Naissance d'une légende

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Jaillissant de la terre grondante, poussant un terrible hurlement qui fait trembler le royaume entier, la succube jaillit de sous terre. La terre vient de donner naissance à Scrapsule, la Haine !

C'est dans la douleur et le chagrin que naquit la frêle créature qui rampe au sol en grognant de rage. Malgré son état, elle rampe, elle rampe parmi les piquets où les têtes de fermiers reposent désormais, leurs visage marqués par la terreur, leur langue tendue en guise de protestation, la mort ne fut jamais aussi hideuse que ce triste jour. Au loin, à la vue de la Succube endeuillée se dessine une triste scène de beuverie parmi les cadavres d'enfants et de femmes ouvertes en deux, dansent les hommes de Cessa, dieux des enfer ! Celui-ci, par sa jalousie, ravagea et souilla cette terre sainte de ce sang indélébile. Et malgré sa faible consistance la succube se relève, poussant un cri déchirant, c'est sous sa peau que les défunts s'excitent dans tous les sens, réclamant justice ! Son cri mettant alors fin à leur immonde célébration, les hommes impures l'entourent. Le visage marqué par le vice, ils s'imaginent déjà la violer en groupe.

Ils sont alors punis à la hauteur de la noirceur de leurs actes, les mains de la succube serrant fermement les deux lames qui venaient de lui être données, cadeau des défunts envers celle qui devait les délivrer de leur haine. Sans hésiter, elle déchaîne leur immortel courroux sur la carcasse adverse, créant une pluie de sang et d'organes avant de retomber au sol, ses jambes tremblantes ne pouvant la porter davantage.

Et elle rampe, elle rampe encore et encore et cela malgré le sol qui lui déchire la peau, elle n'en n'a que faire. La haine guide ses actes tandis que le chagrin lui dit où aller. Arrivant au village, elle se tient au mur pour rester debout, la pluie se déchaînant alors sur la pauvre nouveau née qu'elle incarne désormais, la faisant ainsi perdre connaissance.

Ce n'est que quelques jours plus tard, ses narines interpellées par l'odeur de cadavres en décomposition qu'elle reprend conscience. Les oiseaux ne chantaient plus, ils avaient laissé place au chant macabre des corbeaux qui chantent, en cœur de leurs croassements, le chant maudit des vies volées. Bien moins excitée, mais toute aussi enragée, elle se relève, son esprit étant traversé par des visions de souffrances intenses lui faisant perdre pied. Elle se met à rire, dansant seule avant de se stopper, hurlant dans une langue éteinte qu'elle trouvera et tuera mille fois le responsable de cet odieux meurtre. Les pleurs d'un bébé viennent la sortir de sa torpeur, avançant, elle trouve le nouveau né empalé, bougeant ses membres dans tous les sens, ses doigts et ses orteils se pliant de douleur. Elle aurait espéré pouvoir rester paralysée, mais face à une telle vision, elle lui coupe la tête d'un geste rapide et simple de poignet. Son corps plein de sang faisait peine à voir. Elle est d'une beauté à faire trembler la défunte déesse de la beauté. Mais ce n'est pas sa beauté qui attire les faucheuses, qui jaillissent des cadavres, armées de leurs faux bien déterminées à ouvrir en deux la Succube qui porte en elle de si précieuses ressources astrales que sont les âmes des défunts.

Gardant son sang-froid et serrant ses lames, elle esquive les attaque de ces faucheuses, la haine aux poignets, elle en tranche une en deux qui pousse un hurlement strident, une substance noire jaillissant de son être, excitant les macabres volatiles qui s'envolent, se rassemblant alors, formant une immense nuée. Ils vont alors former une tornade de corbeaux derrière la faucheuse restante, qui rit en écartant les bras, déchaînant la nuée qui rase tout sur son chemin en direction de Scrapsule qui, tenant fermement ses lames, ne perd pas son sang-froid.

S'élançant en direction de la nuée, faisant voltiger ses lames autour d'elle jusqu'à créer une tempête dévastatrice de flammes, ravageant la nuée qui est anéantie par cette puissance colossale, sous le regard désespéré de la faucheuses qui voit son crâne se faire fendre en deux par la Succube, qui attrape alors le tissu qui servait de vêtement à la faucheuses. S'enroulant dedans, elle marche à travers le royaume, l'observant se faire consommer par ces mêmes corbeaux, se délectant des dépouilles jonchant le sol sans respect ni retenue, voyant cela comme un vulgaire buffet.

ErovagienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant