↠ Prologue ↞

2.9K 136 1
                                    


Je suis devant cette maison depuis un moment maintenant et ce que je vois me brise un peu plus. Sage sourit d'une façon que je ne l'ai jamais vu faire . Elle a l'air si heureuse dans cette villa de Los Angeles et je ne comprends pas pourquoi je ne le suis pas pour elle.

Peut-être parce qu'elle est partie sans dire un mot, te laissant comme un con, se moque ma conscience que j'envoie balader.

Lux est parti tôt ce matin, et, à l'heure qu'il est, il doit sans doute être dans les bras, ou entre les cuisses, de Siren. J'ai garé la voiture un peu plus haut dans la rue et comme je ne compte pas bouger mon cul pour aller sonner à cette maudite porte, je fais quelques pas en arrière puis quitte l'allée. J'ai à peine fait un pas que la porte s'ouvre dans mon dos. Je ferme les yeux un moment avant de me retourner et lui faire face.

Sage s'approche doucement, comme si elle avait peur de ma réaction. Ce qui est stupide parce que la seule chose que je souhaite plus que tout, c'est de la prendre dans mes bras. Mais je ne le fais pas. Je me contente de l'observer.

— Salut, signe-t-elle.

— Salut.

La tension entre nous est électrique, d'une part parce que j'ai enfilé un masque froid et de l'autre parce qu'elle ne sait pas vraiment comment me parler. Néanmoins, elle fait un pas vers moi, puis un deuxième, avant de se jeter dans mes bras. Je la réceptionne en faisant un pas en arrière à cause du choc de son arrivée, avant de refermer mes bras autour de sa taille et de nicher mon nez dans son cou. Je respire son odeur de pêche que j'adore et qui m'avait manqué durant ces deux derniers mois sans la voir.

Toutefois, quand elle finit par s'écarter, je ne la laisse pas faire un pas de plus. J'ai besoin d'elle, de la toucher, de la sentir, parce que sinon j'ai juste l'impression que c'est un rêve et que je ne vais pas tarder à me réveiller. Et c'est ce que je redoute le plus, parce que je n'ai pas envie de la quitter. Elle lève ses mains et commence à signer.

— Qu'est-ce que tu fais ici, Andy ? demande-t-elle.

Cette fois-ci, c'est moi qui fait un pas en arrière en fronçant les sourcils.

— Ça me semble plutôt évident, non ?

Elle baisse les yeux, honteuse. Je fais un pas vers elle et passe mon index sous son menton pour relever son visage vers moi.

— Je suis là pour toi, reprends-je en articulant bien pour qu'elle puisse lire sur mes lèvres.

— Tu n'aurais pas dû venir.

Abasourdie par sa réponse et quand elle jette un coup d'œil par-dessus son épaule, mon regard suit le sien pour se poser sur un homme de notre âge qui patiente devant la porte. Mon sang bout dans mes veines et je contracte mes poings pour garder un semblant de calme. Lorsque son regard gris revient sur moi et je peux voir une tonne d'émotions traverser ses yeux. De la culpabilité, de la tristesse, de la honte, tout y passe.

Je fais un pas en arrière, sous le choc.

— Il ne t'a pas fallu longtemps, craché-je avec véhémence.

— Adriel...

— T'en fais pas, la coupé-je, furieux. Je ne compte pas me rendre encore plus ridicule.

— Andy...

Elle tente d'attraper mon bras, mais je ne la laisse pas faire et recule.

— Et dire que j'allais te supplier de rentrer avec moi, quel con !

Je shoote dans un caillou qui se trouve près de moi et tourne le dos à la fille qui détient mon cœur. Sage pose une main sur mon épaule et je ravale les larmes qui me montent aux yeux. Je refuse qu'elle voit à quel point elle vient de me briser. Néanmoins, je finis par me tourner vers elle et lui lance un regard mauvais. Sa chaleur quitte mon corps alors que ses mains se mettent en mouvement, brisant encore un peu plus mon cœur déjà bien cabossé.

— Je suis désolée, Andy.

— Pas autant que moi.

Je fais un pas en arrière puis un autre jusqu'à être le plus loin possible d'elle. La seule chose que je retiens de cette rencontre, c'est qu'elle ne me retient pas. Elle ne me supplie pas de rester près d'elle et ça me fout les boules. En arrivant à la voiture, j'évite à tout prix de regarder dans sa direction et démarre sans perdre de temps.

Je roule sans vraiment savoir où je vais. Je ne connais pas les environs et ce n'est pas le paysage qui m'intéresse. Je finis par déboucher sur une route déserte et tout de suite, mon pied appuie sur l'accélérateur. Plus le tachymètre augmente, plus je me sens libre. J'ai l'impression qu'à cette vitesse, plus rien ne peut m'atteindre et je me demande ce que ça doit être en moto. Je suis prospect pour les Banshee's Screams, mais je n'ai toujours pas conduit de véhicule à deux roues, pour le moment. D'un côté il me tarde de tester la vitesse, de pouvoir sentir le vent sur son visage.

Finalement, après quelques heures de route, je finis par m'arrêter sur une aire de passage et attrape le téléphone que mon frère m'a filé. Il m'a montré comment acheter un billet d'avion et c'est ce que je fais. Je prends le prochain vol en direction de Londres, puis éteint le portable avant de le jeter sur le siège passager. J'ai encore quelques heures à tuer avant de décoller et lorsque les néons de l'établissement face à moi se mettent à briller, je sais comment je vais occuper le temps qu'il me reste en Amérique. Je sors de la voiture et me dirige vers le bordel qui me fait de l'œil depuis cinq bonnes minutes.

En entrant, je reconnais l'odeur d'alcool, de tabac froid et de sexe, pour l'avoir senti plus d'une fois au club. Je m'approche du bar et commence un bourbon à la jolie barmaid qui se trouve derrière. À mon grand étonnement, elle ne retourne pas à ce qu'elle faisait et se place en face de moi.

— Tu es nouveau, toi, déclare-t-elle en appuyant son menton dans le creux de sa main.

— Ça se voit tant que ça ?

— Je connais chaque habitué du coin, donc ouais, la chair fraîche, on la reconnaît facilement. C'est quoi ton nom ?

Je m'apprête à donner mon nom de naissance lorsque je me souviens que maintenant Adriel n'existe plus, il a laissé place au prospect des Banshee's Screams, Smoke.

— Smoke.

— Tu ne veux pas me dire ton vrai nom, je comprends. Par contre, je ne comprends pas ce que tu fais ici. Tu m'as l'air assez gentil et pas du tout le genre à traîner dans un bar à pute.

— Je suis là pour baiser.

— J'aime la franchise, mon chou. Allez, je te fais la soirée gratos, mais c'est bien parce que tu m'as l'air complètement paumé. Choisis celle que tu veux et laisse-toi aller.

La barmaid m'offre un clin d'œil avant de me désigner quelques filles. Automatiquement mon regard se pose sur une fille aux cheveux châtain, d'à peu près mon âge. La barmaid suit mon regard et siffle la jeune fille. Cette dernière s'approche de nous, dans son déshabillé de couleur blanche et me sourit.

— Amor, voici Smoke. Fais lui profiter de tes charmes, ma belle.

La fameuse Amor acquiesce et me prend la main avant de me diriger vers l'une des chambres qui se trouve de l'autre côté d'un rideau de perle.

Ce soir, je deviens un homme. 

Banshee's Screams - 4 - Smoke [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant