- Chapitre 1 -

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 Lundi 30 novembre

- Lucie ?!

Le nez plongé dans mon livre, je ne fais pas attention à ce qu'il se passe autour de moi jusqu'à ce que le barista se mette à hurler mon prénom. En m'avançant vers lui, je constate que plusieurs personnes me regardent avec un air peu aimable, tout en secouant la tête. Quand arrive le moment où je croise les yeux du barista, je remarque son regard noir plein de reproches. Il m'a appelé plus d'une fois, c'est sûr.

C'est un marchand de boissons chaudes qui se trouve dans une petite maison en bois au coin d'une rue. Et en ces jours où le froid commence à s'installer rudement, j'y prends une boisson pratiquement chaque matin. Habituellement, je ne suis pas du style à être inattentive, mais je suis arrivée à un moment crucial de mon roman et je voulais le lire avant d'arriver au boulot. Je cale mon livre sous le bras, et commence à enlever mon gant pour pouvoir prendre mon gobelet, sauf qu'avec l'ambiance sympathique autour de moi, je me fais toute petite et me dépêche de déguerpir d'ici.

- Merci et bonne journée, le remercié-je en prenant mon gobelet.

En me retournant, je percute quelqu'un. Je perds instantanément l'équilibre et mon pied se met dans un trou caché sous la neige fondue. Avec mon gant qui ne tient pas grand-chose, mon gobelet tombe et projette son contenu sur ce qu'il y a autour. C'est-à-dire, les personnes qui attendent dans la file d'attente, des passants et moi.

- Mais ce n'est pas vrai, bordel !

J'ai encore les yeux écarquillés sur mon gobelet au sol quand j'entends une voix. Cette voix.

- C'est un don chez vous de toujours vous faire remarquer ?

Mon patron. Mes yeux ne peuvent pas s'ouvrir davantage. Je relève doucement la tête, et le vois s'essuyer comme il peut du bout des doigts. Je suis crispée et ne peux rien faire, rien dire. C'est une dame âgée de la file d'attente qui lui présente un mouchoir en papier pour qu'il puisse atténuer les tâches qui se forment sur le bas de son manteau long. Je regarde autour de moi, muette. Plusieurs personnes ont des tâches de chocolat chaud sur leur pantalon, leur chaussure et leur manteau. Tous ceux présents sur la scène me regardent avec des yeux de sérial killer. Quant à mon patron, si ses yeux pouvaient tuer, je serais déjà morte sur place. Cela présage une super journée.

- Vous ne regardez jamais où vous allez ? hurle-t-il.

- Mais...

- Vous attendez quoi ?! Allez travailler !

Je baisse la tête et marche sans regarder où je vais. Je me prends une ou deux personnes, ne relevant la tête qu'après quelques instants de marche intensive. Je reprends mon souffle une fois assez éloignée de lui pour qu'il ne m'entende pas.

- Mais quel enfoiré ! Comme si j'avais fait exprès de faire tomber mon gobelet !

Une mère et son enfant passant à mes côtés me dévisagent, choqués. Peut-être bien que j'ai parlé un peu fort, mais ce n'est pas une raison pour me regarder comme ça.

- Eh merde, j'ai perdu mon livre.

J'ai beau regarder sous mon bras où je l'avais calé, rien. J'ai dû le faire tomber en même temps que ma boisson. Mais si je retourne sur place, je ne suis pas sûre qu'il y soit encore. Foutue journée. Je prends une grande inspiration, réajuste mon bonnet sur mes oreilles, décide de laisser tout ça dernière moi et prends la direction du boulot.

À l'approche des fêtes de fin d'année, je suis obligée de faire un petit détour et de passer par le marché de Noël. Le matin, tout est fermé, mais de voir ces chalets, les guirlandes lumineuses un peu partout, et ces mini sapins de Noël disposés entre chaque chalet me met du baume au cœur. Je ne peux m'empêcher de sourire.

Christmas, love and be merry (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant