"Bi"?

L'adolescence n'est jamais une période facile, tout le monde le sait. On a cette impression d'avoir le monde entier contre nous, cette envie irrépressible de se rebeller et de défier les adultes, ce réflexe stupide de contredire tout ce qu'on nous dit, cette obsession sur cette chose mystérieuse qu'est le « sexe », et puis, bien sûr... Homosexuel ? Hétérosexuel ? Bisexuel ? Là est la question. Lorsque les gens sortent de l'adolescence, il y a cette partie qui est fixée hétéro, l'autre homo, et puis les "trans" et les "bi" qui goûtent à tout. J'avais 15 ans quand j'ai commencé à réellement me poser cette question : je choisirai plutôt les courbes sensuelles d'une femme ou celles plus fermes d'un homme ?

Le cri strident de mon réveil est brusquement interrompu par ma main qui vient le frapper. Remontant ma couette sur mes épaules, je me retourne dans mon lit et referme mes yeux dans le but de me rendormir. Seulement ma mère n'est pas de cette avis :

-Jim ! Lèves-toi !

Je grogne et préfère faire la sourde oreille. Dormir dix minutes de plus ne tuera pas les orphelins en Syrie, si?

-Jiiim !!!

Cette fois, j'ai bien compris que je n'ai plus le choix. Avec un effort considérable de ma part, je m'assoit sur le bord de mon lit et pose ma tête dans la paume de mes mains. C'est lorsque ma mère m'appelle pour la troisième fois et me fait sursauter que je me rends compte que je me suis peut-être bien rendormi comme ça. Quel con. En soupirant je me lèves enfin, puis essayant tant bien que mal d'ignorer ma fatigue, je traverse ma chambre en traînant des pieds et évitant les objets dispersés çà et là. La lumière du couloir lorsque je sors de ma chambre m'aveugle et je dois cligner plusieurs fois des yeux pour finalement m'y habituer.

-Jiiim !!! Tu descend immédiatement ou je viens te chercher !

-C'est bon maman je suis debout !

Putain elle me soûle vraiment dès le matin... Je descend les escaliers en traînant des pieds. Je m'installe à la table de la cuisine et me serre mon bol de lait avec mes Lions comme d'hab, ma mère n'ayant pas oublié le bisou sur ma joue qu'elle dépose là tout les matins. Je râle pour la forme, mais je crois que si elle ne le faisait pas je serais mal toute la journée.

-Alors ? Tu as bien dormi ?

C'est bien ma mère ça : j'ai traîné au lit au moins vingts minutes et elle me demande si j'ai bien dormi... En général quand on a bien dormi, on se lève dès que son réveil sonne, non ?

-Non.

-Pourquoi ?

-J'en ai aucune idée maman. Je soupire.

-Bon, d'accord ! Qu'est-ce que tu peux être râleur dès le matin !

Je lève les yeux au ciel et ne prend pas sa remarque en compte. J'ai parfois l'impression que ma mère est un vieux disque rayé qui se répète tout le temps.

-Tu commence avec quel cours aujourd'hui ?

-Maths.

Rien que le mot me donne envie de vomir. Je hais les maths. Je suis nul à l'école, je ne ferais pas d'études incroyables, ça c'est sûr, donc à quoi, me direz-vous, pourrait bien me servir le théorème de Pythagore dans ma future vie merdique en HLM ? Oui, j'ai compris depuis longtemps que ma vie se résumerait à un métier pas top et pas vraiment bien payé, un appart' miteux, et je ne suis même pas sûr qu'une femme voudra bien de moi vu les sous que j'aurai en poche. Je ne crois pas que les filles ne s'intéressent qu'à ça, mais je ne vois pas pourquoi quelqu'un se mettrait volontairement dans la merde financièrement juste par « amour ».