Si le passé pouvait tout régler

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« Quand vas-tu travailler.
- J'sais pas.
- Tu vas m'en faire voir de toutes les couleurs pendant combien de temps au juste ?
- J'sais pas.
- Tu penses pas que c'est déjà assez compliqué pour moi ?! Encaisser tout, comme ça... Enfin, tu comprends que je vais pas tenir le coup lontemps, nan ?
- Ouais, peut-être.
- Et ça te fait rien, Dallas, mon fils ?

...

- Mon fils ? Ahah, la bonne blague.
- Ça te fait rire ?
- Mh. Tu me fais rire en fait. Toi. Tu me fais extrêmement rire.
- File en cours.
- C'est ce que je comptais faire, pas besoin que tu me le dises. »

J'enfilais ma veste en cuir plus abîmée que les bottes d'un vieux cowboy, pris mon dernier paquet, il fallait d'ailleurs que j'en rachète et écrasais le sol avec mes vielles bottes pour faire bondir ma mère de son fauteuil. Les crissements, ça avait toujours l'habitude de la mettre de mauvaise humeur et j'en avais toujours été amplement conscient.

Tout petit déjà, je m'arrachais à l'embêter avec ça pour qu'elle vienne me disputer et qu'elle me dise toujours la même phrase :

« Veux-tu bien arrêter le bruit ? »

De dos, je lui répondais tout le temps que si elle avait envie de me gronder, elle devait me courir après. Mais ma mère a toujours eut des tendinites aux chevilles le matin, ce qui l'empêchait de venir m'arracher les cheveux comme il se devait avant que j'aille à l'école.

Je m'enfuyais comme un lâche, un petit voleur qui n'avait peur de rien. Pas même de sa propre mère. Je n'eu jamais réalisé que à cette époque, je ressemblais à mon père. Celui qui bien plus tôt, avait fuit à son tour comme un petit voleur quand il apprit que ma mère était enceinte de moi.

Le temps passe, mais pas mes congénères ni mes origines.

Ma mère dit toujours cette même phrase, mon père est toujours ce voleur à nos yeux et je fuis encore comme mon père. La même routine depuis des années.

Je marchais encore ce jour là sous le froid incandescent de ce mois d'hiver douteux.

L'Hiver est ma saison préférée.

Elle l'est car les arbres sont tous nus comme moi dans une douche, car le froid est comme mon timbre de voix après ma cigarette matinale, et car on peut boire de la soupe en Hiver.

La soupe de poireau. Celle-ci aussi, c'est ma préférée. C'est celle que tantine me faisait après mes escapades dans le parc à côté de la maison au pré, quand je me battais comme un dieu avec le voisin Fannely, Paulo. On l'appelait même Paulo le râteau. Parce qu'il était raide comme un piquet qu'on venait de planter dans le sol. Tout droit comme un crayon, tout léger comme une plume.

On pouvait l'envoyer voler dans les airs en moins de deux. Le pauvre, il ne voulait rien que la paix, Paulo. Mais moi et ma bande de copains, nous, on voulait la guerre. Puis après ça, on était tous invités à boire la soupe de ma tantine. Parfois même, on avait le droit à un bout de pain fait maison où elle nous mettait du fromage dessus.

Un délice artisanale. Mais tantine, je ne la vois plus. Comme les autres vieux d'ailleurs, tout ça à cause de ma mère. Elle estime qu'elle ne peut plus m'emmener nul part à cause de son affreux mal de dos. Je me suis dis que quand j'aurais ma moto, ça irait, mais elle veut même pas que je l'utilise.

« Tu pourrais tomber et te faire mal ! »

Une excuse qui n'a jamais été valable pour mon corps robuste qui n'a peur de rien appart de tantine quand elle s'énerve. Résultat du lot, j'ai une moto et je ne m'en sert pas.

Intravenous LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant