Bleus

Chapitre 2 :

J'entends des pas fermes dans le couloir.

J'ouvre les yeux. Le réveil, placé pile devant mes yeux, me permet de voir l'heure : 3:08.

La porte de la chambre s'ouvre. Sans délicatesse.

- Où étais-tu ? je chuchote, ma voix tout juste sortie de sommeil.

Mon conjoint me répond, d'un ton sec et froid :

- Ça ne te regarde pas.

- Je suis ta femme.

- Et une femme doit obéissance et respect à son mari. lance t-il d'une voix lugubre en s'allongeant sur le lit.

- Non, Pierre. On ne vit plus dans ton monde de macho. Arrête un peu. Je sais que tu me trompe. Tu n'as pas le droit.

- J'ai tous les droits que je veux sur toi.

Je devrais m'arrêter là. Je le sais. Mais excédée et fatiguée, je réponds tout de même.

- Non.

Il se redresse vivement :

- T'as dit quoi là ?!

Je devrais m'arrêter. Sanya, reprend toi. Arrête toi.

Ma bouche articule.

- J'ai dit non.

Il m'agrippe les cheveux violemment. Mon buste se décolle violemment et mon cou craque.

- Sale chienne. me lance t-il hargneusement. Tu es ma soumise, compris ?

J'aimerais lui répondre. Mais je dois arrêter.

Un me donne un coup de genou violent dans le ventre.

- Compris ?! réitère t-il méchamment.

- Ou..oui.

Il me lâche, et, comme si de rien n'étais, s'allonge, prêt à s'endormir.

Je ferme les yeux. Je souffre intérieurement.

Pourquoi je reste avec ce... Cet homme...?

Je ne sais pas.

Je l'aime encore ?

Je ne sais plus.

Mais ce que je sais, c'est que j'aime mes filles, et je ne veux pas les laisser seules avec lui.

Qui sait ce qu'il fera à mes filles si je le quitte...?

Je préfère ne pas le savoir.

Alors j'encaisse.

J'encaisse pour elles, car elles sont tout pour moi.

***

Je lace les chaussures de ma plus grande fille.

- Je veux pas y aller ! Le CP c'est tout pourri.

- Tu dis ça chaque matin, mais chaque soir tu reviens contente.

- Oui mais heu...

Je me tourne vers mon mari.

- Tu peux l'accompagner ? Je dois aller plus tôt à la boîte... Je dois présenter un truc au boss.

- Tu devais pas faire le ménage aujourd'hui ? C'est sale. grimace t-il.

- Je t'ai dit, je travaille sur un gros truc au boulot... Tu peux le faire s'il te plaît ?

Il me fixe.

- Tu me demande à moi de le faire ?

- Je...

- N'y pense même pas. Et non je ne l'accompagnerais pas chez quelqu'un j'ai un rendez-vous.

Je sais de quel genre de rendez-vous il s'agit, mais je ne dis rien. Ma fille est assez grande pour comprendre s'il se fâche, je ne veux pas qu'elle voit ça.

Alors, je pars avec elle. Et je ferais le ménage ce soir.

***

- Bonne journée ma chérie.

Une fois qu'elle est au milieu de la cour, je prends la direction du parking en courant.

Je fonce sur l'autoroute.

Je suis presque arrivée, déjà 10 minutes de retard.

Soudain je vois un éclair de lumière.

Et merde... Je me suis faite flashée.

Il est nouveau ce radar-là... Et j'étais trop concentrée sur ma route, je n'ai pas vu les panneaux... Putain...

Je ne peux pas faire marche arrière, alors je continue de foncer tout en faisant attention aux panneaux.

Je me gare à l'arrache dans le parking, et cours à une vitesse qui me paraît folle.

Je toque.

- Oui ?

Je rentre en trombe et découvre la réunion déjà commencée, même... Presque finie.

- 20 minutes de retard, Sanya, le troisième ce mois-ci. Installe toi, et tu viendras me voir à la fin.

Je m'installe essoufflée. Les cheveux ébouriffés, les vêtements en bataille...

Je dois ressembler à... Rien.

***

- Alors, Sanya, pourquoi ces retards fréquents ? Tu sais que je t'apprécie, mais si ça continue...

- Je suis désolée, je dois amener ma fille à l'école, l'autre à la garderie... Je n'ai pas le temps il faut que je m'organise.

- Et pourquoi tu ne les mets pas à l'école plus tôt le matin ? Ça a été mis en place pour les parents qui travaillent. Ça s'appelle le "Périscolaire". Je l'ai fait pour les miens.

- Leur père ne veut pas et ... C'est difficile de le contredire disons.

Je m'entends bien avec mon patron. Une relation d'amitié dans ce milieu professionnel. Ce n'est pas commun, mais nous sommes de vieux amis, c'est pour cela qu'il m'a engagée ici.

- Il ne peux pas les emmener d'ailleurs ? me demande mon boss, perplexe.

- Roger tu sais que c'est... Compliqué lui et moi en ce moment.

Il soupire.

- Sanya, ne me mens pas. Ça a toujours été compliqué avec lui. Tu le sais. Et je le sais. Donc ne mens pas.

Je me touche la tête, migraineuse.

- C'est vrai, excuse moi.

- Je m'inquiète juste pour toi. Il ne te fais rien au moins ? Moralement et... Physiquement ?

Je baisse la tête.

Il me prend soudainement par les épaules.

- Putain il te fait quoi ?!

- Rien rien. je mens. Je ne me sens juste pas très bien.

- Tu es sûre ? Tu me le dirais, hein !?

Je hoche la tête, fébrile.

- Bon... Pour revenir à tes retards, tâche d'y remédier, ok ?

- Je fais tout mon possible je te le promets.