Special

sens dessus dessous

J'avais vu un visage étrange cettenuit, une fille aux yeux noirs. Un sourire me revenait vaguement,mais derrière j'apercevais une peau meurtrie... comme rongée pardes plantes... dévorée par des branches. Il eut de nouveau cettelueur orange et ce garçon qui chuchotait.

J'ouvris enfin les yeux. Le soufflecourt, terrifié par ce cauchemar.

Je reprenais difficilement mes esprits,allongé dans mon lit. Je me sentais vraiment bizarre. J'avaisbesoin de sortir d'ici. La pièce baignait dans l'obscurité,mais un rayon de lumière me réchauffa la joue. Le cœur qui battaitencore la chamade, je me redressais avec du mal sur le matelas. Matête me lançait d'une douleur sans nom. Je n'y voyais pasgrand-chose, mais... l'endroit était inhabituel... J'étais pasdans ma chambre ?

D'un bond je quittai le lit, fouillantmes poches pour chercher mon portable, je n'avais rien. Aucun sac,ni manteau, ni chaussure pourtant j'avais mon jean et mon pull dela veille. Mes souvenirs étaient vagues, je ne comprenais pas oùj'étais ni comment je m'étais retrouvé ici. Je m'approchaisde la fenêtre pour y ouvrir les volets.

J'étais à l'étage d'une maison,l'horizon ne m'offrait rien de bon. Quelques arbres, des champset un bâtiment au loin... Aucun immeuble, rien. Rien qui pouvait merappeler que j'étais chez moi. Le soleil se couchait ou se levait.Je ne savais pas, mes derniers souvenirs remontaient à cette soiréeavec Emma, mais c'était un cauchemar ? Je venais bien de rêverde tout ça ?

Et où était Emma ?

Une fois la pièce éclairée, je voulaisfaire le vide pour ne pas mourir d'une crise de panique. J'étaiscoincé dans une petite chambre à peine décorée. Le lit étaitprès de l'unique porte, ma veste était posée sur un bureau, meschaussures à côté, mais pas de trace de mon sac. Dans laprécipitation et sans réfléchir, j'attrapais mes affaires, maisma tête se mit à tourner, pris d'un vertige, je me rattrapai dejustesse à la chaise. La douleur me lançait encore et en touchantmon crâne je sentais un bandeau sous mes cheveux. J'étaisblessé ?

Concentré à comprendre la situation et àme rhabiller rapidement, je n'entendis pas les pas quis'approchèrent de la chambre. Quand la porte s'ouvrit,l'angoisse m'étrangla. Qui était là ? Une femme entra sanss'annoncer, c'était l'inconnue de mon cauchemar !

Sa peau foncée, ses yeux noirs, sa sigrande taille. Je ne pouvais pas oublier son visage, pourtant ilm'était à peine familier. C'était elle, elle qui s'illuminaitde cette lumière orange. Elle tenait mon sac à dos.

— Tu es réveillé ?demanda-t-elle, pas surprise de me voir ici. C'est bien. Tu asbeaucoup dormi, on s'est inquiété pour ta santé.

— Beaucoup dormi ? On ?

Il n'eut aucun autre mot qui s'échappade ma bouche.

— Je pensais que t'allaisdépasser les vingt-quatre heures, après ton mauvais coup sur latête. T'es Miguel, c'est ça ?

Vingt-quatre heures ? J'avais dormiune journée entière ? De nouvelles questions venaient se mélangerdans ma tête. Je devais rentrer, mon père devait mourird'inquiétude ! Il n'avait pas l'habitude que je passe lanuit dehors, alors si en plus il n'était pas prévenu.

— Je... Comment... Pourquoi je suisici ? Je dois rentrer chez moi !

Elle soupira, posant mon sac et desaffaires sur le lit. La brune alla s'installer sur le siège aufond de la chambre près de la fenêtre, complètement à mon opposé.Elle me laissait le champ libre pour fuir jusqu'à la porte. Ellene me retenait pas ?

— Écoute... Si tu es ici, c'estpour ton bien. Tu te souviens de ce qu'il s'est passé hiersoir ? Ton amie, les trois types chelous ? Tu dois bien t'ensouvenir ?