Je me retournais une fois de plus, n'arrivant pas à dormir. Le vent faisait craquer le bois, et les volets claquaient contre le mur. J'avais froid. Le temps passait et je n'arrivais toujours pas à trouver le sommeil. Bientôt, les premières lueurs de l'aube commencèrent à apparaître. Alex était parti. Colocataire depuis près de deux mois maintenant, nous nous entendions relativement bien. Pour le temps que nous passions ensemble... Il vivait la nuit pendant que je vivais le jour. Enfin, vivre... C'est un bien grand mot. Ma vie se résumait à un quotidien des plus ennuyants. Levé à 7h, lycée à 8h. Et puis le soir: rentré à 17h, pour ressortir une demi-heure plus tard, accomplissant un travail à mi-temps. Dans ce quartier où je travaillais, presque personne ne passait. Ca puait la pisse et on ne pouvait pas faire deux mètres avant de tomber sur un déchet. Souvent une canette vide ou des emballages. Mais c'était le seul endroit où je pouvais me faire de l'argent. Quand je terminais le travail que j'avais à faire, je rentrais, et je me couchais. Ainsi de suite. Depuis que j'avais emménagé chez mon coloc. Deux mois donc. Les premières semaines avait été difficiles, mais je m'y étais habitué.
*
La sonnerie retentissait pour la septième fois de la journée. Tout le monde poussait tout le monde pour sortir au plus vite de cet établissement de malheur. Ici, nos moindres faits et gestes étaient surveillés, et à la moindre incartade, c'était le conseil. Je sentis une pression dans mon dos, entre mes omoplates. Je tombais en avant. Tout devenais flou. Je sentais qu'on m'écrasait. Mes mains, mon dos, mes mollets, puis ma tête. Je ne sentais plus mon corps. Je fermais les yeux.
*
- Mikhail!
Je sursautais. J'étais assis à une table, en face du tableau. Ma tête tournait, je ne comprenais pas.
- Ce n'est pas le moment de dormir! Ressaisis-toi, ou je serais obligé de faire appel au conseil!
Je ne l'écoute pas. Un rêve? Non... C'était beaucoup trop réaliste. Je me touchais la tête, là où je m'étais cogné, tout du moins je le pensais. Mais si ce n'était pas un rêve, qu'est-ce que je faisais là, dans une salle de classe? Je relevai mes manches. Des bleus, partout. J'étais couvert d'hématomes. Comme si je m'étais fait rouer de coups.
- Excusez moi madame, ça n'arrivera plus.
Avec ce genre de personne, mieux vaut faire profile bas. Cette catégorie d'individus sont satisfaits lorsqu'ils obtiennent des excuses et lorsque nous admettons que nous avons tord. Ces personnes détestent l'opposition et abusent de leur pouvoir pour la faire cesser s'il y en a. C'est pourquoi je n'ai rien dit. Ca n'aurait mené à rien. En revanche, quelque chose d'autre m'occupait l'esprit. Je me souviens avoir été poussé et être tombé à la sortie des cours. Le hic, c'est que la sonnerie n'a pas encore sonné. Et ça ne peut pas être un rêve puisque je suis couvert de bleus... Alors qu'est-ce que c'était?!
*
Je rentrais chez moi en pensant à ce qu'il s'était passé. Mes hématomes demeuraient, mais je ne comprenais toujours pas. Je me retournais brutalement. Personne... J'aurais pourtant juré avoir senti une présence... Je continuais de marcher en restant sur mes gardes, sait-on jamais, et en réfléchissant sur la situation. Peut-être Alex pourra-t-il m'aider? Non. Je ne le vois jamais, et quand bien même arriverais-je à l'apercevoir (ce qui serait un véritable miracle soyez-en certains) je ne pourrais pas lui parler. Je n'ai entendu sa voix que deux fois. En deux mois, ça fait peu quand même.
*
Il y a une demi-heure que je suis rentré maintenant, et il est déjà l'heure de repartir. Rue de l'avenir. Avenir mon cul oui. C'est là que je dois me rendre. Le bar où je travaille est situé tout au bout de cette rue. Le patron est sympa, le problème, c'est les clients. Ils arrivent déjà bourrés et repartent en l'étant encore plus. Et je vous promets que servir quelqu'un qui vous hurle dessus, avec une haleine horrible, ce n'est vraiment pas, mais alors vraiment pas facile. Je regarde le plateau que je tiens d'une main, trois pintes de bière y sont posées. Il tangue. De plus en plus. Puis il tombe. Je n'ai pas pu le retenir. En temps normal, j'aurais eu le réflexe de mettre ma main droite, mais...
- Qu'est-c'tu fous Mikhail! 5 verres qu'tu nous a cassé aujourd'hui! R'ssaisis-toi ou tu sais où qu'ta paye elle va aller, pas chez toi ça c'est c'qu'est sur!
J'acquiesçais, et nettoyais le sol. Je n'arrivais pas à me concentrer. Je me voyais sans cesse en train de tomber, puis la salle de classe. Et ça reprenait.
23h00, je rentrais. Je me couchais, et la même scène recommençait, indéfiniment.
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First Destinity
FantasyMikhail cumule les petits boulots pour se payer son loyer, qu'il partage avec un colocataire. Lycéens avant tout, il va devoir découvrir, malgré lui, un tout autre monde. Là-bas, d'autres ennemies l'attendent. Le temps file et il est parfois impossi...