Le monde des pirates - T1 [MxM]

Chapitre 1

Thomas se réveilla en sursaut. Il ne s'était pas rendu compte qu'il était autant fatigué. Il avait l'étrange sensation que le bateau était en mouvement. Il entendait des bruits de pas étouffés par le bois massif du plancher du pont principal. Son cœur commençait à s'accélérer. Si ce bateau était vraiment en mouvement, ce qu'il ne souhaitait pour rien au monde, alors il était vraiment dans la galère. Il se leva hâtivement en cherchant un moyen de sortir sans être vu. Avec un peu de chance le bateau n'était pas bien loin du port, il pourrait y retourner en nageant. Malheureusement, la seule sortie était par les escaliers menant à l'entrée de la cale. Celle-ci se trouvait au beau milieu du bateau. Sa réflexion fut trop longue. Un homme descendait l'escalier d'un pas lourd. Il n'eut pas le temps de se cacher et tomba nez à nez avec lui. Tous deux ne sachant pas comment réagir, ils restèrent un moment à se toiser du regard jusqu'à ce qu'un autre homme ne descendit les escaliers. Le premier homme sauta sur Thomas. Il esquiva de justesse et monta les marches, poussant, au passage, l'homme qui descendait, le faisant dégringoler comiquement jusqu'en bas. Il fut ébloui par le soleil. Une fois ses yeux adaptés à la lumière, il ne put que constater que le bateau était déjà bien loin du quai.

— Attrappez-le, cria l'un des deux hommes qui remontait les escaliers.

Tous les matelots présents sur le pont se tournèrent vers la source du cri. Thomas n'attendit pas que l'information monte à leur cerveau et courut tout droit vers ce qui semblait être une cabine où il pourrait s'enfermer le temps qu'il réfléchisse à son évasion - ou son excuse pour s'être introduit sur le bateau.

Une fois à l'intérieur, il vérouilla la porte et s'adossa à celle-ci. Tout en reprenant son souffle, il s'avança dans la pièce. Il prit une minute pour l'admirer. Elle n'était pas bien grande, il y avait un bureau en bois massif planté au milieu sur lequel était posé une carte, des bougies, des objets de bureau et quelques pièces d'or. La pièce était éclairée par la lumière du jour grâce à une petite fenêtre entourée d'épais rideaux verts au fond. Sur le côté gauche, il y avait une vitrine dans laquelle on pouvait apercevoir divers objets marins dont il n'en connaissait nullement l'utilité. A droite, un petit lit était à moitié encastré dans le mur. Reposant son regard sur le bureau et notamment sur les quelques pièces d'or, il s'approcha. Son sang de voleur compulsif bouillait, l'appel du butin était malheureusement plus fort que lui. Lorsqu'il eut ces pièces dans la main, la porte s'ouvrit et se referma très rapidement. Thomas fit volte face, sa main se serra autour des pièces sur le bureau.

Un homme d'une certaine carrure faisait face au jeune homme. Il était grand et vêtu d'un long manteau marron foncé, d'une chemise blanche ample niché dans un pantalon noir finissant sur une paire de bottes en cuir marron. Le jeune homme arrêta de respirer quand il croisa son regard menaçant. Ses yeux de chat étaient entourés de quelques mèches de cheveux d'un noir absolu. L'homme s'approchait de Thomas, d'un pas léger et inaudible. Le jeune homme rentra la tête dans les épaules tel un enfant, ne sachant plus où se mettre. En quelques pas l'homme fut à sa hauteur. Thomas déglutit, il savait qu'il allait passer par-dessus bord pour aller nourrir les requins et autres poissons. L'homme glissa une main sur son avant-bras ce qui fit frissonner Thomas. Il s'arrêta sur son poignet et, d'un coup sec, il lui serra si fort que Thomas poussa un petit gémissement plaintif. L'homme lui leva le bras et les pièces tombèrent sur le parquet, leurs cliquetis résonnèrent dans toute la pièce.

— Eh bien... D'où tu sors toi ? demanda l'homme d'une voix grave et menaçante.

Thomas avala sa salive avec difficulté. L'homme le tira et sortit de la cabine.

— Toi, dit-il vers un homme trapu et costaud qui arrêta ce qu'il était en train de faire pour regarder dans sa direction. Emmène-moi ça en bas et enferme-le.