Toxic

3. Soirée spéciale

Chaque matin, June prend son déjeuner dans les jardins royaux en compagnie de la Reine. C'est un rituel qui s'est installé. La Reine insiste pour qu'elle déjeune auprès d'elle. Ces petits rendez-vous quotidiens ont pour but de lui apprendre les rudiments de sa nouvelle vie, dans ce monde encore étranger pour elle. June a l'impression que le roi ne l'apprécie guère. Il est vrai qu'elle a déboulé dans cette famille comme un cheveu sur la soupe. Odin a beau avoir accepté de la prendre sous son toit, tout comme il l'avait fait pour le prince Loki. Elle se doutait donc que le roi la fera surveiller. Tout le monde sait que cette mission est remplie par les fidèles corbeaux du roi. Ils sont ses yeux et ses oreilles. Pour le moment, June est dans les bonnes grâces du Roi. Mais pour combien de temps encore ?

Ana suit chaque déplacement de la rousse. Même après deux mois, June a encore énormément de difficulté à s'orienter dans le palais. Une fois, elle a atterri dans les cuisines où toutes les domestiques du palais travaillaient. Heureusement qu'Ana était là et qu'elle l'a aidé à retourner dans sa chambre. Par moments, la rousse se sent comme un poids pour la brune, mais celle-ci lui rappelle gentiment qu'elle est là pour la servir.

En ce matin légèrement froid, June apprend à tenir de longues discussions. Jusqu'à là, elle avait peu de conversation, en ce qui concernait les sujets qui sont régulièrement discutés au palais. Frigga lui avait également enseigné les gestes qu'elle doit effectuer quand elle reçoit un invité dans ses appartements, comme tous nobles. La jeune femme écoute attentivement, elle boit chaque parole que la Reine prononcée. Ainsi, elle apprend rapidement les règles de cette classe. La classe supérieure est quelque chose qui lui paraît absurde. Toutes ses règles, tous ses dogmes se révélaient inutile pour elle. La complexification de la vie de tous les jours est bien la seule utilité que June leur a trouvée. Chacun possède un avis et un regard critique différents, mais dans ce monde de paraître, c'est un devoir de les taire.

Alors qu'elles échangent dans le calme des jardins, un messager arrive à leur table. Le Père de Toute Chose réclame la présence de la reine. Frigga la laisse contre son gré. June et accompagnée d'Ana en profitent alors pour partir dans Asgard. Depuis qu'elle est au palais, elle n'est pas retournée en ville. Aujourd'hui, c'est un bref retour sur le passé. June reconnaît immédiatement des visages de personnes de mauvaises fréquentations. Des anciennes connaissances ose se moquer en la voyant richement vêtue et avec ses nouvelles manières. Les revoir lui rappelle qu'elle ne fait désormais plus partie de ce monde, à son grand bonheur.

Ana et June passent ainsi leur matinée hors du palais. Elles se sont promenées à travers la partie de la ville ou se tient de nombreux marchés. Ce quartier est la partie de la ville la plus sûre. Les deux femmes se restaurent dans une taverne de renom. Divers habitants du palais y viennent, dont les soldats qui festoient après les batailles. Aujourd'hui elle est quasiment vide. Deux femmes sont assises au fond, en train de discuter, un homme buvant une pinte d'hydromel au bar. À peine installée, leur commande est directement prise, et quelques minutes plus tard, leurs repas leur est servis. June salivait devant l'odeur alléchante qui se dégageait de son assiette. Elle est garnie d'une sauce fumante, vraiment appétant. Depuis qu'elle se sustente à sa faim, son corps a pris des formes. Autrefois, elle avait les joues creusées et ses clavicules étaient visibles sous ses vêtements. Aucune de ses formes féminines ne ressortait avec ces robes. Soit, il s'agissait de robes de travail permettant des mouvements amples et rapides. Elle a déjà remarqué que certains des clients de Tya la pensait malade. Ils n'osaient pas l'approcher et se refusait de la toucher. June et Ana commencent à déguster leur repas quand une ombre imposante se dresse près de leur table. La rousse lève la tête et reconnaît le Prince aîné. Thor et elle se tutoient à présent. June a d'ailleurs compris que cette familiarité agaçait fortement le souverain.