptait pas y aller, de toute manière. J'accepte, évidemment. Ce sera probablement la dernière fois que je pourrais sortir un peu, car à la fin du mois, je ne pourrais pas payer mon loyer, et je n'aurais plus qu'à disparaître dans les rues anonymes où se perdent ceux qui n'ont plus rien.

Je noue ma cravate et enfile mon dernier costume. J'ai bien fait de le garder jusque là, mais j'irais le vendre lundi dans une friperie qui a déjà racheté la moitié de ma garde robe. Pour rentabiliser mon trajet, je prends quelques disques avec moi, je les déposerai au disquaire, cela remboursera peut-être le ticket de métro. Le reste, je le jouerais, sans doute.

Il n'y a plus grand chose à vendre. J'avais constitué ma collection durant mes années d'études, quand j'avais encore sur mon compte la quasi totalité de ce que mes parents m'avaient légués. J'avais déjà revendu la platine et les disques auxquels je n'étais pas vraiment attaché. Mais il faudrait bien se résoudre et se débarrasser de mes albums préférés.

Adieu, A Night at the Opera. A un de ses jours, Once Upon a Time. Auf Wiedersehen, Autobanh. Ma main se pose sur Graceland, et le souvenir d'un autre match de cricket m'emporta dix ans dans le passé. Je secouais la tête pour revenir au présent.

Il attendra la semaine prochaine. Je laissai aussi Super Trouper. On est jamais assez désespéré au point de se débarrasser d'Abba, n'est-ce pas?

Je vérifie ma montre, et il était temps de partir si je voulais passer au magasin avant d'aller au match. Heureusement, j'avais encore mon téléphone et une paire d'écouteurs, et je lançais la musique dès que la porte fut fermée.

Mes souvenirs m'accompagnent pour supporter le voyage en métro au milieux des gens qui s'entassent. Je pouvait presque sentir l'air sur mon visage et l'odeur d'herbe grasse.

L'école était... eh bien, sympa, je suppose. J'étais le plus petit de ma promotion, et sans doute le plus jeune pensionnaire. On m'a volé mon lecteur mp3 la première semaine, mais Jim, mon voisin de dortoir, a prévenu un grand garçon de 6ème qui passait par là. Il l'a récupéré, et m'a fait un sourire... Oh, dieu, son sourire. C'était lumineux et ma vie s'en est retrouvé éblouie.

Il m'a dit de venir le voir jouer au cricket. C'était le capitaine des Onze, mais je l'ignorait. Après le match, ou il avait brillé, il m'a demandé de le récompenser en me faisant écouter un peu de musique sur mon lecteur mp3. Je ne pouvait pas refuser.

Recueil d'OS - Raffles, cambrioleur amateurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant