Chapitre 2 - Une tasse de thé

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Ma commande servie, j'en bois une longue gorgée qui réchauffe tout mon corps. Je regarde par la fenêtre et constate qu'il pleut toujours. Je m'affaisse sur la table et rumine sur le temps pourri de ce mois de janvier.
Mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon pantalon, je le prends en main et aperçois le prénom de ma colocataire sur l'écran.

- Salut Clémence, Pourquoi tu m'appelles?

- As-tu pris tes clés avant de partir, Lucia?

- Oui, je les ai. Pourquoi?

- Parce qu'elles sont devant mes yeux, posées sur le bar!

- Arh, mince! Je suis désolé mais peux tu les mettre sous le paillasson, c'est le déluge dehors et la ligne 14 est bloquée.

- Je te fais ça mais penses à les prendre la prochaine fois!

- Oui, et d'ailleurs Camille mange avec nous ce soir?

- Non, il finit tard et c'est pas super en ce moment entre nous. Je suis débordée par la Fac, son boulot se termine tard, donc on ne se voit pas souvent.

- On se commande donc un truc bien gras ce soir à manger, à ce que j'ai compris?

- Ça me réconforterait.

- C'est noté, bon je te laisse Clémence, à ce soir.

- À ce soir Lulu!

Je raccroche avec Clémence et fixe mon regard sur les rues inondées de Paris. La cloche retentit une nouvelle fois mais n'y prête guère attention. Des voix se mêlent au bruit de la machine à café. Je relève la tête et me frotte le visage pour retrouver de l'énergie. Des rires me parviennent jusqu'aux oreilles et des pas viennent jusqu'à moi.

- Le café ne vous a pas plus tout à l'heure? Me dit une voix qui me force à lever la tête.

- Vous? Ici? Bafouille-je en voyant dressé devant moi l'aveugle du musée.

- Oui, moi, ici.

- J'aimerais quand même savoir pourquoi quelqu'un se couvre autant le visage? C'est vrai, vous portez une casquette, des lunettes de soleil, un masque et un manteau qui vous couvre jusqu'aux lèvres.

- Je tombe facilement malade. Je perçois une pointe d'ironie dans sa phrase.

- Oh, autant pour moi, je n'avais pas cette information. Lui dis-je avec mon plus beau sourire sarcastique.
J'ai saisi, vous essayer de vous faire passer pour une célébrité. Française, Américaine, Espagnol, Asiatique ou autre?

- Ummh, le choix est varié. Ajoute t-il en prenant place sur la chaise en face de moi.
Vu qu'il me faut un personnage crédible pour être une célébrité qui parle français mais est assez connue, je dirais Franco-Américaine.

- Bon choix, très bon choix je dirais même. De plus, je perçois un accent américain dans votre français.

- Vous avez l'oreille.

- Je sais. Lui dis-je tout bas en me rapprochant de son oreille.

Je termine d'une traite ma tasse de thé et me lève pour partir. Je lui lance un dernier sourire avant de franchir la porte.Le temps s'étant amélioré, je décide de rentrer à mon appartement à pieds.

J'en profite pour faire quelques courses puis pousse la grande porte en bois de mon immeuble. Elle donne sur une petite cours. Je récupère le peu de courrier dans notre boîte aux lettres et monte les escaliers. Je trie les lettres adressées à Clémence et les miennes.
Arrivée devant la porte, je soulève le paillasson et ramasse mes clés.

En ouvrant cette dernière, je pose sur la commode de l'entrée le courrier et pars me débarrasser de mes affaires dans ma chambre.Je m'affale sur mon lit lâchant mon plus gros soupir de désespoir.

Aménager à Paris, rentrée dans mon école était censé être une bonne chose, cela devait être un tournant majeur dans ma vie. Mais que c'est il passé? Je n'ai pas une seconde pour me consacrer à moi. Je pars tout le temps à droite à gauche pour mes travaux à rendre. Et la cerise sur le gâteau, je ne sors plus et ne vois plus personne. Ce n'est pas une vie. Je n'ai plus de vie sociale, même les étudiants en médecine en n'ont plus.

Enfin bon, je dois arrêter de m'apitoyer sur mon sort. Clémence m'aide à ne pas sombrer et je fais de même. Heureusement, que nous faisons une colocation, sinon je ne sais pas où nous en serions.

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant