Elle s'appelait Jane, était âgée de 21 ans et venait d'obtenir un poste d'institutrice, le métier qu'elle avait toujours rêvé d'exercer. Jane était sur le point de quitter les États Unis, son pays d'origine pour pouvoir s'installer en Ecosse, là où se trouvait son post.
Jane était une jeune femme simple, originale, plutôt introvertie et particulièrement gentille. Elle n'était pas vraiment sociable et préférait largement rester isolée avec un bon vieux livre qu'il lui plaisait plutôt qu'avec n'importe quelle personne qui, comme elle affirmait : "lui ferait perdre son temps". Jane n'était pas du tout sociable.
Et physiquement ? Elle était de taille moyenne, avait la peau matte, un petit nez en trompette, des yeux noisette en amande et une chevelure brune et bouclée qu'elle recouvrait d'un voile étant de confession musulmane.
Jane s'apprêtait à quitter ses parents, son grand frère, sa femme et leurs deux enfants et sa meilleure amie Suzy, la seule fille de son âge qu'elle avait réussi à supporter jusqu'à présent. Suzy était son opposé, elle était extravertie et très sociable. Même leurs goûts n'étaient pas vraiment similaires mais certaines rencontres restent un mystère.
Tout ce petit monde était heureux pour Jane et à la fois touché par ce sentiment amer qu'on éprouve lorsqu'on est sur le point de quitter quelqu'un qui nous est cher.
Jane était également attristée par cette séparation qui approchait à grands pas. Elle essayait de penser à autre chose en se promenant sur des sites de voyages afin de trouver de beaux endroits à visiter là bas en Ecosse, en vérifiant, pour une énième fois, sa valise bien garnie ainsi que son petit sac de voyage. Sa tristesse à elle, se manifestait par le stress. Elle n'avait même plus faim.Les heures puis les minutes avançaient à une vitesse plutôt effrayante. Il était temps pour elle de faire ses adieux à sa chère et tendre famille et de monter dans le taxi en direction de l'aéroport.
Elle était fin prête à vivre ce dur moment. Combien de temps devrait-elle alors compter pour les voir à nouveau ? Pas trop, elle l'espérait...
Elle s'était habillée ainsi pour vivre ce grand départ vers l'inconnu : une veste en velours vert, une longe jupe marron clair et un petit chemisier blanc.
Elle portait une grosse valise noire suffisamment grande pour pouvoir contenir une partie de ses vêtements préférés, quelque bouquins, ses produits de toilette et des objets qui lui étaient chers ainsi qu'un petit sac, plus léger, dans lequel elle avait glissé deux livres à lire durant le trajet, un petit baume à lèvres, son téléphone portable et tout un tas de choses qu'on préfère généralement garder près de soi.Enfin, elle était prête !
...
13h50
L'avion ne devrait plus tarder à décoller. Déchargée de ses bagages et enregistrée de justesse, Jane avançait calmement dans l'avion afin de se rendre à sa place.
Elle espérait qu'elle se trouverait près d'un hublot pour pouvoir admirer le ciel changer de couleur au fil des minutes, de merveilleux paysages vus de très haut, cette vapeur douce et féerique nommée « nuage » et tout simplement l'aile de l'avion qui lui permettrait de prendre ses plus belles photographies.Elle avançait dans l'avion et réalisait peu à peu, avec grande déception, qu'elle allait être obligée de s'asseoir près d'un parfait inconnu.
À sa grande surprise, elle tomba sur deux sièges complètement vides et s'empressa de s'y asseoir.
Cette place était idéale ! Elle donnait sur une splendide vue de l'aile de l'avion. Quelle chance !
Mais cette joie ne dura qu'un instant... Un homme apparu tout à coup et expliqua à Jane qu'elle lui avait pris sa place. Jane fut tout simplement dégoûtée. Dans son esprit, tout était brisé. Elle qui n'était pas sociable venait de vivre l'expérience d'un faux espoir. Elle fut tout de même obligée d'accepter sa situation et se leva sans rechigner.
