Chapitre 1 : Le déménagement

65 3 1
                                    

- Histoire basée et inspirée sur des faits réels-

J'ai retrouvé une ancienne photo de mon père et moi, en déballant mes cartons. Je devais avoir huit ans, pas plus. Cela fait déjà onze ans. Onze ans, et le décor de la maison n'avait absolument pas changé. Toujours les mêmes vases que maman avait acheté lors de ses innombrables voyages en Italie, la même table de salon qui avait connu les jouets de ma sœur et de moi-même. C'est dans ces moments que je me rends compte à quel point je suis nostalgique de ma famille. Que malgré toutes les disputes, tous les petits mots que l'on trouve toujours à se dire, il y a toujours une part de nostalgique lorsque l'on est loin d'eux. Cela fait maintenant deux jours que j'ai emménagé ici, dans cet appartement à Washington, pas bien loin de l'Université où je vais étudier dans quatre jours précisément. Et ces deux jours me semblent déjà une infinité.. Je ne sais pas comment je vais faire pour rester ici pendant des années, sans mes parents et ma sœur. Je sais pertinemment que je vais les revoir pendant les vacances, que je fêterai toutes les fêtes de l'année avec eux. Mais, nous sommes seulement au mois de septembre.. Et décembre me semble tellement loin.
Je suis déjà en train d'écrire des lettres, que j'enverrai à la fin de la semaine. Je me suis promise d'envoyer au moins une lettre chaque semaine, pour qu'ils sachent comment je vais, et surtout pour que moi je sache comment ils vont. Je leur téléphone quand la ligne ne me joue pas des tours, quand le téléphone ne se coupe pas au beau milieu d'une phrase. Ma mère me répète sans cesse :
- N'oublie pas de bien ranger tes affaires, de prendre soin de ton petit espace !
- « Oui maman, ne t'inquiète pas »est la réponse que je lui donne à chaque fois.
Mon père, quand à lui, se préoccupe plus de l'argent, de la manière dont je le gère.
- Ne dépense pas trop d'argent dans les vêtements, n'oublie pas de compter combien il te reste, les livres d'école vont te coûter cher !
Je pourrai presque citer sans faute les phrases qu'il me sort à chaque fois, et même avant que j'emménage ici, il me les disait déjà..
Ma sœur, ah, ma soeur... Elle doit probablement être l'être que j'aime le plus. Elle est un peu plus jeune que moi, elle est âgée de dix-sept ans. Son plus grand rêve serait de devenir médecin, ce que je lui certifie à longueur de journée qu'elle sera, pour qu'elle ne perde jamais espoir.
Lors des appels téléphoniques avec les parents, elle vient toujours s'incruster pour me lâcher une petite phrase telle que « tu vas bien ? », « comment c'est, à Washington », « les gens sont gentils avec toi? », « tu t'y sens bien? ».
J'adore lui répondre positivement, en lui disant :
- T'inquiète pas petite sœur, tout va bien. Mais je mentirai si je n'avouais pas que tout irait encore mieux avec toi à mes côtés !
Je sais deviner à travers le téléphone qu'elle sourit.

Dans mes cartons que j'ai à moitié déballés, je retrouve des objets que j'avais presque oubliés : des bijoux, des photos, des cahiers, des dessins,.. J'ai la larme à l'œil quand je repense aux souvenirs. Tout ce que je faisais quand j'étais petite, toutes les fêtes qui étaient magiques à mes yeux. Revoir ces objets qui étaient si précieux quand j'étais jeune me fait prendre conscience que la vie est tellement mieux lorsque l'on est jeune.. Et aujourd'hui, je suis ici, à Washington, pour vivre ma vie d'adulte.

Il est 22 heures. Je décide donc d'aller me coucher, pour recommencer un rythme scolaire que je dois reprendre aussitôt. Mais l'endormissement est plus difficile que prévu, je n'arrive pas à dormir. J'ai toutes ses pensées qui traversent mon esprit, aussi vite l'une que l'autre : « Qu'est ce qu'il va se passer quand je vais rentrer à l'école ? » « Est ce que des gens vont venir me parler ? » « Comment vais-je me faire des amis ? » « Comment vont se poursuivre les cours ? », et surtout, celle qui ne veut pas me lâcher « Vais-je réussir ? ». Oui, vais-je réussir. Cette question qui me trotte dans la tête à longueur de journée. Je suis la première à dire aux autres qu'ils en sont capables, qu'ils vont réussir. Mais je suis également la première à me rabaisser, et à me décourager avant même d'avoir commencer quelque chose. Pour le coup, je me décourage extrêmement fort et vite. Je me demande si les études de psychologie sont vraiment faites pour moi, si je suis capable de suivre des cours dans un amphithéâtre pendant cinq ans. Je suis là, allongée dans mon lit, en train de pleurer, en faisant défiler toutes les pensées négatives sur ma manière d'apprendre et d'étudier. Je me sens mal, j'appréhende la rentrée. Je pense que mes larmes viennent de toutes ces épreuves que je vis depuis le début de mon déménagement. Je ne sais ni trop quoi faire, ni trop quoi penser. Je suis pommée dans une ville que je ne connais pas, sans ma famille et sans la moindre indication de comment va se dérouler mon année scolaire. Je finis par m'endormir au bout d'une trentaine de minutes, fatiguée d'avoir pleuré.

