Nous passons nos journées à demander aux autres qu'ils nous excusent, à grand renfort de "pardon", "d'excusez-moi", lancés mécaniquement pour un retard à un rendez-vous ou après avoir bousculé quelqu'un. De la bienséance en somme. Mais quand il s'agit de prononcer la formule après avoir commis une faute, le chemin se révèle escarpé, voire carrément impraticable pour certain(e)s. Sauf que le problème est de taille car les excuses sont bénéfiques. Je vois cela comme un "lubrifiant social". Avant de blâmer les frileux du mea culpa, tentons de les comprendre. Car pour s'excuser, encore faut-il pouvoir ou savoir le faire.
En passant en revue tout mon entourage, une première catégorie se dégage. Celle qui a justement du mal à trouver des excuses, celle ayant consciemment une haute estime d'elle-même. "Ils veulent conserver leur dignité et ne s'abaissent pas à dire qu'ils ont tort" . Pour eux « c'est l'autre qui a commencé » , alors il n'est pas question qu'ils demandent pardon ou présentent des excuses". N'oublions pas non plus que s'excuser exige que le fautif reconnaisse être en tort, et voilà que l'affaire se corse. Consciemment ou inconsciemment, ils ont une trop belle image d'eux à sauver. L'aveu de faiblesse est impossible, s'excuser reviendrait à dire « je montre des manques » . Sous des airs présomptueux pourrait alors se cacher un être fragile, dont l'estime de soi mériterait d'être revue à la hausse. Si reconnaître un tort est équivaut à assumer d'avoir flanché, cela demande aussi et sans surprise de faire preuve d'empathie. "Quand on s'excuse, on identifie son interlocuteur dans sa différence. Le reconnaître dans son altérité, c'est reconnaître qu'on lui a fait du tort". Pour cette catégorie de personnes alors s'excuser reviendrait à dire « je montre des manques »
Une autre catégorie assure : « je ne m'abaisserai pas à faire des excuses » . La formule ne ment pas. La tâche peut effectivement être compliquée à mettre en œuvre parce qu'elle demande de revoir sa position vis à vis de l'autre. Il se trouve que contrairement à ce que l'on pourrait penser, les rapports entre individus sont rarement égalitaires. "On adopte toujours une position face à l'autre : haute ou basse". Le rapport au savoir met le professeur dans une position haute, et l'étudiant dans une position basse par exemple. "Quand on fait des excuses à quelqu'un, on se positionne en fautif, on se met en position basse, on reconnaît quelque part que l'autre est supérieur à nous. Et cela peut être difficile lorsque l'on se considère objectivement ou non en position haute". N'est-il pas compliqué voir inconcevable pour certains parents de s'excuser... auprès de leur enfant ? Cette catégorie alors pense "qu'en s'excusant on reconnaît quelque part que l'autre est supérieur à nous"
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Je n'ai pas tort
RandomLubrifiant social. S'excuser ou pardonner le sont pour une vie sans soucis