Drapé dans sa cape aux couleurs du ciel nocturne, Venti toujours inconscient dans les bras, Zhongli traversa silencieusement le port de Liyue. À cette heure tardive, tous les habitants avaient déserté le pont en bois qu'il franchit dans la nuit, se fondant aisément parmi les ombres. Seules les multitudes de lanternes colorées qui flottaient joliment dans les airs et les doux rayons lunaires éclairèrent son chemin jusqu'à la demeure qu'il possédait dans la ville. Un peu à l'écart des autres habitations, cachée derrière un immense magnolia aux fleurs blanches, sa petite maison traditionnelle se découpait dans l'obscurité. Il y entra sans un bruit et se dirigea vers la chambre. Baignée d'une douce lumière chaleureuse, elle était luxueusement meublée et éclairée à la bougie parfumée. Une douce odeur de fleur de soie et de muguet bleu embaumait la pièce, se mêlant à celle de l'encens, et les fenêtres ouvertes laissaient entrer et se répandre dans l'air un agréable alizé estival. Les draps encore frais et bien lavés du lit semblaient appeler à se fondre dedans, et le matelas était tout ce qu'il y avait de plus moelleux et confortable.
Avec une délicatesse infinie, comme si Venti était aussi léger qu'une plume fragile qu'il craindrait de briser, une brise parmi les brises, il l'allongea sur le satin rouge brodé d'or et l'observa longuement, son regard dérivant sur son corps svelte qu'il détailla du regard. Ses ailes duveteuses repliées contre lui, il avait un air adorablement inoffensif, mais sa métamorphose et le carnage qui avait suivi l'avaient rendu méconnaissable. Sa chemise et son veston avaient été bien amochés pendant l'affrontement farouche qui l'avait opposé aux chevaliers de l'Ordre de Favonius, et étaient déchirés de toutes parts. Tachés de boue et de sang, de même que son short et ses bas blancs, ils n'étaient plus que des lambeaux. Des échancrures conséquentes étaient visibles là d'où étaient brusquement sorties ses ailes et sa queue, et ses chaussures avaient été perdues et égarées dans l'agitation.
Emmêlés, ses cheveux couleur de jais étaient en bataille, sa tresse gauche défaite, et ses joues humides portaient encore la trace de ses larmes. Barbouillé de terre et de poussière, il était recouvert sur tout le corps de larges ecchymoses virant du bleu au noir et, même dans son sommeil, ses blessures semblaient le faire souffrir. Pour l'instant, il dormait plus ou moins paisiblement, mais ce calme était éphémère, et il faudrait bientôt se confronter de nouveau à un déferlement de violence semblable au précédent. S'il ne trouvait pas rapidement de solution, Zhongli encourait la possibilité de condamner son plus cher à une mort certaine.
Dans l'éventualité où il adviendrait que le peuple apprenne ce qu'il s'était passé, la panique prendrait possession des rues et des habitants de Mondstadt, et la peur de la mort pourrait finir par les pousser à souhaiter l'exécution de leur dieu. Jean allait déjà devoir se justifier auprès des familles des nombreux soldats tombés au front alors, si un tel événement venait à se reproduire, le contrôle de la situation risquait de lui échapper, et l'anarchie dévasterait la paix centenaire de la cité pour laquelle Barbatos avait lui-même œuvré.
L'Ordre de l'Abîme avait frappé fort, cette fois-ci, il lui fallait bien le reconnaître. C'était un coup de maître qui, s'il n'y trouvait pas rapidement de parade, serait peut-être même fatal à l'équilibre précaire de Teyvat. Morax pressentait l'orage du chaos se répandre jusqu'aux confins du monde. Mais pour le moment, bien que cette situation sans précédent soit des plus alarmantes, il devait se consacrer entièrement à Venti. Le meilleur moyen d'éviter qu'une de ses crises ne soit rendue publique était pour le moment de le garder attentivement à l'œil et l'éloigner de Mondstadt pour un temps, jusqu'à ce qu'il se rétablisse et apprenne à se contrôler.
Perdu dans ses réflexions, le plus âgé entreprit de dévêtir entièrement son cadet, révélant doucement son corps fin dénudé, libéré de tout tissu. Il examina avec attention ses plaies et bleus sur lesquels il appliqua méticuleusement un onguent fait à base de plantes médicinales, leurs peaux entrant en contact, en délicieuse et délicate collision. Celle du plus jeune était brûlante de fièvre, et la sienne glaciale. La sensation de froid et l'opposition de ces deux extrêmes fit frissonner Venti qui geignit plaintivement dans son sommeil en s'agitant douloureusement. Certaines parties de son corps étaient encore écailleuses ; son front, son nez, ses pommettes, ses épaules, ses avant-bras, le creux de ses reins, son bas-ventre et ses cuisses en étaient toujours recouverts.
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Le Chant de la Corruption [Venti X Zhongli]
Fanfiction"Le corps paré d'écailles bleu ciel et violettes, Venti était maintenu sur le sol par de solides chaînes que tenaient à bouts de bras une vingtaine de soldats et s'agitait avec fureur pour s'en défaire en grognant et rugissant comme une bête enragée...