[PDV Élio]—J'comprendrai jamais comment t'arrives à avaler un truc aussi dégueulasse.
Tout en essuyant du pouce la commissure de mes lèvres, je portai un regard indifférent sur Caleb.
—T'y connais que dalle, rétorquai-je après avoir avalé ma bouchée. C'est pourtant la base, putain !
Sérieux, encore une réflexion sur ma pizza thon-banane et j'allais serrer.
Foutez-moi la paix bordel !
Il grimaça.
—Rien que pour ça tu mériterais de brûler en enfer, jefe.
Alors que je portai une troisième part à ma bouche, cette fois-ci, il mima une nausée. Je stoppai mon geste tout en arquant un sourcil réprobateur.
Ah non en fait, il allait vraiment gerber.
Cabrón...
Je levai les yeux au ciel puis m'apprêtai à croquer comme un mort de faim dans ma bouffe, quand des gémissements derrière moi m'arrêtèrent à leur tour.
Bordel mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec ma foutue pizza ?!
Agacé au plus haut point, je me retournai vers ma victime qui gisait encore au sol.
—Tain... t'es pas mort, toi ?
Quelques sons incompréhensibles sortirent de sa gorge ensanglantée. Je crois qu'il essayait de communiquer.
Je pris enfin un morceau entre les dents et m'accroupis, tête penchée sur le côté. Tout en mâchant ma précieuse, je l'observai plusieurs secondes.
Ses paupières étaient si gonflées qu'elles recouvraient ses yeux. Sa jambe droite avait pris un angle à presque quatre-vingt dix degrés et son thorax, lui, nous offrait une vue plongeante sur ses chairs mises à nue.
Malgré tout, il respirait encore.
Costaud, toi...
—Tu te souviens d'où est passée ma marchandise, fils de pute ? le questionnai-je.
Sa bouche s'entrouvrit avec difficulté mais seul le sifflement de sa respiration en sortit. Concentré, je plissai le regard, tentant de déceler la moindre syllabe.
Mais non.
—Caleb, je dis en lui faisant signe d'approcher d'un mouvement de la main. Tu comprends c'que le monsieur veut nous dire ?
Cigarette au bec, il se pencha au-dessus de lui et tendis l'oreille à hauteur de son visage. L'instant d'après, il se redressa et haussa les épaules.
—Nada.
Je me relevai puis engloutis le reste de ma part tout en m'emparant du couteau qui trainait sur la table, dans la boîte à pizza.
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STOCKHOLM Syndrome
RomanceÉlio Vargas n'a pas d'âme. Sa vie est rythmée entre règlements de comptes et puissance de territoires. En Colombie, au cœur du pays où la pauvreté côtoie les plus dangereux cartels, une seule règle compte et prédomine. Celle du plus fort. Néanmoins...