Chapitre 1

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-Théo, c'est à toi.

C'est maintenant.

Des mois à attendre ce moment et tout va se décider dans quelques secondes.

Je ne me demande plus si je suis capable de le faire ou non, le temps n'est plus à l'introspection.

Le silence est pesant, étouffant. Comme si la glace s'était propagée sur le monde extérieur figeant tout dans son sillage. J'avance, déterminée. Je vois la lumière au bout du couloir.

L'espoir. La peur. La résilience.

Et la glace.

Je glisse sur le sol givré avec naturel. Mon corps anticipe chaque mouvements, chaque vibrations du patin. Il les connait par coeur pour les avoir répété des milliers de fois.

Je n'ai pas besoin de tenir un compte pour savoir que j'ai passé plus de temps à patiner qu'à marcher, qu'à danser ou qu'à rire. Et j'en suis sure, qu'à respirer.

Et nous y voilà.

Je m'installe au centre. Je bloque ma position. Je ne suis pas seule.

Le silence est toujours assourdissant mais des silhouettes se dessinent dans les gradins de l'Arena. Des centaines d'inconnus venu de loins pour pouvoir juger par eux même l'espoir national du patinage avant le grand championnat. Je les regarde sans les voir, balayant mes yeux sur tout ceux qui sont à ma porté.

Il est là.

Bien sur qu'il est là. Si j'étais capable de parler je lui crierai de s'approcher plus près . C'est pour lui que je vais patiner aujourd'hui et je refuse qu'il manque quoi que ce soit. Mais il me scrute déjà et je sais que son regard détaillera chacun de mes gestes jusqu'à la fin de mon passage.

Tant mieux. Regarde moi. Regarde ce dont je suis capable.

Ne pleure pas Théodora, c'est moi.

Au son des premières notes de piano je ferme les yeux, chasse ces voix dans ma tête et bloque ma respiration.

C'est maintenant.

Je m'élance. Je jette mon âme, mon coeur et mon corps sur la glace.

Regarde-moi.

Comprends tout ce que j'ai sacrifié pour être ici.

Applaudis-moi.

Pour l'exultation que je procure.

Envie-moi.

Pour l'abandon avec lequel je patine.

Montre-moi que toute ces larmes n'ont pas été versé pour rien.

Montre-moi que j'ai pris la bonne décision.

C'est maintenant.

Un double Axel et je prend de la vitesse. Je sors complètement de mon programme mais je m'en fou. Regarde-les. Je fais briller leurs yeux et se couper leur souffle.

En fait non ne regarde que moi. On y est.

Ne pleure pas Théodora

Au plus fort du coeur de l'orchestre je sens la musique et la glace pénétrer en moi.Je repousse les voix et m'élance une ultime fois, toujours plus haut. Et même si je sais que mes patins finiront par retrouver le sol, je sens que cette fois-ci je vais vraiment réussir à m'envoler.

Et c'est maintenant.

La chute.





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