Les nuages.
La braise.
Les gouttes de pluie.
Les immeubles que je dépassais, un à un, qui venaient et s'en allaient à une vitesse folle.
Le paysage défilait au fil de mes pas affolés, mon visage était rougi dû à mon course effrénée.Namelosa, 6:49 p.m.
J'étais arrivé. J'étais devant l'hôtel où résidait Hyunjae. J'étais prêt à en découdre avec lui. Qu'entendait-il au juste par "je vais bientôt mourir" ? Et si c'était une farce ? C'était probable de la part de Hyunjae, lui qui se moquait toujours de moi, lui qui aimait raconter tout un tas de bêtises à longueur de journée. Mais d'un autre côté, ça m'étonnait de sa part. Aller si loin ? Ça ne lui ressemblait pas. Il savait blaguer mais pas jusqu'à me mettre dans une situation d'inquiétude. Et puis rire sur un tel sujet... Ce n'était définitivement pas son genre.
À peine eu-je le temps de me questionner davantage que j'étais déjà devant la porte de sa chambre.
Quelques coups, et j'entrai. Je pénétrai de plusieurs pas dans la pièce. Un doux rayon de soleil embrassait la chambre depuis la fenêtre. Hyunjae était assis, le dos bien droit, dans un fauteuil face à cette dernière. Il observait les nuages se confondre avec un rayon lumineux, splendide dessin dont on pouvait distinguer, si on était attentifs, un arc-en-ciel s'y former. Mon ami semblait pensif. Lorsqu'il entendit mon arrivée, il se tourna et nos regards se rencontrèrent. Il détenait comme à son habitude un regard profond, franc et tendre. Mais cette fois, je pouvais y discerner quelque chose de nouveau : il y avait de la peur. Hyunjae avait peur. Je l'ai su. Je ne sais pas vraiment comment expliquer cela, mais j'étais désormais persuadé que son message n'avait rien d'une blague."Dis-moi ce qu'il y a. C'est quoi exactement, ce message ?" j'entrepris.
Pas de réponse. Hyunjae me sourit simplement. Il détourna le regard, se leva de son fauteuil et se présenta devant moi. Il se tenait à quelques mètres. Il faisait environ ma taille. Enfin, ça n'avait pas toujours été le cas. Lorsque nous nous étions rencontrés, j'étais jeune et fragilisé par la vie et mes expériences. Hyunjae me surplombait largement. Il était en bonne santé, pratiquait une activité physique régulière et mangeait des plats sains. Moi c'était tout le contraire, je ne me nourrissait que de babioles par ci par là, j'étais maigre comme un clou. Lorsque j'ai eu mes 17 ans, j'ai pu obtenir un poids correct. Plus surprenant encore, j'ai non seulement atteint la taille de Hyunjae mais je l'ai aussi surpassé, du moins de quelques centimètres. C'est alors avec le regard droit, planté dans ses prunelles claires, que j'ai osé lui prendre la main. Je le testais. Je le sentis réagir, il serra le point et baissa les yeux.
"C'est vrai que... tu vas bientôt mourir?" osai-je.
"Oui."
"Qu'est-ce que ça signif-"
Son corps rentra en collision avec le mien, de manière brutale et déchirante. Son point s'était desserré, et je sentis que maintenant, c'est lui qui tenait ma main fermement encrée dans la sienne. Il s'était échoué contre moi et me tenait dans une étreinte désespérée. Je ne comprenais pas ... ça allait trop vite. Il me fallait des explications, je sentais que je ne pouvais pas rester dans cette situation de questionnement perpétuel bien longtemps. J'étais bien trop impatient, et bien trop inquiet. Avant que je ne puisse recommencer à parler, c'est Hyunjae qui murmura quelque chose, tout contre moi.
"Tu es mon meilleur ami. Je veux que tu saches que tout ça, je ne l'ai pas décidé. Ca m'est tombé dessus, voilà tout..."
Il s'écarta de moi, et observa mon visage. Il devait surement analyser mes expressions et mes réactions pour savoir quels mots utiliser dans la suite de son récit. Il ne voulait probablement pas me heurter davantage que je ne l'étais déjà. Mais je ressentais qu'il allait tout de même me dire la vérité. Il pouvait utiliser les mots les plus doux du monde, la vérité restait la vérité, et c'était la seule chose que je voulais entendre.
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𝑷𝒆𝒓𝒇𝒊𝒅𝒊𝒆 | ʸᵉᵒⁿᵇⁱⁿ
FanfictionLa perfidie ou le baiser de Judas. La déloyauté, la fourberie, la trahison. Voilà ce qu'ils ressentaient, tous les deux, dans cette pièce, ce soir d'automne. L'un était fou de rage, l'autre avait l'âme blessée. Alors même qu'ils formaient deux p...