II - Les animaux de compagnie, tu les acceptes ?

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Il lève subitement la main en direction de sa tête. Mon corps émet un petit tremblement de peur qu'il me frappe. Mais il n'en fit rien et enlève son masque.

Avant de voir son identité, je ferme instinctivement les yeux. Mes pensées se bousculent dans ma tête, mêlées entre incompréhension et surprise.

"Mais qu'est-ce que tu fous, bordel ?"

Je le sens tout aussi perdu que moi. L'atmosphère environnante m'étouffe. Trop de choses me perturbent. Ma respiration se fait de plus en plus saccadée. Il commence à se déplacer vers moi mais ma tête bourdonne de bruits parasites. Je secoue légèrement la tête jusqu'à faire virevolter mes cheveux de droite à gauche.

"Ok... Ok... J'ai remis mon masque. Mais, ne reste pas là, ce n'est pas saint. Je t'emmène où tu ve-". Il n'a pas le temps de finir qu'un bruit assourdissant vient faire trembler toute la ville. Mes jambes s'écartent pour garder un semblant d'équilibre mais mes yeux restent fermés, comme pour me mentir à moi-même que tout allait bien si je restais dans ce noir intime. Je me répète en boucle que tout va bien, or, je sais pertinemment que non. Je n'ai même jamais été aussi sûre de moi. Mon monde s'écroule et je le sais.

"Je peux regarder, c'est bon ?" Ma faible voix se perd dans le silence. Je prends une grande inspiration avant d'ouvrir les yeux. Personne. La pièce est plongée dans un noir inquiétant. Après plusieurs secondes d'hésitation, je me décide à avancer vers l'interrupteur le plus proche de moi. Ma main caresse le mur mais je cesse tout mouvement avant de faire quoi que ce soit. Je n'ai pas envie de voir ce qui se trouve autour de moi. Un miaulement provenant de derrière moi attendrie mes pensées. Je me retourne pour distinguer l'ombre de mon chat.

J'ai trouvé un plan pour ce soir.

La nuit était loin d'être finie. J'allume enfin la lumière avec une détermination excessive. J'ignore volontairement mon père inconscient dans le salon et cours récupérer l'immense sachet de croquettes caché derrière le rideau de la buanderie. Je m'accroupie et ouvre mon sac de cours. Je soupire de soulagement et remercie mon moi du passé de l'avoir vidé dans mon casier ce matin. Je prends à une vitesse fulgurante de la nourriture qui trainait ci et là dans la cuisine que j'enfonce sans délicatesse au fond de mon sac. Je me relève en prenant soin de prendre les croquettes et la gamelle que j'avais placée à l'intérieur. J'arrête subitement de gesticuler, prenant une minute de silence pour calmer mon rythme cardiaque.

Inspire.

Expire.

Suite à ça, j'éteins la lumière, récupère mon chat dans son caisson ainsi que les croquettes et sors en trombe de la maison. Ma destination n'est pas royale mais ça suffira pour la nuit.

     Arrivée dans cette ruelle mal éclairée, je dépose mes pseudo-affaires en les rangeant le plus soigneusement possible. J'ouvre le caisson de mon chat tout en sachant qu'il n'allait pas sortir.

Installation faite, j'attends que ma petite boule de poils s'endorme. Je le regarde tendrement, lui racontant ce qu'il s'est passé aujourd'hui mais que tout allait bien se terminer.

"Tu verras mon grand, dans peu de temps, tu t'allongeras sur un grand lit douillet. On regardera la nuit étoilée à travers la fenêtre qui nous protégera du vent glacial de l'extérieur. A ces mots, je tremble de froid, comme pour illustrer involontairement mes dires. Tu mangeras une pâtée et moi des pâtes mollement faîtes avec du jambon. Et discrètement, je te donnerai le reste de mon jambon." Je rigole alors en m'imaginant la scène onirique que je viens de raconter. Lorsque mon rire s'atténue, je le vois endormi, au chaud, sur sa couverture. Je souris à cette vision délicate et me relève doucement, prenant soin de ne pas le réveiller.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 09, 2022 ⏰

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