I.n.f.l.u.e.n.c.e.

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"-Est-ce que Jay peut venir dormir à la maison ce week-end ?

-Non.

-Pourquoi ?

-Je veux que tu arrête de le voir."

La fourchette en acier tombe de la main du garçon, la surprise lui coupe la voie, il regarde autour de lui cherchant un regard qui le sauverait, lui dirait que ce n'est pas vrai. Mais rien, autour de lui il n'y a que des têtes baissées, personne n'ose dire quoi que ce soit, pas même sa mère.

"-Pourquoi ?

-Il risque d'avoir une mauvaise influence sur toi.

-Mais...mais non !"

Les larmes dévalent désormais ses joues, le chagrin, l'incompréhension et la colère lui bloquent toutes paroles, il se lève de sa chaise et tente de faire face à son père.

Il n'a suffit que d'un regard à celui-ci pour lui faire regretter cette "révolution", il se rassoit toujours dans l'incompréhension la plus total.

"-Je ne comprends pas en quoi...

-Je t'ai pas demandé de comprendre. Juste de couper les ponts avec lui.

-Mais...

-Il n'y a pas de "mais" qui tiennent. Je ne te laisse pas le choix."

Il baisse la tête sur son assiette, cette nourriture le dégoûte, tout le dégoûte, rien n'a plus de goût, tout devient fade à l'idée de se séparer de Jay. Les larmes qui remplissent ses yeux déforment petit à petit les couverts, le monde autour de lui est flou, il aura beau essuyer ses larmes sans lui son monde restera flou et sans aucun sens. Alors, il se lève. Il part, sans entendre son père le rappeler à l'ordre, il n'entend plus rien autour de lui, juste son cœur qui bat, sa respiration irrégulière et ses pensées à mille à l'heure, il s'enferme dans sa chambre. Seul, assis sur le sol, dans le noir écoutant le concert d'angoisse que joue son corps, tentant désespérément de penser à autre chose mais rien à y faire ; il est bloqué dans son esprit...

Il aimerait hurler, donner des coups dans tout ce qu'il pourrait trouver, enfin faire comprendre à son père ce qu'il a sur le cœur, dire tout ce qui lui vient et qui fait couler ses larmes sur son visage d'enfant. Quand toutes ses pensées commence à devenir insupportable il se lève, allume la lumière, enfile son casque, attrape ses baguettes, il souffle un coups et quand son pieds s'enfoncent dans la pédale, quand la grosse caisse retentit, ses pensées s'évaporent. Il ne pense plus à rien d'autre que la batterie, que la force qu'il met dans chacune de ses baguettes et du son qui en sort, il se fiche bien que son père casse pratiquement sa porte, que sa mère lui dise de venir débarrasser, tout ça, on verra plus tard. Pour le moment il est là...

The order of loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant