Le purgatoire

L'apparition

Brian venait de rentrer de mission, une mission en Iran qui avait duré trois mois. Il allait enfin retrouver Cynthia. Ce n’était pas sa femme, mais elle était ce qui l’encrait le plus au monde réel. Il n’avait jamais compris comment Alex parvenait à avoir une relation aussi sérieuse. Il adorait Sarah, mais étant absent la plupart du temps, avec un travail aussi dangereux, c’était inconcevable pour lui d’inquiéter une autre personne. D’autant plus, de devoir lui-même s’inquiéter pour quelqu’un d’autre. Il avait assez de choses à penser et devait déjà essayer de rester lui-même en vie. Il n’avait pas de temps pour tout ça.

Cynthia était une fille simple, il savait qu’elle voyait d’autres hommes lorsqu’il n’était pas là et puisqu’il n’était pas amoureux ça ne le dérangeait pas. D’un certain point de vue, il se disait même que ça l’arrangeait. Brian était de ces hommes qui pensent que l’amour est un frein, un problème – Pas d’attache, moins de soucis – telle était sa devise. Lorsqu’il partait à l’autre bout du monde, il n’était pas obligé de se soucier ou de penser à elle, et il ne le faisait pas.

Il prenait la sortie d’autoroute qui allait le conduire vers sa nuit de folie et de débauche lorsque son téléphone s’est mis à vibrer. C’était Sarah. Pourquoi est-ce qu’elle l’appelait ? Alex devait être rentré.

- Allô.
- Brian, c’est toi?
- Bien sûr, qui veux-tu que ce soit ?
- Brian, Alex a disparu.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Je viens de le quitter, il arrive. J’ai entendu à la radio qu’il y avait des bouchons sur la route qu’il emprunte.
- Dépêche-toi de venir ici. Je te dis qu’il a disparu !
-Ok ça va, calme-toi, j’arrive.

Il s’est fait à l’idée qu’il allait devoir abandonner la soirée hot qui trottait dans sa tête depuis des semaines. Il a fait demi-tour en trombe. Qu’est-ce que c’était encore que cette histoire.

- Sarah parle plus doucement, stp. Je ne comprends rien. Tu dis qu’il a disparu ? Il n’y a aucune maison aux alentours. Sa voiture est là, il doit être ici. Où veux-tu qu’il soit ?

Si vous me faites une blague, elle n’est décidément pas drôle, pensait-il.

Elle perdait patience. Comment Brian pouvait penser qu’elle était une si bonne actrice. Serait-elle aussi stressée pour une blague ? Pour qui est-ce qu’il la prenait.

- Tu penses que ce n’est pas la question que je me pose aussi ? Figure-toi que je n’ai pas plus de réponses que toi ! 
Elle avait commencé à hurler sans s’en apercevoir.

- Ok calme-toi, stp ! Il n’y a pas cinquante solutions. Vous avez des caméras à l’extérieur, non ?
- Oui c’est vrai, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt.
- Alors, allons-y. Il y a forcément une explication logique à tout ça.

Ils se dirigèrent vers le bureau d’Alex, c’est là que le dispositif des caméras était installé. Heureusement, Brian avait posé les même chez lui. Sarah ne savait pas du tout comment celles-ci fonctionnaient. Elle ne s’y était jamais vraiment intéressée. Elle s’était même demandée plusieurs fois si elles enregistraient réellement. Mais, ça ne l’intéressait pas le moins du monde, elle n’avait jamais pris la peine de poser la question.

Il a fallu à peine dix minutes à Brian pour trouver le fichier et rembobiner les images jusqu’à l’heure précise de la supposée disparition : 19h06.

En les voyant, Sarah est tombée de sa chaise de bureau et s’est mise à sangloter. C’était impossible. Elle refusait d’y croire, quel incroyable trucage pouvait avoir créé ces images ?

On y voyait une camionnette s’arrêter et trois personnes en sortir. Deux ont couru vers Alex et avant qu’il comprenne ce qu’il se passait, ils lui ont placé un sac sur la tête et l’ont attiré vers le véhicule.

La troisième personne s’est approchée de la caméra, a fait un sourire et envoyé un baiser.

Sarah l’avait reconnu de suite, c’était sa mère.

Sauf, qu'elle était morte depuis plus de 15 ans.