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le manège- november ultra

un corps gît sur le parquet de l'habitat
il est quinze heures et le corps de jimin semble inerte sur le parquet de sa chambre
les murs sont vides
ses yeux ne se baladant que peu aussi
les papiers près de lui sont tous inégalement froissés
et quand on entend la porte grincer sans réaction aucune d'autre part
on arrive à conclure qu'il est en fait dans un état second,
c'est un autre lui qui s'empare de ses membres pour en remplacer tout son être
qui est-il
où est-il
il appartient au loisir de son esprit de décider pour lui et le faire sombrer un peu plus dans la fissure de son âme.
il est recroquevillé sur le parquet de la pièce qui semble à ce moment là si vide
et le silence de jimin y fait tellement de bruit qu'on a presque l'impression de s'imposer dans son chaos.
c'est un personnage particulier qui s'érige en ce lieu:
un personnage qui ne sait pas trop pourquoi il vit,
comme s'il n'avait pas de but.
les pourquoi s'accumulent et s'assimilent comme la charge mentale qui finit par emballer un crâne d'adulte tout à coup surmené sans prévenir
surmené comme jimin et ses visuelles aussi vides que la pièce,
son silence est aussi morne que frappant.

entre ce désastre de silence le téléphone de l'homme se meut encore dans le creux de sa main remplie de sanglots recueillis et il se dit qu'il répondra quand la foi aura repris possession de lui.
enfin,
il ne se dit pas vraiment grand chose,
il est comme amorphe et anesthésié de tout sentiment
il ne reste rien en lui et la lumière semble s'être éteinte comme le firmament en plein sommeil
car éteint en lui est ce feu de fougue qui semble vivre en chacun
et il recroqueville un peu plus ses os entre chaque faille béante qui partage son lui
c'est lui, c'est moi
c'est les autres
c'est tout ce qui fait ce monde mais c'est surtout lui qui s'éteint on ne sait comment
son visage terni par la faible croissance de la lueur passante ne semble se rappeler du proche passé
son expression sombre dans l'impression mensongère d'une vie terrible
son visage semble n'avoir vécu que le chagrin fort et sanglant d'une âme qu'on étrangle de sanglots
des sanglots si longs qu'ils dépassent la recrudescence du chagrin immiscé dans les paumes de la vie
il se rétracte encore, et encore
comme sous vide, son corps essaie de fendre l'espace,
on croirait presque à un tableau humain
avec tout ces papiers rageusement rapiécés autour de lui,
l'amertume de son âme semble avoir taché les lattes du sol qui viennent l'accueillir comme le plus confortable des nids.

jimin est là sans être là
comme une semblance oubliée au milieu d'une vie qu'on a arrêté d'aimer,
il est ici et ne sait plus quoi en penser
en ce moment précis il ne pense pas.
il n'a même plus la force d'effectuer le moindre effort tellement la douleur de tête est lancinante
et il se demande combien de minutes encore il faudrait afin qu'il s'assèche en fleur
il aimerait être tout autre chose que ce bout de rien sur un parquet en noyade;
une longue pousse dans un champ en été
ou printemps,
une grande fleur au milieu d'une plaine un jour de soleil,
une libération évidente dans le monde qu'on croit éternel,
il aimerait être un de ces chiens dont on s'occupe bien
de ceux qu'on chérit très fort pour qu'il ne finisse jamais de se rappeler qu'on l'aime aussi,
il aimerait être un insecte perdu dans un vaste jardin,
il aimerait être cette tasse qui trône si tranquillement sur son chevet.
tasse ayant ressenti tellement de fois la brûlure cinglante de ses matins grisonnants
et la sensation de deux mains qui agrippent comme elles le peuvent pour lui éviter une fin tragique
brisée en éclats sur le sol,
comme l'âme de jimin qui du plus fort fond de lui réfléchit et pense qu'il aurait aimé qu'on puisse prendre soin de lui de ce pareil soin qu'il put à ce jour apporter à cette tasse.

et comment un humain si bien fait pouvait établir de telles réflexions,
si abruptes d'un étrange qu'on ne saurait comparer à un autre ?
il ferait bon écrivain illuminé
mais pour le moment il ne s'y consacre que peu
chaque mot se pose comme une angoisse de plus
comme un jugement grave de son intérieur a lui-même
pour l'instant il reste au sol
et on ne sait pourquoi
il souffle en saccades
encore,
de la musique l'entoure comme une couverture autour d'un enfant qui sommeille
immergé dans un rêve emprunt d'un fantastique illusoire si singulier à eux
jimin aimerait de nouveau être enfant,
ainsi peut-être n'aurait-il jamais pris conscience.

