Chapitre 1

23 1 0
                                    

"LUI" non.

"MON AMOUR" non plus.

"MA VIE AVEC LUI"..

Je fermai mon carnet bruyamment, remplie d'énervement et de désespoir. Pourquoi est-ce si difficile de trouver un simple titre ? Si je n'arrivais pas à commencer maintenant, qu'est ce que ça allait devenir par la suite ? Je ne voulais même pas effleurer cette pensée, la pensée de l'échec, la pensée d'abandon. Il fallait que j'y arrive. Mais pourtant j'avais juste envie de tout arrêter, même si je venais à peine de démarrer. 

Je me décidais à me changer les idées en allant faire un tour dans la roseraie de mon quartier, un magnifique endroit qui m'aiderai à trouver l'inspiration pour ce projet que j'entreprenais. Les roses sont symbole d'amour, je devrai pouvoir y trouver quelque chose...

Le soleil était en train de se coucher et la lumière dorée du crépuscule sublimait les arbres de couleurs luxuriantes. Les roses étaient plus belles que jamais. Je remarquai une jeune femme, sûrement une adolescente, assise sur un banc devant le mur de rose, elle était en train de dessiner, un casque sur les oreilles et sa tête hochant au rythme de la musique. Ses yeux bleus suivaient les courbes dessinées avec son crayon tandis que sa bouche chuchotait les paroles de sa chanson. Elle portait une longue robe rouge ainsi qu'un serre tête blanc pour sublimer un chignon réalisé précipitamment aux vues des différentes mèches qui en sortaient par-ci par-là. Ses cheveux étaient d'un blond virant sur le châtain, sa bouche était couverte d'un rouge à lèvre mat, que faisait sortir la touche de rose sur ses joues. Ses mains étaient fines et habiles. Elle semblait savoir parfaitement ce qu'elle réalisait, aucune hésitation, aucun tremblement, aucune erreur, comme si elle n'avait plus aucune emprise sur ses doigts, comme si son imaginaire avait prit le dessus.

Je sursautai lorsqu'une main m'agrippa gentiment l'épaule. Cette emprise n'avait rien de mal attentionné, elle était calme et douce. Je levai la tête brusquement pour distinguer cette personne m'ayant sorti de mes pensées les plus profondes. Je fus prise d'une grande surprise quand je vis la jeune femme blonde en face de moi, le visage calme et l'air un peu embarrassé.

"-Est ce que tout va bien mademoiselle ?   lui demandai-je poliment 

-Ah euh.. oui, merci. Excusez moi de vous déranger, je vous ai pris pour quelqu'un d'autre, bonne journée et encore désolée

Elle tournait les talons pour partir cependant je lui agrippai le bras :

"-Mademoiselle, avez-vous quelques minutes ?"

--------------------------------------------------------------------------------------------

Cela faisait bien une bonne heure que nous étions assises toutes les deux sur le banc où elle se tenait précédemment. Notre conversation n'était ni-plus ni-moins qu'un jeu de questions-réponses. Elle répondait avec le plus de détails possibles, hésitant parfois mais ses réponses étaient absolument parfaites. Elle ne semblait pas intriguée par cette demande farfelue : "J'aimerai vous poser quelques question dans un but littéraire. Je voudrais que vous soyez le personnage principal de mon roman".

Elle avait d'abord fait mine de ne pas comprendre mais après un court instant, elle avait décidé d'accepter. Je fus d'ailleurs étonnée de cette réponse tant elle avait l'air naturelle face à une demande qui ne l'était point.

Je connaissais maintenant tous les détails de la personne qui allait par la suite devenir mon personnage principal et son profil me plaisais énormément. Elle était parfaite, miraculeusement parfaite. Suite à cette demande de multiples questions, la question fatidique a passé la barrière de ses lèvres :

"Dites moi, pourquoi m'avez-vous choisi ?"

Je ne saurai l'expliquer mais en cet instant, aucune explication rationnelle ne me vint à l'esprit. Cette question ne semblait pas avoir de réponse, cela me dépassait totalement. J'haussais les épaules, le regard perdu sur mes notes et cela avait semblé lui satisfaire. Nous sommes restées assises côte-à-côte sur le même banc pendant quelques minutes, le soleil continuait sa descente vers l'horizon tandis que l'obscurité se répandait dans la roseraie. Je la regardai de temps en temps, elle semblait plongée dans d'intenses réflexions, plus belle que jamais.  Parfois elle croisait mon regard, puis on se souriait. La roseraie était calme, il n'y avait que nous, dans un moment hors du temps.

Lorsque le crépuscule laissa place à la nuit, elle se leva, doucement mais ses mouvements étaient déterminés, me regarda droit dans les yeux et me dit d'une voix très douce, une voix d'ange :

"Je dois partir, si l'envie vous vient de nous revoir, vous savez où me trouver."

Elle finit cette phrase par un grand sourire, me tourna le dos et quitta la roseraie. Je la suivait des yeux, jusqu'à ce que l'obscurité l'envahisse.

--------------------------------------------------------------------------------------------

Je n'ai vraiment pas eu le temps de me reposer cette nuit là, mon cerveau étant beaucoup plus préoccupé à ajouter des détails personnels sur mon personnage : Suzy.

J'étais tellement enthousiasmée à l'idée que mon roman avance que j'en avait totalement oublié l'objectif que je m'étais donné aujourd'hui, trouver un titre. Je me mis instinctivement à essayer d'assembler des mots concernant "l'amour" ou "la passion" ou même "le désir". Rien, rien, rien ne me venait à l'esprit. C'était le blanc total. Le même sentiment d'échec que j'avais ressenti plusieurs mois auparavant m'envahit. Et si je n'y arrivais pas ? Suis-je définitivement vouée à ne rien savoir ni pouvoir écrire ?

Ce n'est pas ce que je veux. Je ne veux pas continuer dans cet état d'esprit. Je veux y arriver. Je peux y arriver. Un titre ne doit pas être si difficile à trouver..

Je fis les cents pas dans mon appartement. Plus je marchais, plus mon esprit divaguait et je me retrouvais à fredonner les paroles d'une chanson. Laquelle ? Je n'en ai plus la moindre idée. La fatigue prenait le dessus, l'aube pointait le bout de son nez et je n'avais pas dormi une seule minute. Je n'avais pas le temps de dormir, mais mes pensées devenaient floues et je me retrouvais vite dans l'incapacité de réfléchir de manière logique.

"Une bonne sieste ne me ferai quand-même pas grand mal.." me dis-je

Voilà la seule réflexion censée que j'ai eu avant de m'effondrer sur mon lit et de tomber dans les bras de Morphée. 

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Feb 16, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

La couleur des mots.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant