Les écorchés - Tome 1 : Protection (55/70 chapitres)

12 - CHARLINE

Un nouveau week-end s'annonce. Je rentre à la maison et dis à mes parents que Julie m'a invitée pour le festival de samedi prochain. Ils ont l'air aux anges d'entendre que leur fille malade et qui joue la comédie va sortir.

Je monte dans ma chambre. Quelques minutes à peine après, j'entends ma sœur monter le ton alors que ma mère lui interdit d'aller au festival. Nora râle en disant que ce n'est pas juste que je puisse y aller et pas elle. Puis le silence revient.

Je mets mon casque et allume la musique. Un des morceaux démarre et je m'allonge, le bras sous la tête. Je ferme les yeux et essaie de me détendre. Je n'ai pas eu le courage de dire à Julie que je ne veux plus être dans la troupe des pestes, que je n'ai plus rien à faire avec elles, que je ne suis plus la fille parfaite, populaire et superficielle de l'année dernière.

Ce matin, Gabriel a encore pris ma défense. Je vais finir par me dire que c'est mon ange gardien. Je souris à cette pensée. Un ange gardien super beau et attirant.

Soudain, mes pensées agréables sont réduites à néant. Un visage s'affiche dans mon esprit et mon corps se fige. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Est-ce que je dors ? Ou est-ce que je suis véritablement dans cette pièce ?

Sohan me prend la main et soupire. Je viens de lui dire que je ne suis pas prête à franchir le pas. Il semble calme mais quelque chose cloche.

─ Charline, Charline, souffle-t-il et mon cœur accélère. Tu n'es qu'une petite allumeuse !

Tandis qu'il monte le ton et se lève du canapé, mes jambes flageolent. Le visage de Sohan change.

─ Tu n'es qu'une salope qui est incapable de passer à l'action quand il le faut ! Je suis certain que Camille ne me refuserait rien !

─ Eh bien va la voir ! m'écrié-je, les larmes aux yeux.

Je réalise trop tard que ce n'était destiné qu'à une seule chose : me faire réagir. En voyant mes larmes, Sohan porte la main à la bouche et s'approche de moi.

─ Excuse-moi ma princesse, je ne voulais pas te...

Je repousse sa main. Son visage supprime son air de compassion. Il m'embrasse sans que j'ai même le temps de réagir. Je n'aime pas son baiser. Il est dégoûtant et je me sens forcée.

Je pousse son torse de mes mains et il me lâche enfin. Je sens la colère et la peur me gagner.

─ Je m'en vais, annoncé-je froidement.

Sohan secoue la tête. Comme il ne bouge pas, je choppe mon sac. Alors que je m'apprête à partir, il attrape mon bras.

─ Lâche-moi Sohan. Ça suffit. Je veux partir. Je... Je... C'est fini nous deux. Je ne veux plus te voir.

La colère me fait dire des bêtises. Mais lorsque sa main me serre le poignet, je me dis que j'ai peut-être bien fait de lui dire que c'était fini. Puis je réalise que je n'aurais pas dû le dire maintenant, pas dans sa maison.

─ Sohan, tu me fais mal ! me plains-je en pliant légèrement mes genoux pour essayer de me défaire de sa poigne.

Il ne me lâche pas et m'attire à lui. Je me débats mais il est plus fort que moi. Ses parents ne sont pas là de tout le week-end, si bien que l'on est seul. Idiote comme je suis, je n'avais pas pensé qu'il puisse avoir des sales idées derrière la tête. Je lui faisais trop confiance pour y penser.

Sohan m'embrasse de force et je le repousse. Il s'énerve et la première gifle part. Elle est violente, si violente que je suis sous le choc. Je porte la main à ma joue, terrifiée. Elle est bouillante et j'ai atrocement mal. Il ne s'excuse pas comme tout à l'heure.