le malheur qui ronge à présent chacun de ses organes fonctionnels
se met à raisonner
la douleur intérieure fait étrangement écho physiquement,
il espère que jamais personne ne puisse se sentir si faible que lui
positionné si agilement sur un sol en vagues
avec ses pics localisés en sa poitrine et la béance presque agréable s'étant créée près de ce qu'il qualifierait d'estomac,
il reste comme ça et ne bouge plus
si ce n'est pour saccager le peu de rythme que sa cadence respiratoire remet en place
son corps ne veut plus participer à son sabotage,
il s'immobilise,
se fossilise dans le chagrin et espère que demain plus aucun semblant de vécu ne sera présent en lui.

jimin se sent coupable d'être lui
il aurait aimé ne connaître personne
n'avoir créé un lien qu'avec lui-même
car ainsi sa disparition aurait pu se faire moins lente et douloureuse
il aurait pu partir sans un bruit
comme des pas coupables un soir d'été ou l'être cède aux fringales près d'un placard
mais il ne peut pas
car son vivant est un placard qui grince,
que son existence et ce qu'il en fait répercute sur ceux qui l'aime,
ceux qu'il aime aussi
et que si l'on ouvre un peu trop vite,
si l'on s'efface trop complètement
alors les gens le remarqueront
le sentiront comme il sent le lancinement de son corps qui grince;
il ne peut se résigner à être égoïste une fois de plus
et a peur de l'après,
s'effraie toujours un peu plus pour les autres qu'il ne s'en fait pour ses douleurs
jimin se sent coupable des liens tissés autour de lui
il aimerait ne pas avoir existé pour que son âme ne grince pas trop dans la tête des autres une fois partie
afin que son oubli ne se fasse pas forcé dans la douleur trop vive d'un cœur qu'on abat.

jimin est recroquevillé sur son sol
entre son malheur et les mots graves qu'il n'aura jamais la force de prononcer
il s'en fait encore et se demande qui a eu l'idée de concevoir l'existence si elle n'est pas en son sein agréable pour tous
qui diable aurait eu l'idée de mettre au point des humains aux mécanismes si complexes et défaillants
pourquoi en arrivait-il même à se comparer à un placard quand il ne savait même pas se reconnaître dans l'humain que reflétait sa glace
c'est complexe, un être vivant
alors il fronce les sourcils et essaie de focaliser son esprit tangible sur le pépiement d'un oiseau sur son balcon
c'est joli
ça le réveille partiellement de sa transe
il souffle un peu et décide de lever le téléphone noyé dans sa main
seize heures quarante cinq sonne sur l'aveuglante
il y avait cours le lendemain.
il faudrait paraître normal dans le bizarre qu'on lui trouvait,
s'asseoir seul encore et casser le silence d'une interrogation par une idiotie qu'on déteste répéter,
il faudrait encore ressentir cet affolement absurde face à la nécessité de manger sur un banc de ce bâtiment grouillant d'un monde coexistant,
combattre les larmes qui menacent de s'échapper lorsque l'insistance du professeur se fait déplaisante,
lorsque les regards se font trop longs et que les rires ont l'air d'être pour vous,
il faudrait encore.

les rires de sa tête s'élèvent et le pépiement se fait moins vif,
jimin se décide à dévisser son arrière corps si bien immiscé dans le bois
demain il faudrait paraître normal,
peut être même ce soir si l'on venait frapper sa porte
pour lui demander comment ça va tant la musique est répétitive
il faudrait alors répondre que, dans l'ensemble, ça va
alors qu'il venait de passer sa journée entre ses pensées et le creux d'une pièce
il faudrait paraître normal même s'il a l'impression d'être tout sauf ça,
il n'est qu'un être entre retranchements et idiotes comparaisons qui le construisent finalement.

il est tard selon ses critères
il commence à tout remettre en ordre,
tout
sauf son esprit qui déborde
car cette partie là, il s'en occupera plus tard s'il trouve du temps .

le manège Où les histoires vivent. Découvrez maintenant