Couchée par terre dans ma prison, je regarde une fois encore les néons au plafond qui ne cessent de grésiller quand soudain, à droite de ma cellule, j'entends quelqu'un renifler bruyamment. Je regarde et remarque des jambes qui se balancent du lit. Des jambes fines et blanches. La personne renifle une fois encore, ce qui me fait lever les yeux au ciel, et s'installe dans son lit. Pourquoi diable tout le monde pleure, ici ?
Je ferme les yeux pour faire une sieste quand la fille de la cellule d'en face recommence à appeler son père, sa mère, sa famille et tout le pays. Son hurlement me fait horriblement mal à tête et je l'entends parler comme si elle était juste à côté de moi. Elle crie, elle pleure, elle parle et ses mots résonnent avec force dans ma cellule. Je me prends la tête dans les mains et plisse les yeux. Je me sens comme une bombe à retardement. Je prends l'oreiller sur mon lit pour me le mettre sur ma tête mais trop tard, je perds le contrôle de mon corps et je me propulse d'un coup jusqu'à la porte de ma cellule. Je m'y accroche comme un animal sur son arbre et un son agressif sort du fin fond de ma gorge.- Tu vas la fermer ! Dis-je d'une pulsion animale.
Un calme inhumain s'installe entre les cellules. La fille me regarde de ses yeux noisettes bestiaux, puis recommence à pleurer et s'enfuit soudain hors de ma vue.
Des agents qui nous surveillent se placent alors devant moi et me braquent leurs flingues sur le visage.- Dégage ! Me dit l'un deux avec un mouvement de poignet.
Je le regarde sans ciller. On se défi un moment. Je tiens jusqu'à ce qu'il cède et détourne les yeux. Je sens d'ici la colère qui émane de lui, ses yeux lancent des éclairs et des gouttes de sueur perlent sur son front. Il déverrouille soudainement ma porte et l'ouvre d'un coup de pied. Je me dégage juste à temps pour ne pas m'écraser contre le mur mais il m'attrape, me prend les poignets et me plaque au sol. Il me balance sur le ventre et me met les mains derrière le dos pour me glisser les menottes. Il me jette ensuite devant lui comme une vulgaire marionnette et m'oblige à marcher.
- Tu vas voir ce que c'est de ne pas obéir, animal !
Il m'entraîne dans une pièce à part tout au bout de toutes les cellules et m'attache les bras sur une barre en métal du plafond.
- Tu es peut-être invincible mais tant que tu as du venin de Phyllobate dans les veines, tu ne peux rien faire contre nous.
Du venin de Phyllobates ? Qu'est-ce donc ? Voilà ce que l'homme a lunettes a voulu me mettre dans les veines mais il ne l'a pas fait... Je me mets à tirer de toutes mes forces sur la barre en métal, elle grince et s'affaisse sous ma force mais ne cède pas. Je vois tout à coup du coin de l'œil que l'agent prend un fouet et le trempe dans un liquide jaune en prenant tout son temps pour savourer sa supériorité envers moi.
- Essaie tant que tu le peux. Monstre ! Dit-il dans un sourire en se mettant derrière moi.
La douleur est horrible quand le fouet claque sur mon dos mais j'étouffe mes cris. Ne pas montrer sa faiblesse, voilà ce que je veux donner comme image. Le fouet claque et malgré que ma peau soit dure comme du marbre, le liquide jaune m'ouvre et dégouline en me brûlant dans le dos. Il m'inflige cinq coups et me relâche de la barre en métal. Je m'étale de tout mon long au sol, les larmes aux yeux. Je le dévisage. Il est grand, musclé, les cheveux marrons tachetés de gris. Je mémorise son visage, carré avec un nez crochu, sans doute car il a été casser plusieurs fois. Il me ramène ensuite dans ma cellule et je me couche par terre sur le ventre pour éviter de me faire encore plus mal. Mon dos me brûle, un filet de liquide rouge s'étale sur le sol à côté de moi et je réprime un frisson. Je saigne mais je ravale mes larmes, il me le payera de toute façon.
Je n'entends même pas quand un agent me glisse un nouveau plateau dans ma cellule car je somnole. La douleur me fait perdre pied et je reste étalée au sol.
- ça va ? Me fait tout à coup une voix à côté de moi.
J'ouvre les yeux et tombe nez à nez avec la fille de la cellule d'à côté. Elle est couchée comme moi et me regarde avec ses grands yeux gris bestiaux, une pointe d'inquiétude sur le visage. Ça va oui, non, je ne sais pas. Je la regarde sans répondre.
- En tout cas ton dos à mauvaise allure, me dit-elle les larmes aux yeux après un moment de silence.
Elle a une petite voix douce et cristalline.
- Il me le payera.
- Ne tente pas le diable non plus, me dit-elle d'un ton suppliant.
- Ça va aller, dis-je d'un ton menaçant.
Elle esquisse un sourire, se relève et se pose sur son lit qui grince. Je soupire quand tout à coup une autre voix se fait entendre et me fait sursauter.
- Elle a raison, dit un homme.
Je regarde de l'autre côté et vois le garçon s'agenouiller pour me faire face.
- On ne sait pas pourquoi on est là mais ne tente pas n'importe quoi. Même si je dois dire que j'aime bien les rebelles, dit-il en me faisant un clin d'œil.
Je lève les yeux au ciel.
- J'aimerais revoir le soleil, me dit-il soudain quelques minutes plus tard.
- Le soleil ?
- Pas toi ?
- Je ne sais pas.
Je ne sais pas, c'est tout ce que j'arrive à trouver comme réponse à chaque fois. J'ai envie de rien, je m'en fous de tout.
- T'es sérieuses là ? Tu ne sais pas ?
Je lui fais signe que non, je ne sais pas. Il hausse les épaules en retour.
- La chaleur, la lumière, tout ça me manque.
- Chaleur, lumière ? Connais pas.
Il me regarde sans rien dire. Il est sur le dos et ses cheveux cuivré tombent sur ses yeux noisettes bestiaux. Il tourne la tête en direction de sa porte, me jette un dernier regard et soudain, il se relève en sursaut. Je ne vois plus que ses pieds à travers les barreaux tandis qu'un cliquetis électronique se fait entendre dans sa cellule.
- Il semblerait que ce soit mon tour d'interrogatoire, dit-il tout haut.
Je regarde ses pieds disparaître, suivis de celle des chaussures en cuir noir et brillants des hommes en noir.
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Hedera 1 ( Sous Contrat STARY PTE )
Science FictionHedera. Tome 1 Generation Animal. Sous Contrat STARY PTE. Ltd (DREAME) J'aime ma partie animale qu'Hedera a injecté en moi. Cette partie forte, sans cœur ni émotion, qui me pousse à agir sans réfléchir, et puis cette force physique surhumaine et...