Chapitre 1 : Prise en charge

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4 heures du matin, Léo rentre tant bien que mal les clés dans la serrure de l'appartement, il titube dans le noir jusqu'à trouver le chemin de la chambre. En passant la porte, il se cogne contre la commode et fait tomber un cadre, réveillant Robin :

- Léo ! Merde ! Il est quelle heure ? Y'en a qui bossent demain, fais moins de bruit... T'es encore bourré ? T'as tes exams la semaine prochaine sérieux

Sans se faire davantage remarquer, Léo s'excusa et prit place dans son lit auprès de son petit copain Robin. Cela faisait bientôt un an que les deux jeunes hommes sortaient ensemble. Léo, 23 ans, entamait sa dernière année d'études dans une école de commerce parisienne. Robin, 25 ans, était lui diplômé de cette même école depuis l'été. Il menait désormais une vie de jeune actif, profitant de son généreux salaire pour leur louer à tous les deux un grand appartement au cœur de la capitale.

Le lendemain matin, Léo est réveillé par Robin qui lui tape gentiment sur l'épaule :

- Loulou réveille-toi, on a un léger problème.

Le garçon émergea lentement et remarqua aussitôt une sensation désagréable au niveau de son caleçon. C'était froid, c'était humide... non c'était même carrément mouillé. Catastrophé il se redressa et constata avec horreur qu'il s'était pissé dessus pendant la nuit.

- Bon je t'avoue que j'avais autre chose à faire que de changer les draps avant de partir travailler, mais ce n'est rien de grave. Je suis à peu près sûr que ce sont des choses qui arrivent avec l'alcool. Quand je te dis que tu sors trop ce n'est pas pour t'embêter, c'est pour que tu prennes soin de toi. Allez dépêche-toi de sortir du lit, tu vas être en retard pour aller en cours.

Léo s'exécuta, mort de honte. Cette situation faisait remonter en lui de très mauvais souvenirs. Une énurésie tardive, de longues années passées à se faire engueuler par ses parents parce qu'il était incapable de garder ses draps propres. Ce qu'il pouvait craindre de pire était que ça recommence dix ans plus tard. Il se ressaisit et prit une douche tonifiante avant de prendre la direction du métro.

Robin avait l'habitude de rentrer tard le soir, il ne quittait jamais le bureau avant 19 heures. Son travail le fatiguait énormément et il ne profitait pratiquement que le week-end de moments avec son copain. À son retour à l'appartement, il fut accueilli par Léo qui le débarrassa de son manteau et l'accompagna au salon où il avait préparé une jolie table pour dîner en amoureux. Le jeune couple passa la soirée à boire du vin et à parler de ses projets. Noël approchait et ils iraient probablement le fêter dans la famille de Robin, puisque celle de Léo était établie au Canada. Mais il restait à Robin des gros dossiers à boucler avant la fin de l'année...

- Et toi d'ailleurs, c'est quand tes partiels déjà ?

Léo réalisa alors qu'il n'avait plus qu'une semaine pour les réviser, et qu'il n'avait pas encore commencé. Pris de stress, il répondit sur la défensive :

- T'es ma mère maintenant ? Je t'en pose des questions sur tes clients ?

Vexé, Robin n'insista pas. L'heure filait et il était temps pour les garçons de se mettre au lit. Léo trouva difficilement le sommeil, éméché par la boisson et anxieux pour ses examens.

Léo se réveilla avant Robin - ce qui n'était pas habituel - gêné par quelque chose. Cette fois-ci il comprit tout de suite :

- Putain merde c'est pas possible. C'est pas possible. Pourquoi ? Pourquoi ça recommence maintenant ? gémit-il presque en se levant du lit d'un bond.

Robin, réveillé par l'accès de panique de son copain, tenta de le rassurer :

- Calme-toi Léo, c'est juste des draps ce n'est rien de grave. J'ai un peu de temps devant moi ce matin avant mon premier client, je vais m'en charger. Retire ton pyjama et va te rincer sous la douche.

Une heure plus tard, juste avant de partir au travail, Robin prit Léo dans ses bras et l'embrassa pour lui dire au revoir. Sur le pas de la porte, il demanda :

- Je dormais à moitié, mais au réveil, tu disais " ça recommence " ? Tu as déjà eu ce genre de problèmes ? Je comprends que ce soit un peu gênant d'en parler mais on vit ensemble...
- T'en fais pas, c'est juste que j'ai pissé au lit jusqu'à tard et que j'en ai de mauvais souvenirs. Je veux pas replonger dans les lessives, le froid et les... Fin bref, bonne journée mon cœur !

Entre deux pauses café de son interminable journée de travail, Robin ne pouvait pas s'empêcher de penser à son Léo et à ses problèmes nocturnes qui semblaient le tracasser. Une idée un peu absurde lui vint dans l'après-midi, et plus il y pensait, plus il se disait que ça ne coûtait rien de la soumettre à Léo en rentrant.