À ce moment là, l'homme fit un geste maladroit qui lui faisait comprendre de rester assise : « Je vous en prie, restez-assise... »
Jane était soulagée, elle allait pouvoir passer le voyage idéal dont elle avait rêvé ! Seule. Il allait partir, trouver une place un peu plus loin ! C'était ce qu'elle croyait...
« ...je vais m'asseoir sur le siège à côté de vous. » finit le jeune homme.
Jane esquissa un petit sourire qu'elle se forçait à réaliser pour rester polie.
L'homme s'assit donc à sa droite. C'était un jeune homme en réalité : grand, mince, la peau très claire, les traits fins, des yeux noirs particulièrement profonds. Il avait une chevelure d'un noir de jais. Son visage aspirait douceur et gentillesse mais son expression, à ce moment là, semblait triste, pensive et perdue. Il venait sûrement d'apprendre une mauvaise nouvelle ou alors, il vivait une situation difficile, particulièrement difficile.
Jane avait remarqué cela et essayait d'imaginer ou de comprendre la raison pour laquelle il était ainsi.
Peut-être était-ce seulement sa personnalité ? Il doit sûrement être de nature anxieuse, pensa-t-elle pour se donner une bonne raison de ne plus y penser.
Du coin de l'œil, elle ne pouvait s'empêcher de le regarder, tant de questions se bousculaient en son esprit contre son gré.
Des voix mirent terme à ce questionnement ; celles des consignes de sécurité orchestrées par les gestes des hôtesses de l'air puis celle du commandant de bord qui annonçait le décollage de l'avion.
Jane était toute excitée par ce voyage, c'était en effet la première fois qu'elle prenait l'avion. Enfin, il démarrait lentement mais sûrement puis d'un coup, il s'envola !
Elle allait, pour la première fois de sa vie, ressentir cette étrange sensation de savoir qu'on n'est plus sur le sol ferme mais dans les airs. Elle en était ravie et à la fois apeurée. Ce moment dura un certain temps. Quelques minutes qui passèrent plutôt lentement. Cela fit oublier à Jane, toutes les questions qu'elle avait en tête concernant ce mystérieux jeune homme assit à ses côtés.
L'avion commençait déjà à être bien haut dans le ciel, une hôtesse arriva.
"-Souhaitez-vous une boisson ou un en-cas ? Tenez, voici le nécessaire pour votre vol, en espérant qu'il se passe à merveille."
Cette jolie femme, parfaitement coiffée, maquillée et habillée avait prononcé ces deux phrases avec une voix des plus délicates qu'il puisse être.
L'homme déclara qu'il ne voulait qu'un peu d'eau tandis que Jane, un peu plus à l'aise, réalisa une véritable commande.
"-Je prendrai deux madeleines, un paquet de guimauves, un autre de chewing-gums à la menthe, une bouteille d'eau et de la limonade s'il vous plaît." Demanda Jane dans le plus grand des calmes au grand étonnement de son voisin.
L'hôtesse revint quelques minutes plus tard avec l'ensemble de leur commande.
Pendant ce petit laps de temps, l'homme assit près de notre héroïne venait, pourrait-on presque dire, presque remarqué la présence de sa voisine. Il lui portait enfin un intérêt. Son visage perdit de sa tristesse et de son angoisse, pour bientôt laisser un petit sourire apparaître.Jane l'avait remarqué du coin de l'œil. Par pudeur elle ne le lui rendit pas et préféra faire mine de ne point l'avoir vu.
Elle se trouva un bon vieux livre dans son sac de voyage : Moby Dick, un classique de la littérature qu'elle n'avait encore jamais lu ! Elle commença sa lecture en mangeant ses petits plaisirs sucrés qu'elle venait de recevoir par l'hôtesse.Ce voyage commençait plutôt bien !
VOUS LISEZ
Un peu de douceur
RomanceL'une prend l'avion pour se rendre en Écosse afin d'exercer le métier de ses rêves : celui d'institutrice, l'autre doit effectuer un vol d'une urgence absolue pour dire au revoir à son père pour une toute dernière fois. Leur rencontre douce et inatt...