C'était un de ces matins d'hiver gris et froids si courants au Québec. Les corps dénudés des arbres se crispaient sous la morsure de la glace tant bien que mal tandis que leurs branches arides s'étendaient vers le ciel sombre en essayant en vain de le toucher.
Je me réveillai, haletant un peu, au murmure à peine audible de la voix de mon père bien-aimé dans la chambre d'hôpital d'un blanc cireux. Je n'avais pas pu fermer l'œil de la nuit tellement la situation me talonnait. Mon père allait mourir. D'un instant à l'autre, il pouvait rendre son dernier souffle à cause du cancer incurable qui le rongeait maintenant depuis plusieurs mois. La maladie l'avait foudroyé sans pitié : à cause de la chimiothérapie, il devint chauve puis fut poussé dans un fauteuil roulant. Ne voulant point se cacher derrière une perruque, quiconque qui aurait rencontré mon père durant ses dernières heures, n'aurait pas reconnu le beau et fringant quinquagénaire qui fut le PDG et fondateur des Fromages Lévesque Inc.
-Mathieu, mon fils...commença mon père avec de la difficulté à respirer.
-Oui, papa. lui répondis-je en lui prenant la main droite et en la serrant dans la mienne avec tendresse.
-Tu dois te marier le plus tôt possible, continua-t-il en déglutissant sa salive bruyamment.
-D'accord, papa. Ce sera fait, lui promis-je sans hésitation.
-Je me suis marié plus jeune que toi. J'avais 18 ans quand j'ai rencontré ta mère. Toi, tu vas bientôt avoir 30 ans et tu es encore célibataire, me reprocha-t-il doucement.
-Ce n'est pas de ma faute, papa, si je n'ai pas encore rencontré la femme de ma vie. Mais je te promets que je vais me marier le plus tôt possible et te donner de beaux petits-enfants, affirmai-je plein d'espoir.
-Je te fais confiance, mon fils. Préviens Jules de la venue de mon notaire à mon chevet cet après-midi car je veux modifier mon testament. Je vais tout te laisser en héritage, mon fils chéri.
-Ah merci, mon papa d'amour, c'est très gentil de ta part, m'exclamai-je ému et en lui touchant l'épaule droite de ma main droite dans un geste sympathique.
-Je reviens, papa. Je vais avertir Jules tout de suite, poursuivais-je en sortant de la chambre et en soulevant les draps qui recouvraient le lit du malade.
J'allai à la rencontre de notre garde du corps Jules et de son acolyte féminin, Sylvia. Je leur expliquai que mon père voulait modifier à la dernière minute, son testament, et qu'il fallait laisser entrer Maître William Lapierre lorsque celui-ci viendrait le voir à 13h. Aucune autre personne sans rendez-vous, n'était la bienvenue auprès de mon père. Les deux gardes du corps acquiescèrent à la requête de mon père sans broncher. Ils étaient habitués à obéir aux ordres sans sourciller et comme mon père les rémunérait bien, ils se surpassaient en protection personnalisée de leurs clients.
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Un millionnaire à Montréal
RomanceMathieu Lévesque a tout pour être heureux : un beau physique, une famille aimante et une fortune personnelle avantageuse. Cependant le malheur vient de s'acharner sur lui. Son père bien-aimé vient de mourir d'un cancer incurable et lui laisse la ges...