Chapitre 4 - 逃出

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    La clarté de l'endroit l'éblouit. L'eau était devenue aussi pure et transparente qu'une source azur en pleine journée. La surface. La surface s'annonçait au-dessus de leurs têtes.

    Une fois émergés de l'eau, Wei Ying prit la longue inspiration d'un naufragé. Il avait l'impression d'avoir été comprimé dans un étau, noyé durant un temps infini et, néanmoins, dénué de toute lésion ou de la moindre goutte dans les poumons. Aucune douleur, non plus. L'effroi avait été le plus poignant.

    Il se jeta sur la rive de la grotte à quatre pattes tel un rescapé retrouvant la terre ferme. Le décor irréel qui se dévoila sous ses yeux lui coupa le souffle : l'immense cavité était parcourue de mousses bigarrées et volaient dans l'air de petits céphalopodes au bleu luminescent. Hébété, Wei Ying se releva en chancelant et jeta un œil lointain au fond de la caverne qui paraissait tracer son chemin onirique à travers les parois phosphorescentes et les stalactites aux formes fantasques sans jamais connaître de fin.

    Était-il déjà mort ? En train de rêver ?

    Il se retourna, une main au front, et prit conscience de l'onctuosité du sable mordoré qui massait la plante de ses pieds. Chaque grain chatoyait d'une nuance unique et raffinée, aussi précieux qu'une minuscule pépite d'or. Le fil étincelant de l'eau turquoise était sillonné par de fines et timides anémones aériennes aux aspects scyphozoaires ; leurs pas étaient aussi délicats que le toucher d'un ange.

    Lorsque Lan Zhan fit ses premières avancées sur le sable, Wei Ying s'étrangla. Sa nature surhumaine le heurta de plein fouet. D'innombrables, longs et puissants tentacules s'étiraient depuis ses hanches en un bouquet céruléen, grouillant de vie. Il recula, sous le choc, et faillit trébucher sur une algue frétillante à poids colorés.

— Vas-tu me rejeter pour mon apparence ? s'enquit Wangji, chagrin.

— Q-qui es-tu ? Ou plutôt... qu'es-tu ?

— De nombreux êtres se cachent des humains dans les profondeurs qui leur sont inaccessibles. Mon père était comme moi, ma mère était une sirène. Je suis né de leur union sur les plages chinoises de Shenzhen, il y a de cela deux siècles.

     L'information de trop pour Wei Ying. Il vacilla et tomba sur le postérieur. Lan Zhan se précipita vers lui sans se douter que sa corpulence n'arrangerait en rien sa terreur.

— Reste loin de moi ! s'écria le jeune homme en reculant avec ses pieds. Que vas-tu me faire ?!

— Te faire ? Pourquoi te ferais-je quelque chose ?

— Pourquoi m'as-tu emmené ici ?!

— Tu voulais aller chez moi, savoir qui j'étais. Tu as les réponses à tes questions.

     Wei Wuxian enfouit son visage entre ses mains. La créature qu'il avait vue avant de sombrer dans l'inconscience n'avait donc rien d'une illusion.

— Ici, loin de la violence des hommes, je peux t'accorder le temps que tu mérites, prendre soin de toi et t'offrir la paix.

— Ai-je l'air d'être en paix, en ce moment ? gronda Wei Ying, les nerfs à vifs. Je veux retourner là-haut, ramène-moi là-haut.

— N'étais-tu pas bien dans mes bras ? Ne te sentais-tu pas en sécurité auprès de moi ? Je suis toujours le même, mon apparence ne change rien. Et c'est grâce à elle que j'ai pu te porter secours et te délivrer de ce monstre.

    Confronté à l'évidence, Wei Ying grommela puis inspira profondément pour reprendre son calme. Il décida de prendre sur lui afin de contempler de plus près les longs appendices qui coulissaient tels des serpents de sable à une dizaine de centimètres de ses jambes. Ces choses ne possédaient pas ces terribles ventouses dont sont dotés les animaux marins habituels, mais de doux ventricules dont la succion ne paraissait en aucun cas urticante. Il se risqua à effleurer la texture soyeuse – semblable à la peau d'un dauphin – d'un tentacule, ausculta du bout des doigts les fins cercles en entonnoir qui les parcouraient. La pulpe de son index fut agrippée par un réflexe d'aspiration.

Créature (𝑤𝑎𝑛𝑔𝑥𝑖𝑎𝑛)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant