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         L'hiver battait son plein peu après la soi-disant mort de Lance. Une saison plutôt froide pour Eldarya, mais rien de bien chamboulant pour la météo de ce monde. La garde était en deuil mais après des mois, finalement, le courant était passé. Bien que Valkyon et Miiko furent profondément touchés, ils passèrent outre et se concentrèrent sur leur travail à la Garde. Du côté de la jeune louve qu'était Ghisarma, elle avait pu profiter d'un moment seul avec Valkyon pour discuter de la situation. Un simple moment peu après l'annonce à Balenvia, où Valkyon avait tenté en vain de la rassurer et de lui assurer que rien de tout cela n'était de sa faute. Mais encore aujourd'hui, elle se sentait coupable, non pas de la mort de Lance mais de sa complicité dans ses actes envers Eldarya et la Terre. Observant l'horizon depuis la fenêtre de l'infirmerie. Ses pensées avaient été chamboulées alors que la jeune elfe s'occupait d'elle, assez perturbée par une crise d'angoisse qu'elle avait nié avoir - après tout, elle se sentait bien aux yeux de tous non ? Ewelein se contenta de l'observer avec un air assez inquiet mais n'en fit rien, laissant Ghisarma quitter l'infirmerie. Elle prit d'ailleurs une grande bouffée d'air, rejoignant doucement le corridor des gardes en buvant un verre d'eau qu'Ewelein lui avait tendu.

Son avancée vers sa chambre fut interrompue par la présence de Miiko et Valkyon, figeant Ghisarma alors que le duo s'approchait vers elle, dans une volonté encore inconnue que la femme n'allait pas tarder à connaître. La kitsune semblait assez nerveuse à l'idée de parler à Ghisarma, qu'elle tenait encore pour responsable dans la mort de Lance, tandis que Valkyon lui prit les devant, voyant bien que la kitsune ne se sentait pas de lui adresser la parole de sitôt.

─ Armie ? Désolé de te déranger, on a besoin de te parler. C'est à propos de Lance et...

─ Je t'ai déjà dis mon opinion sur le sujet Valkyon, tu sais bien que..

─ C'est toujours pareil avec toi Ghisarma, tu ne peux même pas faire l'effort de donner de l'espoir. En plus d'avoir conduit Lance à sa perte, voilà que tu empêches son frère d'avoir de l'espoir. Il est le seul vestige de Lance que j'ai, tu n'as donc aucune compassion pour ceux qui l'aimaient? Je l'aimais Ghisarma, je l'aimais et maintenant il n'est plus là. Tu n'es qu'une égoïste qui a préféré sauver sa peau. 

Miiko s'exprimait sous l'impulsion de la colère, les larmes aux yeux alors qu'elle se retenait presque d'attaquer physiquement Ghisarma, avant de quitter le corridor pour sa propre chambre, laissant Valkyon et Ghisarma ensemble. Cette dernière le fuyait du regard, tentant de rejoindre sa chambre alors qu'il attrapa son poignet, insistant du regard pour l'accompagner. Impuissante et croisant le regard de Valkyon, elle ne pouvait s'empêcher de fondre en larme, voyant l'espace d'un instant, cet homme qu'elle avait selon elle, perdu à tout jamais. S'effondrant dans les bras du chef de la garde d'Obsidienne, elle voyait défiler devant elle de nouveau ces épisodes qu'elle s'efforçait d'oublier. Cette scène là n'était plus qu'une scène normale pour Valkyon qui devait s'y attendre. D'un geste de son bras, il ouvrit la porte de la chambre de Ghisarma pour éviter d'attirer l'attention dans le couloir, se rendant à l'intérieur avec la louve en plein sanglots.

─ Miiko ne sait pas, ne prend pas ces reproches trop au sérieux tu sais bien qu'elle n'est simplement pas...

─ Comment peut-elle oser.. oser..

─ Armie. Si elle connaissait ton cas, je t'assurerais qu'elle comprendrait.. 

Rien ne pouvait calmer sa douleur, après tout, qui pouvait la comprendre ? Une kitsune ayant perdu un partenaire à qui elle n'avait jamais avoué aucun sentiment ? Un homme ayant perdu son frère ? Le deuxième était plus proche de la douleur qu'elle ressentait, peut-être même que la sienne était plus douloureuse, mais lui le croyait mort. Alors qu'elle, elle savait pertinemment ce qui s'était réellement passé. Après de longues minutes, les sanglots céssèrent, Ghisarma et son teint plus que blafard semblait comme inerte dans les bras de celui qui avait perdu son frère. Ne disant mot, elle observait dans le vide, seule ses mains tremblaient alors que Valkyon y déposa une paume chaude, comme rassurante. Plus rien désormais, un silence pesant alors que rien ne se passait.

Liar, liar, liar.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant