III

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J'sais pas si tu t'souviens Éros de c'qui s'est passé quelques jours après c'te soirée. Je pourrais dire que ça m'étonnerait qu'tu t'en rappelles, mais venant de toi, tout m'étonne. T'es tellement unique en même temps faut dire.

C'jour là aussi t'as eu l'une de ces réactions étranges qui t'caractérise tant.

P'têt que c'était un mardi. Ou bien un jeudi. Tout c'que j'sais, c'est qu'il pleuvait à verse dehors. T'es arrivé en retard comme à ton habitude parce que, soyons franc, toi t'arrives jamais à l'heure Éros.

J'avais jamais remarqué qu't'étais dans ma classe de littérature et sans c'te soirée pourrie, j'l'aurais jamais remarqué. Tu t'es pointé, trempé de partout avec ton bonnet noir, tes docs et ton sourire charmeur. C'te putain de sourire charmeur!

Y'avait plus de place dans c'te foutue salle, sauf à côté de moi. Tu t'es assis et t'as bougé mon sac sans même me d'mander mon avis. J't'ai regardé d'travers parce que moi, les gars comme toi, ils m'insupportaient. Tu t'souviens de ta réaction ce jour là Éros. T'as juste appuyé ta joue contre ta main en m'souriant. C'était rien d'exceptionnel et pourtant, c'jour là, j'sais pas pourquoi, mais tu m'as fait penser à un putain ange.

Lettre à ÉrosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant