Le premier million fut facile à bâtir. Larry Melone troisième du nom soupira. La fortune commençait à prendre forme. Un empire immobilier, des lofts aux grappes immenses. Partout dans le monde. Des styles différents, un design épuré, un confort absolument exceptionnel. De la maison, aux dimensions larges, jusqu'au luxueux immeuble industriel... Chaque étape était soigneusement suivie par un professionnel. Très largement rémunéré, mais dont la disponibilité était aléatoire, fêtes et week-ends inclus. La durée de chaque journée pouvait être réduite ou supérieure à huit heures complètes.
Il travaillait actuellement sur un projet de construction d'une cité de maisons de caractère. Il y tenait. Viendrait ensuite un groupe de maisons de vacances pour les plus fous et les plus riches d'Europe. Alliant les loisirs des enfants au plaisir des adultes. Situé dans des zones désertes. Il ne ferait aucune publicité. Exigerait la préservation absolue du site.
Il passait beaucoup de temps à étudier les mœurs de ses concitoyens. Il passait d'une émotion à l'autre.
Son téléphone résonna. C'était William Boot, un des chargés de mission. Jeune homme très prometteur.
" il y a un souci... Je ne parviens pas à ouvrir le fichier joint à votre mail de ce matin...
- Concernant la baie ?
- Oui...
- Je vais le renvoyer par fax... Ne vous inquiétez pas !"
Quelques politesses plus tard, les sourcils froncés, Larry raccrocha.
Ce genre de chose était préoccupant, la société de messagerie privée remplissant tous les critères de sécurité.
Nellie's messenger était une référence. Une erreur était quasiment impossible.
Larry se tourna vers la fenêtre. Il plongea en contrebas. Les piétons pressés. Les serpents lumineux zigzagant sans fin. De temps en temps les feux ralentissaient ce petit monde.
Une fois le fax envoyé et réceptionné, Larry se servit à boire. Un alcool velouté et froid.
Le téléphone sonna à nouveau.
C'était William. Il confirma la bonne transmission.
" Je m'y mets de suite, patron !
- Votre dévouement vous honore, William. Je saurai m'en souvenir. Ne rentrez pas trop tard. Je suis sûr que vous êtes attendu."
À l'autre bout du fil, William sourit. Jessie Goldmark l'attendait. Une grande jeune femme, métissée. Avocate d'affaires. Très réputée. Au-delà des frontières.
Ils s'étaient connus lors d'une conférence de presse à l'hôtel Charles. Et ne s'étaient pas quittés en-dehors des motifs professionnels.
À leurs yeux rien de plus beau que l'amour. Aux yeux des autres bien sûr leur histoire passait pour une simple histoire de sexe.