Je sais que le réveil va être dur, étant donné qu'il ne restera plus qu'un jour avant la rentrée. J'ai dormi huit heures, pour finalement me réveiller déboussolée de la soirée d'hier. Je soupire, en pensant à ce qui m'attend le lendemain. Je me lève d'un air nonchalant et je prépare le café en examinant chaque recoin de mon appartement.
Trois chaises très éloignées l'une de l'autre, une petite table au milieu de la pièce, une petite télévision mais qui reste visible, un meuble vert et un four en guise de cuisine sont les éléments que je puisse voir de là où je suis. La bouilloire siffle, ce qui fit changer mon regard de direction. Je me sers un café, par mégarde, j'en renverse un peu sur le sol. Je m'assieds et je lis le journal. Comme gros titre, je vois

Nouvelle rentrée pour les étudiants à l'Université

Je jette le journal par terre, ce qui fit un minuscule bruit. Je bois mon café, énervée, car j'avais enfin réussi à penser à autre chose que cette rentrée qui me hantait l'esprit, jusqu'à ce que je lise ce foutu journal. Après avoir rapidement bu ce café, je décide d'aller prendre une douche, d'enfiler mes vêtements et de sortir un peu dans les environs pour voir quel genre d'activités réserve cette jolie ville.

Je me balade, d'un pas calme, dans les rues qui bordent mon appartement. Je peux voir de jolis magasins de toute sorte : des habits, de la nourriture, des supermarchés, des coiffeurs. Mais celui qui attire mon attention, c'est ce magasin qui est spécialement dédié aux futurs étudiants de l'Université de Washington. Je décide d'y rentrer, malgré moi. Je peux constater plusieurs sortes d'habits : des robes, des jupes, des pantalons, des chemises, des cravates, des chaussettes, des paires de chaussures,.. J'ai toujours pensé que dans ce genre d'école, on portait l'uniforme imposé. Mais ce magasin était la preuve du contraire. Je trouve une tenue particulièrement jolie, une petite robe bleue et blanche qui s'assemblerait assez bien avec une paire de chaussures bleues et des hautes chaussettes blanches.
Je décide donc de demander au vendeur
- Excusez moi, pourrais-je essayer cette tenue s'il vous plaît ?
- Avec plaisir chère dame, me répondit-il avec une telle assurance.

Je rentre dans la cabine d'essayage, enfile la tenue et me regarde dans le miroir. Je trouve la tenue très jolie, ce qui me donne un sentiment de confiance et d'assurance. Je souris bêtement en voyant mon reflet, j'arrive à m'imaginer vêtue de cette manière pour aller en cours.
Je sors de la cabine d'essayage, et je dis en faisant un signe de tête
- Oui. Je vais vous prendre cette tenue

Le vendeur, avec un grand sourire, me répond

- Je suis heureux qu'elle vous plaise. Je vous souhaite une belle rentrée. Que tout se passe bien pour vous.

Je sors du magasin, retrace le chemin jusqu'à mon appartement. Dès que j'y arrive, je repasse et j'accroche sur un cintre ma belle tenue que je porterai demain. Je la regarde pendant quelques secondes, fermant les yeux juste après. Je m'imagine. Je m'imagine moi, devant l'établissement, souriante et confiante, devant tous les élèves que je vais rencontrer. Je m'imagine en train de parler à des dizaines de filles, des garçons aussi. Je m'imagine en train de parler aux professeurs, et de les épater en leur décrivant pourquoi je souhaite devenir psychologue. Je m'imagine parler pendant des heures et des heures à un charmant jeune homme que j'ai rencontré le jour même, je lui raconte pourquoi la psychologie m'intéresse autant, en écoutant pourquoi elle lui passionne également. Je m'imagine en train de tomber amoureuse, et de vivre une vie épanouie aux côtés de quelqu'un que j'aurais rencontré, qui est aussi passionné que moi.
Quelques minutes plus tard, je réouvre les yeux, me rendant compte que ce n'était que le fruit de mon imagination. Je soupire, me disant que ça ne se réalisera peut-être jamais. Puis, je repense à toutes ces fois où je me suis dit ça. Et à toutes ces fois où les choses se sont ensuite réalisées. Alors, je souris, en me disant que cette fois, avec un peu de chance, sera la bonne, et qu'elle se réalisera.
Le seul moyen de le savoir, c'est de franchir le pas. Et ce pas, je le franchirai demain.

L'étudiant près de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant