La fin (ou le début )du calvaire

76 7 2
                                    

Il était temps qu'elle finisse, cette journée-là!Ce matin encore, je suis partie pour l'école en me disant que la journée ne pouvais pas être pire que la précédente.Et pourtant, comme toujours, ç'a été le cas.Aujourd'hui, par exemple, des petit comique ont passé une bonne partie du cours de français à me lancer des trucs dans les cheveux.Si, au moins, je m'en étais aperçu avant la fin de la journée...Mais non!J'ai une épaisse crinière de frisette indisciplinées et je n'ai rien senti.J'entendais les élèves rigoler, mais je croyais naïvement qu'ils se moquait du remplaçant.Résultat: en enfilant ma tuque, j'ai retrouvé un crayon, des morceaux de gomme à effacer et une dizaine de boulette de papier, bien enfouis dans mes cheveux.Je ne comprends pas pourquoi on s'acharne sur moi.Je ne veux déranger personne.Je suis pourtant gentille (bon, sauf avec mes parents...la plupart du temps, mais ça, c'est l'adolescence, comme dit ma mère), polie et <<bien élevée>>.C'est sûr qu'on pourrait en discuter longtemps, surtout si on s'accroche au sens des mots.Le mots<<bien>>, quand on parle de mon éducation, est exagéré.Disons pour résumer que j'ai été portée pendant 9 mois, qu'on m'a expulsée et que j'ai dû apprendre à vivre avec 2 personnes qui avaient un beau jour décidé de mélanger leurs gènes pour crée une petite boule d'amour.Malgré tout, je pense avoir réussi à me façonner une belle personnalité.Tour de force, vous me direz.Chez moi, c'est un talent inné.Tout ça pour dire que je rentre de l'école écœurée et démoralisée. Je planifie une soirée télé à m'empiffrer de galette d'avoine et à soupirer devant un film de filles pour qui le seul problème c'est d'être trop populaires.Jimmy, Mark, Anthony ou Aaaaaaaaaaaron?Quel questionnement fondamental!J'avoue, c'est un peu quétaine, mais tellement bon pour le moral!Ce genre de film, jumelé aux galette d'avoine, c'est le bonheur. Je ne sais pas pourquoi je jette mon dévolu sur l'avoine plutôt que sur les frites, la crème glacée ou les chips au ketchup, mais c'est ça!J'ai découvert le pouvoir relaxant d'un simple biscuit, d'apparence tout ce qu'il y a de plus ordinaire.Sans pépite de chocolat, canneberges ou raisin.Non.J'aurais peur de perdre tout l'effet réconfortant.Entre une galette et une journée au spa, je choisis la galette.Bon, si on m'assurait que j'irais au spa avec me meilleur amie plutôt qu'avec ma mère, je pourrais reconsidérer la question...et tout simplement manger ma galette dans la bain thermal.Une chose est sûre, j'aurais la maison pour moi toute seule.Mes parents seront sûrement à une soirée ou à une réunion de dernière minute.Il y a ça de bon dans le fait d'avoir des parents ultra-occupés.On n'a pas l'impression d'être constamment épié.Pour ça, je peux affirmer haut et fort que Caroline et Normand, ceux qui m'ont fabriquée, sont à l'opposé des parents trop insistants de milliers d'adolescents. J'ai la sainte paix, pendant que d'autre sont en guerre!
Une mauvaise Bonne Nouvelle
Du bout de la rue, je peux entendre de la musique latino. Mes voisins sont à leur fenêtre et m'adressent un sourire poli qui cache un agacement évident. Je les salue de la main en pensant:<< La musique qui vient de chez moi est mauvaise, mais jamais autant que la vôtre. Le Nouvel-Âge, c'est dépassé!>> Ils ferment rapidement les rideaux et j'imagine très bien Mme Robidoux en train de se à son mari de la famille de fou que nous formons, mes parents et moi. Lui, bien entendue, l'écoute en hochant la tête plutôt que de lui répondre quelque chose qui risquerait de déclencher un torrent de commentaires, tous moins pertinents les uns que les autres.

J'entre dans la maison. Il fait une chaleur étouffante malgré la froidure de février. Un petit chemin de sable part du paillasson et semble continuer jusqu'au salon.

Ma mère :Ah, ma chérie. As-tu passer une bonne journée?
Moi :As-tu une autre question que celle-là? C'est quoi toute cette mise en scène?
Mon père :C'est seulement pour te mètre dans l'ambiance. Tu aimes?
Moi : Je ne suis pas certaine de vous suivre...
Sans attendre, mon père me tend un dépliant. Ma mère, elle, me met entre les mains une noix de coco contenant un cocktail que je présume sans alcool, et elle me passe un collier de fleurs autour du cou. Je pense que mes parents ont bu. Et assurément trop ! Peut être même qu'ils ont fumé des substances hallucinogènes. Les Robidoux ont raison: nous sommes une famille de fou. Vous devriez voir mes géniteurs. Oui, j'ai bien dit <<géniteur>>. J ne suis pas certaine qu'ils méritent toujours le titre de parents, si je me fie à ma longue expérience à leurs côtés. Mais voulez-vous bien me dire ce qui leurs prend, cette fois? Quoi que ce soit, je refuse d'y assister. J'essaie de me sauver, mais je trébuche sur une valise. C'est à ce moment que je comprend qu'ils partent en voyage dans un <<tout-compris-sauf-le-plaisir>>. Je ne dirai pas non à un petit répit. Une semaine tranquille à pester contre la vie me fera le plus grand bien!

Ça y est: mes parents, euphorique, se mettent à danser le merengue en plein milieux du salon. Convaincue qu'ils dansent bien, mes vieux se déhanchent et je les regarde en me disant que mon père n'était sûrement pas né quand le talent est passé. 3 sessions de cour particuliers n'ont rien changer à son <<pas de talent>>. Ma mère m'a même déjà confie qu'elle refusait, tout au début de leur relation, de se risquer sur une piste de danse avec lui.

Je suis dans une zone floue: que fait-elle, à ce moment précis, à marcher sur ses beaux principes qui ont fait tenir leur couple jusqu'à aujourd'hui? Je détourne le regard et fait mine de m'en aller danser avec eux, ça ira. Elle, d'accord. Pas moi. Tout, mais pas ça.

Ma mère :aller, viens t'amuser avec nous. Laisse-toi aller, ma chérie.
Tout en se dandinant mon père sort d'une poche de pantalon se qui semble être des billets d'avion. J'en compte 3. TROIS?!
Mon père :prête à partir?
Moi :prête à partir dans ma chambre, oui, dis-je du ton le plus sec possible.
Mon père :tu peut y rester jusqu'à demain matin, ma puce. Nous quitterons tôt pour l'aéroport. Playa Tortuga, nous voilà! La vita è bella.
Moi :Come on. Ça c'est l'Italien, papa.
Mon père :O.K., alors: Hakuna Matata.
Ma mère :ça c'est en Sahili, mon chérie. Mais c'est pas grave, on a compris. Il n'y en a pas, de problème: la vie est belle, reprend ma mère.
Et ils se remettent à danser de plus belle. Sans remarquer mon visage d'enterrement. Qu'est ce que j'ai fait au ciel pour être oublier d'aller en vacances au soleil? J'ai sans doute les 2 seul parents au monde qu'ils veulent partir avec leur enfants, plutôt que d'en profiter pour passer du temps en couple à roucouler sous les palmiers. Je n'ai rien demander, moi!
J'interviens alors, pleine d'espoir de faire tomber à l'eau leur projet de vacances en famille.
Moi :je ne peut pas partir. Je n'ai pas de maillot de bain. Et puis, j'ai un examen dans quelque jours. Et aussi, mais surtout... JE NE VEUT PAS PARTIR!!!!!!!

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 24, 2015 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Vacances de rêve?Je rêve!!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant