Les amants.

Amants.

Amours réjouis, amants meurtris et le livre de leur vie ; désormais refermé.
Ce livre en haut de l'étagère. Admirer sa reliure du siècle passé. Respirer son odeur nacrée. Effacer d'un revers de la main, cette poussière accumulée au fil des années. Tant de larmes ont coulées, tant d'espoir imaginé.
Sablier écoulé.
L'oiseau majestueux de ce début d'été, ces roses délivrant une sainte odeur boisée. Décrire ces feux de cheminées, ces monts enneigés, ces étoffes froissées. Partir vers d'autres contrées. Fermer les yeux et savourer. Désespérer de cette société essoufflée, de ces rythmes saccadés. Tout a déjà été dit, plus rien à inventer. Ce voile nous protégeant de toute réalité, cachant ces cicatrices, ces blessures nous entaillant du coude au poignet. Ce voile qui nous, qui vous, qui les coupe du monde entier. Influencé,
même par nos propres pensées. Rester prostré, sans un murmure, sans un souffle. N'entendre que cette mélodie résonner dans nos oreilles. Écouter pour ne pas succomber.
Souvenirs refoulés.
Plus rien n'a de sens, grandir, vieillir puis mourir. Sans un bruit, sans personne.
Ils ne savent pas ce que nous avons enduré, nids d'illusions. Fuyant cette société et ces anonymes rencontrés. Que des étrangers face à un avenir souillé. À quoi rime notre passage ici, sur cette Terre, si on ne fait rien pour se dévoiler ?

- Deux ans tout pile que j'ai écrit ce texte. C'était un contexte particulier qui est d'abord venu de mon professeur de français avec pour seule consigne l'image en couverture (tableau de Magritte). Ce fut la première personne à lire un de mes textes. Et donc, cela reste un souvenir un peu singulier. N'hésitez pas à me donner des conseils et à me dire ce que vous en pensez. -