Le soir même, il demanda donc à table :

- Dis moi Léo, je veux pas te saouler avec ça mais, quand t'étais plus jeune tu gérais comment tes petits problèmes ? J'espère que ça ne va pas recommencer, mais je réfléchis juste à une solution pour t'enlever ce poids si ça devait encore se reproduire.
- J'ai... - il avait honte de l'avouer à son copain - j'ai porté des sous-vêtements absorbants jusqu'à un certain âge, peut-être 12 ou 13 ans.
- Des sous-vêtements absorbants ? Comme pour les vieux ?
- Non, plutôt comme des pull-ups d'apprentissage pour grand enfant. Vu que ça concerne pas mal de garçons jusqu'au collège, ils en font même taille 15 ans...
- Et ça ne te dit pas d'essayer d'en mettre les prochains soirs, juste le temps que ça passe ?
- Oh non Robin, j'en ai assez souffert plus jeune. J'ai pas envie de retomber là-dedans. Mon grand frère se moquait de moi tout le temps et a même baissé mon pantalon de pyjama devant ses amis...
- Quelle enflure, tu m'étonnes que tu ne sois pas très proche de lui. Mais tu sais, moi je ne me moquerai jamais de toi, surtout pour quelque chose que tu ne contrôles pas...
- Merci Robin, j'apprécie vraiment ton attention, et je t'aime, mais je suis sûr que c'était pas de bol et que ça ne se reproduira plus.
- Comme tu voudras, j'insiste pas.

Inévitablement, Léo se réveilla à nouveau dans un lit inondé, laissant Robin particulièrement perplexe. Ce dernier considéra plus sérieusement l'idée évoquée au dîner la veille. En passant au supermarché au retour du travail, il resta bloqué dans une allée entre le rayon surgelés et produits d'entretien. Un paquet attirait particulièrement son attention, présenté comme des sous-vêtements de nuit absorbants pour "teen" jusqu'à 57kg. Il n'était pas sûr que Léo rentrerait encore dedans mais il n'avait pas beaucoup pris en carrure et paraissait toujours très jeune pour son âge. Robin se résolut à lui acheter ce paquet de DryNites, fatigué des lessives et soucieux du confort de sommeil de son petit copain.

Lorsqu'il vit son copain poser le paquet sur la table du salon à son arrivée, Léo sut au fond de lui qu'il ne pouvait plus refuser. Robin ne voulant pas gêner davantage Léo ne fit aucun commentaire à ce sujet. Avant de se coucher, Léo prit un peu plus de temps que d'habitude dans la salle de bain. À son retour dans la chambre, son pyjama ne paraissait pas plus épais que d'habitude, mais dans le silence on devinait le léger froissement du plastique à chacun de ses pas. Robin prit Léo dans ses bras dès qu'il fut allongé dans le lit, l'embrassa et lui souhaita une bonne nuit.

Et elle le fut. Léo se sentait plus reposé que ces derniers jours, oubliant presque pourquoi. C'est Robin qui s'exprima le premier :

- Une nuit au sec ! Ça nous fait du bien à tous les deux !

Léo prit alors conscience de la présence de sa culotte absorbante, désormais plus lourde que la veille.

- Parle pour toi, moi je suis encore mouillé... C'est pas possible, c'est un cauchemar... À 13 ans passe encore, mais à 23 ?
- Calme-toi mon ange, dit calmement Robin en serrant Léo dans ses bras. Ça va aller, le principal c'est que tu aies bien dormi. Pour ce petit problème, je vais essayer de te trouver un rendez-vous chez le médecin d'ici ce week-end.

Léo se débarrassa de sa DryNite et passa une journée studieuse. Robin étant quant à lui satisfait d'avoir trouvé une solution temporaire pour son copain mais se doutait que ce n'était pas idéal.

La semaine passa à une vitesse folle, le problème de Léo ne s'arrangeait pas. La DryNite permit à Léo de rester au sec pendant deux nuits de plus, mais la troisième Robin sentit une petite flaque sur le drap. Fort heureusement, ils avaient rendez-vous ce matin-là chez le médecin.

Dans la salle d'attente, Léo remercia Robin de l'avoir accompagné, bien que cela ne soit pas vraiment nécessaire. Le docteur les accueillis dans son bureau et fit à Léo quelques examens de routine.

- Bon, à première vue vous avez l'air en très bonne santé jeune homme. Si cela peut nous rassurer, on va quand même faire une petite prise de sang. À part ça, comment est-ce que vous gérez le problème ? J'imagine que ce n'est pas évident, surtout dans une vie de couple.

Léo, terriblement gêné par la question du médecin, ne trouva pas le courage de lui répondre. C'est Robin qui s'en chargea :

- Des sous-vêtements de protection "DryNites", on en a trouvé à sa taille mais j'ai l'impression que ça ne suffit plus...
- Bien-sûr que ça ne suffit plus ! Ces slips d'apprentissage sont faits pour les adolescents énurétiques, ils ne sont pas adaptés à la vessie d'un adulte, même si vous rentrez dedans. Ce sont des changes complets qu'il vous faut. Ce n'est pas remboursé mais je vais vous faire une ordonnance.

Le retour à la maison se déroula dans un silence pesant. Léo était touché que Robin prenne autant à cœur ses problèmes nocturnes, mais la situation prenait des proportions trop contraignantes. Mettre des pull-ups pour dormir, il l'avait déjà fait plus jeune et ça ne le gênait pas tant que ça de devoir en remettre quelques soirs. Mettre de véritables changes complets, c'était une situation inédite bien plus gênante tant pour son estime personnelle que pour sa relation de couple. Léo fut sorti de ses songes par Robin :

- Allez, lève-toi ! On arrive à République !

Les garçons s'extirpèrent en vitesse du métro et quittèrent la station par une sortie donnant sur la célèbre place. Sur leur trajet, ils s'arrêtèrent dans un supermarché pour faire les courses du week-end. Inévitablement, ils en ressortirent avec un paquet de véritables couches pour adulte. Léo passa l'après-midi à réviser ses partiels de la semaine suivante. Il voyait la montagne de cours devant lui et l'échéance se rapprocher. Ça n'allait rien arranger à son stress, ni vraisemblablement à ses problèmes nocturnes.

Avant de se coucher, il émit une dernière réticence en voyant le paquet de changes complets, mais se rendit à l'évidence : ce n'était pas la semaine idéale pour avoir des fuites. Il s'installa sur un meuble dans la salle de bain et entreprit de fixer cette couche. Elle n'avait rien à voir avec les pull-ups qu'il lui suffisait d'enfiler ; il devait se débattre avec quatre adhésifs qui se déchireraient à la moindre hésitation. Robin voyant le temps passer et entendant beaucoup de bruit dans la salle de bain, toqua à la porte et proposa son aide :

- Ça va bonhomme ? Tu t'en sors ?
- Euh... Pas vraiment. J'arrive pas à ajuster ces satanés adhésifs.

Il se releva et ouvrit la porte, montrant timidement le résultat à Robin.

- En effet, je ne suis pas sûr que ce soit fait pour être mis comme ça... Si tu gardes ce change cette nuit, il y a encore plus de chance qu'on se réveille dans un lit trempé ! Laisse-moi t'en mettre une autre, j'ai fait du baby-sitting au lycée.

Vexé par ces derniers mots, Léo se résolut à se laisser changer par son petit copain. Ce beau garçon de 2 ans son aîné, pour lequel il avait fait tant d'efforts de séduction, s'apprêtait à lui mettre une couche comme pour un "baby-sitting".

Robin connaissait les gestes, il commença par déplier le lange sous les fesses de Léo. En quelques mouvements experts, il dirigea le sexe de son petit copain vers le bas et ajusta les adhésifs - d'abord ceux du bas puis ceux du haut - de sorte à obtenir une couche pas trop serrée mais parfaitement soutenue. Il attrapa Léo par les bras et l'aida à se redresser.

- Et voilà le travail ! T'es nickel comme ça. Allez, enfile ton pyjama et viens dormir.

La semaine qui suit fut particulièrement intense. Léo enchaînait épreuve sur épreuve sans relâche. Les couches le protégeaient bien la nuit, ses problèmes nocturnes n'en étaient plus. Robin avait pris l'habitude de le changer avant de se coucher chaque soir. À vrai dire, c'était devenu leur moment à eux, et malgré la gêne de Léo, ils y trouvaient chaque soir plus de complicité.

À l'approche de la dernière épreuve, Léo recevait des dizaines de messages l'invitant à une énorme soirée de promo pour fêter la fin des partiels le vendredi. Il envisagea d'y aller mais se ravisa en sortant de l'ultime examen, épuisé. Robin se réjouissait presque de l'attitude plus raisonnable de Léo, mais compatissait. Il lui proposa à la place une soirée film en amoureux, séquence romantique qu'ils n'avaient pas vécus ensemble depuis longtemps.

Les deux garçons s'installèrent alors après le dîner, confortablement allongés dans le canapé, l'un dans les bras de l'autre, avec un bol de popcorn devant le quatrième Harry Potter. Un Léo exténué commença très vite à somnoler, la tête posée sur la poitrine de son copain.

Au bout d'une heure de film, Robin sentait bien que Léo dormait à poings fermés. Il se redressa sans le réveiller et remarqua que le garçon s'était endormi avec son pouce dans sa bouche, comme un petit enfant. Profondément attendri, il attrapa la télécommande pour mettre le film en pause et porta délicatement Léo jusque dans la chambre. Sur le lit, il langea le jeune garçon en tâchant de le réveiller le moins possible.

En voyant son petit copain ainsi, endormi simplement vêtu d'une couche, il ne l'avait jamais trouvé aussi mignon. Le couple s'était plutôt bien adapté à la situation qui leur avait finalement permis de se rapprocher. Ils se faisaient suffisamment confiance pour prendre soin l'un de l'autre avec bienveillance. Le stress du travail et des examens étaient derrière eux : c'était le début des vacances de Noël ! 

Une histoire de lâcher prise et de désirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant