3. Seulement lorsque c'est nécessaire

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- Allez vous reposer, Alys.

La voix de Viktor me réveilla et je sursautai en sentant sa main se poser sur mon épaule. Je me redressai brusquement et jetai des regards perdus tout autour de moi avec la sensation d'avoir dormi au moins cent ans. En quelle année étions nous ? Comment est-ce que je m'appelais déjà ?! Mon regard finit par se poser sur mes mains vides. J'étais en train de faire quelque chose lorsque je m'étais assoupi... mais quoi ? Mon coeur se souleva dans ma poitrine lorsque je réalisai que Viktor était assis juste à côté de moi et qu'il complétait visiblement mes notes. A un certain endroit, nos écritures se mêlaient, la sienne prenant progressivement le dessus, et sans aucun doute à cause du manque de sommeil, ce constat me rendit toute chose. A présent que mon esprit commençait à se réveiller, je me rappelais de tout. Cela faisait peut-être quarante huit heures que nous travaillions non stop et je n'étais pas vraiment habituée à veiller aussi longtemps. Devoir me poser calmement pour rédiger un compte rendu avait eu raison de moi et bien sûr, ma brillante idée de fermer les yeux cinq minutes pour récupérer un peu n'avait visiblement pas été si brillante que ça. Cinq minutes s'étaient transformées en... je jetai un coup d'œil à l'horloge. Seulement sept minutes ?! Je bâillais à m'en décrocher la mâchoire. Je comprenais mieux l'état de décrépitude de mon cerveau à mon réveil... 

- Vous devriez vous reposer aussi, tentai-je.

Mais je ne reçus aucune réponse. Ah. 

- Viktor ?

M'entendait-il seulement ?! Mon corps comme mon esprit me semblaient lents au possible. Comment faisait-il pour rester aussi alerte avec si peu de sommeil en magasin ? Je posai ma tête dans mon coude pour l'observer. Le sommeil ne tarderait pas à venir me cueillir à nouveau si je ne bougeais pas, mais je ne pouvais me résoudre à abandonner Viktor pour aller dormir. Et puis... j'aimais les expressions qui se peignaient sur son visage lorsqu'il était concentré. Mon regard papillonna, se posant finalement sur sa rédaction. Mes yeux me brûlaient et menaçaient de se fermer d'eux même, me suppliant d'aller dormir. Mais ma volonté restait vive. Ce ne fut que lorsque je soupirai que Viktor sembla me remarquer. Il haussa un sourcil l'air surpris et je pu aisément saisir ses pensées. "Comment se fait-il qu'elle soit encore là ?" Je répondis à sa mimique par un sourire.

- Si vous ne dormez pas assez, même un génie comme vous va faire des erreurs.

Ma phrase le laissa perplexe. Il relu nos notes puis posa de nouveau son regard sur moi.

- Vous voyez une erreur ?
- Dites, ça vous arrive de dormir ?
- Seulement lorsque c'est nécessaire. 

Il me fixait comme si ce que je lui parlait dans une langue extraterrestre. Je fis la moue.

- Je suppose que vous devez avoir l'habitude des remarques à ce sujet... Je refuse de croire que personne ne se préoccupe de votre sommeil. Sans vouloir vous vexer, vos cernes sont terrifiantes. 

Il y eut un long silence puis il finit par hausser les épaules.

- Détrompez vous. 

Il me jeta un regard furtif, arrêtant d'écrire. 

- Jayce fut le seul à s'en préoccuper. Il y a des années.
- Mais on arrête pas une force de la nature, murmurai-je alors. Je suppose qu'il a pris l'habitude.

Il parut pensif avant de sourire furtivement.

- La science n'attends pas.
- Je ne suis pas Jayce, et je ne laisserai pas tomber. Vous savez que vos capacités intellectuelles et cognitives se réduisent de minutes en minutes ? 

Je pointai ses notes du doigt.

- Votre écriture est moins soignée. Et... je vois une faute ici.

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